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Le coronavirus touche de plein fouet la Genève internationale

Information regarding the new coronavirus is displayed throughout the European headquarters of the United Nations in Geneva
Les informations concernant le nouveau coronavirus sont affichées un peu partout au siège européen des Nations unies à Genève. Keystone / Salvatore Di Nolfi

Genève est au cœur des perturbations causées par le nouveau coronavirus. Après le Salon de l'auto, la liste des événements culturels, des conférences et des réunions annulés ou reportés dans la ville la plus internationale de Suisse ne cesse de s'allonger.

Si le nombre de personnes infectées par Covid-19 semble encore relativement bas ce mercredi (une cinquantaine de cas), l’impact sur les activités dans la ville internationale est déjà considérable.

Le salon de l’automobile (600’000 visiteurs), le salon des inventions (50’000) et le Festival du film et forum international sur les droits humains (40’000) ont été parmi les premiers événements concernés par l’ordonnanceLien externe fédérale du 28 février dernier interdisant les rassemblements de plus de 1000 personnes.

Cette liste s’est allongée avec l’annulation de 200 événements parallèles à la principale session annuelle du Conseil des droits de l’homme des Nations unies et de la Semaine du cerveau de Genève. D’autres réunions ont été reportées, comme le Forum de la santé de Genève, le Forum du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) et la réunion du Conseil d’administration de l’OIT. Soit des milliers de participants venus du monde entier qui ne rempliront pas les hôtels de la place.

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Mardi, le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Roberto Azevêdo, a annoncé que toutes les réunions de l’OMC seraient suspendues du 11 au 20 mars. Cette décision fait suite à la confirmation qu’un membre du personnel du secrétariat de l’OMC a contracté le coronavirus.

Palais des Nations

Dans les couloirs du Palais des NationsLien externe, siège européen de l’ONU, le travail se poursuit, mais il n’y a pas l’agitation typique de cette période de l’année et l’anxiété entourant le virus est palpable.

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Les réunions de la Conférence du désarmement (CD) et les débats réguliers de la 43e session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies (24 février-20 mars) se sont poursuivis, mais le 12 mars, le Conseil des droits de l’homme a décidé de suspendre la 43e session le vendredi 13 mars «jusqu’à nouvel ordre», et la CD a annoncé le même jour que ses deux prochaines sessions plénières de mars seraient reportées. Ces décisions sont intervenues un jour après que les autorités genevoises Lien externeaient durci leurs règles, déclarant que les réunions publiques devaient être limitées à 100 personnes.

Dans les coulisses, les fonctionnaires des Nations unies se sont efforcés de mettre en place des structures de gestion de crise, de coordonner leurs actions avec celles des autres membres du système onusien, d’informer et de rassurer le personnel et les organisateurs d’événements au Palais, et de mettre en place des plans d’urgence. Des bouteilles de désinfectant sont mises à disposition lors des réunions et les organisateurs ont été priés de veiller à ce que les participants ne s’assoient pas à moins de deux mètres les uns des autres pendant plus de 15 minutes.

«Nous essayons de maintenir autant que possible les activités essentielles des Nations unies», précise Rhéal Leblanc, responsable de la presse et des relations extérieures à l’Office des Nations unies à Genève. «Tout le monde essaie de prendre des dispositions alternatives comme l’utilisation de la vidéoconférence ou des réunions à distance. Chaque organe fait une évaluation des risques tout en tenant compte des recommandations des autorités suisses et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).» 

Évaluation des risques

Les dix plus grandes organisations internationales présentes à Genève mettent en œuvre des mesures similaires, en étroite collaboration avec l’OMS et les autorités suisses. Ces mesures comprennent des étapes pratiques comme la création de pages intranet et d’autres informations sur les mesures préventives, la fourniture de conseils et de mises à jour sur les modalités de travail et de voyage. L’utilisation de la vidéoconférence et des réunions virtuelles a été largement encouragée, lorsque cela était possible, avec le personnel des bureaux extérieurs travaillant à domicile pendant certaines périodes.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), par exemple, a suspendu tous les voyages non essentiels jusqu’au 15 avril. Cette mesure a eu des répercussions sur toutes les sessions de formation, ateliers et séminaires nécessitant des déplacements internationaux.

«Il ne s’agit pas seulement des participants à Genève. L’objectif est aussi d’éviter que le virus soit exporté vers des pays dont les systèmes de santé sont plus faibles» Rolando Gomez, porte-parole du Conseil des droits de l’homme

Une mesure désespérée

La décision d’annuler 200 événements parallèles du Conseil des droits de l’homme organisés ce mois-ci par des ONG et des États a affecté plus de 1000 participants, dont beaucoup se sont rendus à Genève depuis d’autres pays.

Le porte-parole du Conseil, Rolando Gomez, a décrit cette décision comme «une mesure désespérée pour un temps désespéré».

«C’est frustrant et peu utile pour les ONG, déclare un militant des droits de l’hommeLien externe à swissinfo.ch. C’est la session principale du CDH où de nombreuses personnes du terrain viennent à Genève pour parler aux États. C’est important et ici, on leur refuse cette opportunité.»

Rolando Gomez souligne que la décision a été mûrement pesée: «Il ne s’agit pas seulement des participants à Genève. L’objectif est aussi d’éviter que le virus soit exporté vers des pays dont les systèmes de santé sont plus faibles.»

Assurer la continuité

Face à la menace du coronavirus, les Nations unies n’appliquent pas de restriction de voyage, s’en remettant à la responsabilité individuelle en la matière. Les participants aux réunions des pays exposés au risque de coronavirus peuvent être interrogés sur leur itinéraire jusqu’à Genève, mais ils sont toujours autorisés à y assister. Rhéal Leblanc précise que l’ONU fait tout son possible pour «préserver la santé des personnes compte tenu des circonstances», mais «nous n’avons pas les moyens de contrôler les personnes».

L’Union internationale des télécommunications (UIT), pour sa part, a reporté ses deux grandes réunions à venir – le SMSI et les conférences AI for Good. Elle a aussi informé les personnes venant de pays touchés, ou toute personne ayant visité une zone touchée au cours des deux dernières semaines, qu’elle fera vérifier leur température et qu’ils pourront être refoulés. Tous les délégués devront fournir des informations sur les lieux visités afin de faciliter le traçage du Covid-19.

Interrogée sur l’impact général du virus sur la Genève internationale, Paola Ceresetti, porte-parole de la mission suisse auprès des Nations unies à Genève, relève que les organisations internationales parviennent à «assurer la continuité du travail» tout en mettant en œuvre des mesures pour protéger la santé du personnel: «En général, conformément aux recommandations du secrétaire général de l’ONU, des réunions ont lieu avec le personnel et les diplomates basés à Genève, ce qui limite au strict nécessaire les déplacements et les arrivées des délégations gouvernementales à Genève.»

Traduit de l’anglais par Frédéric Burnand

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