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La vision explosive du ministre suisse des affaires étrangères

Aussenminister Ignazio Cassis
Le conseiller fédéral Ignazio Cassis a fait élaborer une vision 2028 de la politique extérieure de la Suisse. L'économie y joue un rôle important. Thomas Kern/swissinfo.ch

Une nouvelle vision d’avenir de la politique extérieure suisse a été élaborée par le Département fédéral des affaires étrangères. Avec des défis brûlants: la migration, la numérisation et les relations avec l’Union européenne.


Ignazio Cassis, le conseiller fédéral en charge du Département des affaires étrangères (DFAELien externe), veut donner une nouvelle impulsion à la politique extérieure de la Suisse. Il a formé un groupe de travail et l’a chargé d’élaborer la «Vision de la politique étrangère de la Suisse à l’horizon 2028» (Avis28Lien externe).

L’accent est mis sur six domaines plutôt délicats: les intérêts et les valeurs de la Suisse, le lien entre politique extérieure et intérieure, la participation de la population et de l’économie, l’aide au développement et les migrations, la numérisation, et la relation avec l’Union européenne (UE).


2 juillet 2019: Le rapport du groupe de travail Avis 28 est rendu public. Il servira de source d’inspiration au DFAE pour le développement de la politique étrangère suisse.

Octobre 2018: Le conseiller fédéral Ignazio Cassis crée le groupe de travail Avis 28 et nomme personnellement ses membres. Le groupe est composé de cadres du DFAE, du président de la Conférence des gouvernements cantonaux et d’experts des milieux scientifiques, de l’économie et de la société civile.


Contenu externe

  • Pourquoi la Suisse a besoin d’une «vision» de sa politique extérieure?

La numérisation, le réchauffement climatique, les changements politiques, la hausse des tensions géopolitiques, les conflits commerciaux et les mouvements migratoires ont provoqué une perte de confiance dans les autorités politiques établies. Ces bouleversements multiples ont un impact sur la Suisse, affirme le rapport du groupe de travail: «La Suisse a besoin d’une vision lui permettant de défendre ses intérêts et de promouvoir ses valeurs dans un contexte international volatil». Elle doit agir avec plus de force à partir d’une position clairement définie et présenter un front uni au monde extérieur. La Suisse veut ainsi se préparer à relever les défis tout en ne ratant pas les opportunités qui s’offrent à elle au sein de l’ordre mondial.

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  • Quels sont les éléments les plus explosifs du rapport?

Les deux points qui provoquent le plus de réactions sont l’implication de l’économie et les relations avec l’UE. Ignazio Cassis est critiquéLien externe depuis le début de son mandat pour ses liens étroits avec la sphère économique. Il lui a par exemple été reproché d’avoir nommé des cadres de SwissRe et d’ABB au sein du groupe de travail Avis 28 et certains l’accusent de mener une politique étrangère trop axée sur les intérêts économiques. L’hebdomadaire alémanique de gauche WOZLien externe a mis en garde contre ses «visions dangereuses» et trop unilatérales.

La question européenne est une source intarissable de tensions. Le groupe de travail écrit dans son rapport qu’une relation est nécessaire avec l’UE, mais pas de mariage, et Ignazio Cassis rappelle la position du gouvernement: «La Suisse a besoin du meilleur accès possible au marché de l’UE tout en conservant une indépendance maximale. Une voie bilatérale consolidée constitue à cet égard le modèle approprié.»

  • Quels changements va apporter cette nouvelle vision?

Officiellement, le rapport devrait inspirer la future politique extérieure de la Suisse. Mais le positionnement de cette dernière n’est pas gravé dans le marbre, la démocratie directe et l’évolution du contexte géopolitique mondial peuvent également peser lourd.

Des observateurs soulignent toutefois qu’Ignazio Cassis entame un changement de paradigme, en donnant davantage de poids aux intérêts helvétiques dans la coopération au développement et en tenant compte de l’«importance stratégique» de la Suisse dans la mise en œuvre de la tradition humanitaire. Les milieux de gauche craignent que cette vision ne conduise à une politique migratoire plus restrictive.

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Adaptation de l’allemand: Marie Vuilleumier

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