Christoph Blocher prend congé en tirant un bilan positif
Freiner les dépenses, serrer la vis dans l'asile, se détourner de l'adhésion à l'UE: Christoph Blocher a tiré vendredi un bilan positif de son passage au gouvernement.
Après avoir pris congé de la presse, le ministre de la Justice a remis les clefs de son bureau à Evelin Widmer-Schlumpf qui lui succédera le 1er janvier.
«C’est étonnant que l’on ait fait tout ça en quatre ans», a souligné le ministre évincé par le Parlement le 12 décembre dernier. Son passage au gouvernement relevait d’un mandat basé sur le programme du gouvernement mais aussi sur les promesses électorales qu’avait faites le leader de l’Union démocratique du centre (UDC / droite nationaliste).
Parmi elles, la réduction des coûts et de l’activité de l’Etat. Ce n’est pas sans plaisir que Christoph Blocher a affiché les 15% de baisse des dépenses dans son ministère depuis 2003 alors que la Confédération affiche une hausse de 17%.
Les méthodes à appliquer sont les mêmes que dans l’économie privée, a répété une nouvelle fois l’ancien entrepreneur. Si les autres ministères avaient suivi l’exemple, les dépenses fédérales seraient de 32% plus basses qu’actuellement, a-t-il estimé. Reste qu’en attendant, «l’hyperactivité législative du gouvernement a été contenue et qu’un changement de mentalité s’est opéré dans l’administration».
Autre succès de la «méthode Blocher»: ne plus recourir à de larges comités d’experts qui mettent des années à étudier un dossier mais à de petits groupes auxquels un objectif clair est donné. Le style de direction qu’a imposé le Zurichois dans son département, en opérant par mandats, laissera des traces, estime le ministre sur le départ.
Asile et Europe
Outre la «pression constante» sur les finances, Christoph Blocher a exprimé sa fierté d’avoir pu «imprimer d’importants changements d’orientation» dans des domaines comme l’asile et les étrangers. Un durcissement placé, selon lui, sous le double signe de la préservation de la tradition humanitaire et de la lutte contre les abus.
Autre sujet de satisfaction pour le ministre de l’UDC: l’adhésion à l’Union européenne n’est plus aujourd’hui un objectif stratégique. Le fait qu’elle soit encore une option est le résultat du système de concordance, a-t-il commenté, estimant à titre personnel que le but devrait être la «non-adhésion».
D’une manière générale, «l’indépendance et l’autodétermination sont largement reconnues comme les fondements de la réussite nationale», peut-on lire dans le bilan de Christoph Blocher. Il s’y félicite aussi que, depuis 2004, il est possible de «discuter ouvertement des problèmes réels». A savoir, dans son esprit, les «abus en matière d’asile, d’aide sociale et d’assurance invalidité» ainsi que «la criminalité des jeunes et des étrangers».
Avenir politique
Venu devant les médias flanqué des cadres de son ministère, le Zurichois s’est montré moins disert sur son avenir politique. Dès mardi, il entrera dans l’opposition. Mais pas question d’en savoir plus sur le rôle qu’il jouera au sein de l’UDC. La décision de celui qui est pressenti comme futur président tombera en janvier.
Interrogé sur le sort que réservera son parti à l’extension de l’accord de libre-circulation à la Roumanie et la Bulgarie, Christoph Blocher n’a pas caché qu’une partie de l’UDC y est totalement opposée. Quant à lui, il est «réservé». La question est moins l’extension de l’accord que les conditions dans lesquelles elle se fera.
Quant à son héritage de ministre, «il faudra veiller à que tout ce qui a été décidé soit appliqué si l’on veut une amélioration». S’il n’avait pas été éjecté du gouvernement, le Zurichois se serait fait fort de contrôler que les lois sont appliquées. «Car ça ne sert à rien d’en créer de nouvelles si elles ne sont pas mises en œuvre».
swissinfo et les agences
Né le 11 octobre 1940 à Schaffhouse, Christoph Blocher grandit à Laufen, près des chutes du Rhin. Après un apprentissage dans l’agriculture, il étudie à Zurich, Paris et Montpellier. Il obtient une licence en droit en 1969 et un doctorat en 1971.
En 1969, il entre au service juridique de l’entreprise Ems Chemie dont il devient le président et l’administrateur délégué en 1984 après avoir pris la majorité dans l’actionnariat.
Actif en politique dès l’université, il est député à la Chambre basse du Parlement de 1979 à 2003 dans les rangs de l’Union démocratique du centre (UDC / droite dure) dont il devient le leader charismatique.
Le 10 décembre 2003, il est élu au gouvernement et prend la direction du ministère de Justice et Police. Le 12 décembre 2007, le Parlement ne le reconfirme pas dans son poste ministériel.
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