En Egypte, comme ailleurs, les défenseurs des libertés sont lentement asphyxiés
A Genève, l’Egyptien Mohamed Zaree a reçu mardi le prestigieux Prix Martin Ennals pour les défenseurs des droits humains. Une distinction pour un activiste menacé et un signe de protestation contre la présidence égyptienne qui ne connaît pas de limites dans la répression de masse, selon l’Institut du Caire pour l’étude des droits humains, dont Mohamed Zaree est le représentant en Egypte.
Toujours menacé d’un procès qui pourrait lui valoir 30 ans de prison, Mohamed ZareeLien externe n’a pu se rendre à Genève pour recevoir le Prix Martin EnnalsLien externe, interdit qu’il est de sortie du territoire national. Son crime? Un engagement sans relâche en faveur des libertés considéré par le régime du président Abdel Fattah al-Sissi comme une atteinte à la sécurité de l’Etat.
🇪🇬️ #EgyptLien externe #MohamedZareeLien externe
— Martin Ennals Award (@martinennals) 5 septembre 2017Lien externe
***Texte en Français ci-dessous***
Meet one of our 3 finalists for the 2017 Martin… https://t.co/1nUgwBAYhRLien externe
«Lors des deux interrogatoires qu’il a subi, on lui a même reproché d’avoir collaboré avec le Conseil des droits de l’Homme et son principal mécanisme, l’Examen Périodique UniverselLien externe», souligne Bahey El Din Hassan, directeur de l’Institut du Caire pour l’étude des droits humains, qui a déménagé à Tunis en 2014, suite à des menaces de mort. Ce qui n’a pas empêché l’Egypte d’être élue en 2016 comme membreLien externe dudit Conseil, le principal organe de l’ONU chargé de promouvoir et de défendre les droits de la personne.
Le pire des présidents égyptiens
Bahey El Din Hassan enfonce le clou: «La situation est inédite en Egypte en termes de tueries, de tortures, de disparitions forcées ou de répression des médias. Le président Abdel Fattah al-Sissi dépasse tous ses prédécesseurs en matière de répression. Il ne vise plus seulement les islamistes, mais l’ensemble de la société civile et des espaces de liberté. Les organisations djihadistes qui étendent actuellement leur présence en Egypte ne pouvaient espérer mieux.»
Principale distinction pour les défenseurs des droits humains dont le jury est constitué par les principales organisations internationales du domaine (dont Amnesty International, Human Rights Watch, Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, Organisation mondiale contre la torture et la Commission internationale des juristes), le Prix Martin Ennals récompense une personne ou une organisation pour son engagement en faveur des libertés et qui s’en trouve par là menacée. Ce prix est également une marque de solidarité avec des activistes particulièrement fragilisés. La distinction est par ailleurs conçue comme une protestation contre la répression orchestrée par le régime du pays concerné.
Concernant l’Egypte, cette dénonciation tranche avec le peu d’empressement des gouvernements occidentaux à critiquer la brutale dégradation des droits humains sous le régime al-Sissi. Or «le silence de la communauté internationale est perçu comme un feu vert par les régimes autoritaire», souligne Hans Thoolen, fondateur du Prix Martin Ennals.
Des activistes cambodgiens et salvadoriens également distingués
Et Hans Thoolen d’insister: «Les pays occidentaux soutiennent moins les défenseurs des droits humains qu’il y a quelques années, alors que les Etats autoritaires apprennent les uns des autres pour affiner leur actions répressives.»
Raison pour laquelle la Fondation Martin Ennals a également nominé cinq défenseurs cambodgiensLien externe des droits humains récemment libérés après 427 jours de détention provisoire et en attente de procès, alors que le gouvernement de Phnom Penh accroît fortement sa pression sur tout ce qui pourrait faire obstacle au parti au pouvoir en vue des élections législatives de l’année prochaine.
One of our Finalists, @FreeThe5KHLien externe , is about to speak at the MEA 2017 Ceremony. Watch live here: https://t.co/SlyA8T9zJXLien externe #Ennals2017Lien externe pic.twitter.com/wa9lmtRRLDLien externe
— Martin Ennals Award (@martinennals) 10 octobre 2017Lien externe
La Fondation a également nominé Karla AvelarLien externe, une femme transgenre salvadorienne qui a fondé la première association transgenre de ce pays d’Amérique centrale où elles sont persécutées par les Maras, un gang de narcotrafiquants, sans pouvoir compter sur la justice du pays.
The Jury on finalist Karla Avelar @comcavistransLien externe, a transgender activist from El Salvador https://t.co/KJ7eVeibeKLien externe pic.twitter.com/FghK59BOIzLien externe
— Martin Ennals Award (@martinennals) 26 avril 2017Lien externe
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.