Dix ans après le séisme en Haïti, l’aide suisse reçoit une bonne note
Le 12 janvier 2010, Haïti était frappé par un violent tremblement de terre. Les organisations d’entraide suisses ont beaucoup œuvré pour l’approvisionnement en eau et la reconstruction des maisons détruites. Selon une évaluation de la Chaîne du Bonheur, cet engagement a produit des effets positifs qui se manifestent aujourd’hui encore.
L’ONU suspend sa mission de paix
Mi-octobre 2019, le Conseil de sécurité de l’ONU a suspendu sa mission de paix en Haïti. Les Nations Unies avaient envoyé des troupes de maintien de la paix sur l’île des Caraïbes en 2004 après le renversement du président de l’époque, Jean-Bertrand Aristide.
En 2017, les Casques bleus ont été remplacés par une mission de police de l’ONU. Cette mission doit désormais être remplacée par une mission politique encore plus réduite.
Au cours des derniers mois, Haïti a été la proie de manifestations répétées, visant principalement le chef de l’État Jovenel Moïse, en fonction depuis février 2017. L’opposition conteste sa victoire électorale et réclame sa démission. Son gouvernement est également empêtré dans de nombreux scandales de corruption.
«Quand je suis arrivé à Port-au-Prince et que j’ai constaté l’étendue des dégâts, les maisons et les bâtiments détruits, je suis resté sans voix», se souvient Eric Chevallier, responsable de programme pour l’Amérique centrale et Haïti chez Helvetas. Le tremblement dévastateur a détruit 80% de la capitale haïtienne et, selon les estimations, a fait entre 200’000 et 500’000 morts.
À la suite de la catastrophe, la Chaîne du Bonheur a lancé un appel national aux dons. Près de 66 millions de francs ont été récoltés. Jusqu’en 2018, près de 63 millions de francs ont été dépensés pour 91 projets réalisés par 21 organisations d’entraide partenaires, dont Helvetas.
Dans la région de Petit-Goâve, Helvetas s’est occupé de la restauration du bassin versant de plusieurs sources, «afin de garantir l’accès à une eau potable de qualité», explique Eric Chevallier. Les habitants affectés par le séisme ont également été impliqués dans ces travaux. Ils ont notamment construit des murs et planté des arbres pour assurer l’approvisionnement, tant quantitatif que qualitatif, en eau.
Dimanche prochain, le pays le plus pauvre de l’hémisphère nord célèbrera le 10e anniversaire de ce triste événement. À cette occasion, la Chaîne du Bonheur a présenté lundi à Genève une étude externe mesurant l’impact à long terme de l’aide fournie sur la vie des gens.
Près de 90% des 525 ménages interrogés dans le cadre de cette analyse ont déclaré avoir pu couvrir leurs besoins de base et rétablir leurs moyens de subsistance grâce aux projets soutenus par la Chaîne du Bonheur. 95% des personnes interrogées vivent toujours dans le logement qui leur a été attribué à l’époque.
En ce qui concerne l’approvisionnement en eau, 75% des ménages interrogés ont déclaré qu’ils utilisent encore des sources d’eau rénovées ou construites par Helvetas ou d’autres organisations caritatives.
Certains points d’eau ne sont toutefois plus fonctionnels: des modules solaires volés, des sources asséchées ou des citernes emportées par l’ouragan «Matthew» en 2016 en sont les raisons.
«L’impact de l’aide fournie est directement lié à notre connaissance des personnes et des institutions sur le terrain» Eric Chevallier, Helvetas
À la fin de son engagement en Haïti, Helvetas a mis sur pied des comités locaux pour assurer le fonctionnement à long terme des sources d’eau. En raison d’intérêts divergents entre les autorités et la population, la continuité des travaux de ces comités n’est toutefois pas garantie, souligne Eric Chevallier.
Les œuvres d’entraide helvétiques, déjà actives dans le pays avant le tremblement de terre, ont pu s’appuyer sur leurs réseaux existants – contrairement à certaines autres organisations d’entraide internationales -, ce qui a eu un impact positif sur la durabilité de l’aide.
«L’impact de l’aide fournie est directement lié à notre connaissance des personnes et des institutions sur le terrain», estime Eric Chevallier. En Haïti, il existe un profond sentiment de solidarité entre les familles, poursuit le spécialiste d’Helvetas. «Il était donc particulièrement important de ne pas détruire cette entraide locale par notre aide extérieure».
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Traduit de l’allemand par Samuel Jaberg
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