Beaucoup de candidats, beaucoup de femmes, beaucoup de jeunes
Il n’y a jamais eu autant de candidats pour le Conseil national, et parmi eux, les candidates sont plus nombreuses que jamais. En outre, un tiers des prétendantes et prétendants ont moins de 30 ans.
Le 20 octobre, elles et ils seront 4596 à briguer un des 200 sièges du Conseil national, la Chambre basse du Parlement fédéral. Il n’y en a jamais eu autant.
Dans les années 1990, le nombre de candidats approchait les 3000, une barre franchie pour la première fois en 2007.
Le saut a largement plus de 4000 est énorme – pourquoi y a-t-il autant de candidats en 2019? D’une part, le règlement pour la soumission des listes a été adapté dans plusieurs cantons, explique Cloé Jans, politologue à l’Institut gfs.bernLien externe. Jusqu’ici, certains exigeaient un certain nombre de signatures pour pouvoir simplement présenter une liste, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Il est aussi devenu plus facile de se porter candidat.
Cloé Jans voit encore une autre explication: «Il y a des partis qui ont délibérément choisi comme stratégie de déposer le plus de listes possible». L’idée, c’est que les parents et les connaissances choisissent des listes avec des noms qu’ils connaissent. C’est par exemple la stratégie du Parti démocrate-chrétien (PDC).
S’il est peu probable que cette approche ait beaucoup d’effet en termes de points de pourcentage, elle permet à la relève de faire ses armes et d’acquérir de l’expérience.
Beaucoup de candidates, mais pas dans tous les partis
Un regard aux listes montre que depuis 1971, date à laquelle la Suisse a enfin accordé le droit de vote aux femmes sur le plan fédéral, il n’y a jamais eu autant de candidates. Par rapport à l’élection précédente, la part des femmes a augmenté de 6 points de pourcentage, passant de 34,5% à 40,4%.
En Suisse, les femmes restent nettement bien moins représentées en politique que les hommes. Dans les parlements cantonaux, elles sont juste en-dessous de 30%. Au Conseil national, la part actuelle est de 32%.
Par parti, ce sont les Verts qui présentent le plus de femmes, avec des listes féminines à 56%. A l’opposé, l’UDC (droite conservatrice) est la formation qui présente le moins de femmes (22%).
Plus de femmes, Cloé Jans doute que le phénomène soit purement conjoncturel. Evidemment, la Grève des femmes du 9 juin 2019 a mené les partis à s’occuper des questions d’égalité et des revendications féminines. Mais la politologue croit que la tendance va perdurer, parce que si peu de femmes au Parlement, cela ne correspond plus à une Suisse moderne.
Un tiers de moins de 30 ans
Si l’on considère d’autres indicateurs démographiques, la situation a également un peu changé. Par rapport aux candidats de la législature qui se termine, ceux de 2019 sont légèrement plus âgés: 41,3 ans en moyenne, contre 40,8 en 2015.
Depuis les années 1990 toutefois, l’âge moyen des candidats n’a cessé de baisser. Mais le recul de près de 5 ans enregistré entre 1971 et 2015 reste relativement faible, comme le montre une étude de 2015 de l’Office fédéral de la statistique (OFS).
Il faut cependant relever que depuis 2003, la classe d’âge des 18-30 ans est devenue la plus importante. En 2019 aussi, 32% des candidats ont moins de 30 ans. C’est chez les Verts que l’on trouve non seulement le plus de femmes, mais aussi le plus de jeunes: 43,6% de moins de 30 ans.
La tendance aux listes jeunes se maintient
«La baisse de l’âge moyen des candidats au cours des dernières décennies est sans doute due au phénomène jusqu’alors inconnu des listes de jeunes, explique Madeleine Schneider, cheffe de la division Politique, Culture et Médias de l’OFS. On a vu l’élection de très jeunes candidats, ce qui n’était guère le cas dans les années 1970».
Cette année, environ deux tiers des candidats de moins de 30 ans figurent sur les listes de jeunes des partis, et donc un tiers seulement sur les listes principales.
(Traduction de l’allemand: Marc-André Miserez)
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