L’heure du choix a sonné
Les citoyens suisses renouvellent dimanche les deux Chambres de leur Parlement. Au terme d’un scrutin dominé par le thème de la migration, les spécialistes s’attendent à un très léger virage à droite. Le résultat pourrait cependant avoir une influence sur la composition future du gouvernement.
Comme tous les quatre ans, les citoyens helvétiques se rendent aux urnes pour renouveler les 200 sièges du Conseil national (Chambre du peuple).
Par la même occasion, ils renouvellent aussi 45 des 46 sièges du Conseil des Etats (Chambre des cantons). Seul le canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures ne fait pas coïncider les deux élections. Son représentant a déjà été élu lors d’une assemblée populaire (Landsgemeinde) au printemps dernier.
Un léger glissement vers la droite
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Elections fédérales: la droite devrait progresser
Les sondages laissent présager un renforcement de la droite à l’issue des élections de dimanche. Mais il s’agit plus d’un très léger glissement que d’une lame de fond. L’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) passerait de 26,6% en 2011 à 27,9%, maintenant ainsi son statut de première force politique du pays, selon l’institut gfs.bern qui réalise des enquêtes pour le compte de la Société Suisse de Radiodiffusion (SSR), dont swissinfo.ch fait partie.
Mais c’est du côté du Parti libéral-radical (PLR) que proviendrait la plus forte progression à droite. Ce parti gagnerait 1,6 point, passant de 15,1% à 16,7% des voix.
A gauche, le Parti socialiste (PS) a l’espoir de renforcer sa position de 2e parti du pays et d’atteindre la barre des 20% d’électeurs. Un objectif qui semble réaliste, puisque le dernier baromètre de gfs.bern lui fait miroiter 19,2% des voix, en augmentation de 0,5% par rapport à 2011.
La gauche dans son ensemble devrait cependant s’affaiblir un peu, car la légère avancée du PS devrait être compensée par un recul plus marqué du Parti écologiste Suisse (PES). Les Verts devraient obtenir 7,2% des voix, en baisse de 1,2% par rapport à 2011.
Enfin, les indicateurs sont à la baisse pour les principaux partis du centre-droit. Les sondeurs prévoient 11,5% (- 0,8%) pour le Parti démocrate-chrétien, 4,6% (- 0,8%) pour le Parti bourgeois démocratique et 5% (- 0,4%) pour les Verts libéraux.
Composition du gouvernement
L’élection du Conseil national se fait selon un système proportionnel et non majoritaire. Par conséquent, même si elles se réalisent, les légères variations prévues par les sondages ne déboucheront pas sur une modification radicale des forces en présence.
Demain, tout comme hier et aujourd’hui, le Parlement restera largement orienté à droite et au centre-droit avec une gauche minoritaire ne représentant qu’environ un tiers de l’électorat. Et pour les formations minoritaires – qu’il s’agisse de la droite conservatrice, du centre-droit ou de la gauche – il faudra encore nouer des alliances de circonstance pour enregistrer des succès au Parlement.
L’affaiblissement du centre-droit pourrait cependant avoir des conséquences sur la composition du gouvernement. En cas de forte baisse, le siège de la ministre des finances Eveline Widmer-Schlumpf pourrait être contesté lors de la réélection du gouvernement par le Parlement, qui aura lieu au début du mois de décembre lors de la prochaine session d’hiver des Chambres fédérales.
En effet, comment justifier le fait que l’UDC, avec presque 30% des voix, et le PDB, avec moins de 5%, disposent chacun d’un siège. Certes, cette situation provient du fait que l’UDC a elle-même exclu Eveline Widmer-Schlumpf de ses rangs, après que cette dernière eut accepté son élection suite à l’éviction du leader de l’UDC Christoph Blocher. Quoi qu’il en soit, tout affaiblissement du PDB et de ses alliés du centre-droit rend la position d’Eveline Widmer-Schlumpf un peu plus inconfortable.
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Campagne monothématique
La campagne a surtout été marquée par le thème de la migration, même si le récent afflux de réfugiés syriens n’a touché la Suisse que de manière marginale. «Jamais un thème n’avait à ce point dominé une campagne électorale», souligne Claude Longchamp, directeur de l’institut gfs.bern.
D’autres thèmes, qui donneront probablement bien plus de fil à retordre au nouveau Parlement, ont en revanche été abordés de manière moins visible ou, du moins, n’ont pas donné lieu à un débat nourri. Par exemple, l’avenir des rapports avec l’Union européenne ou encore l’impact du franc fort sur l’économie suisse.
Il faut cependant se rappeler que les thèmes ayant un écho national sont rares. En 2011, il y avait eu la catastrophe nucléaire de Fukushima et, aujourd’hui, la crise migratoire. On oublie souvent que les élections fédérales ne sont que la superposition de 26 élections cantonales, comme l’écrivait récemment le quotidien «Le Temps». En d’autres termes, ce ne sont pas tant les thèmes nationaux, mais surtout locaux, qui influencent le résultat.
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