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Exit l’idée de caisse-maladie unique

Unique ou pas, la caisse-maladie reste surtout une histoire de gros sous. Keystone

Les votations se suivent et se ressemblent pour les partisans d’une caisse-maladie unique. Une fois de plus, cette idée n'a pas séduit. Seul un tiers des citoyens a approuvé le projet socialiste.


Pas plus tard que cette semaine, le ministre en charge de la Santé et des Affaires sociales, Alain Berset, annonçait une hausse moyenne de 4% des primes de l’assurance-maladie pour l’an prochain. Mais cette annonce n’aura pas eu d’effet sur le vote de ce dimanche.

Double refus

Pratiquement tous les cantons ont refusé l’initiative socialiste. Etant donné qu’une initiative populaire nécessite à la fois la majorité des cantons et du peuple pour passer la rampe, son sort a vite été scellé.

Et le score a aussi été très net au niveau du peuple. En effet, 61,9% des citoyens ont refusé le projet, alors que seulement 38,1% l’ont accepté.

Mais comme lors de précédentes consultations sur ce même thème, les résultats sont contrastés selon les régions. C’est ainsi que la Suisse francophone – où les primes de l’assurance maladie sont généralement plus élevées qu’en Suisse alémanique – est bien plus favorable à l’idée d’une caisse unique. Les cantons de Genève, du Jura, de Neuchâtel et de Vaud ont accepté le texte.

Une participation dans la moyenne

Les urnes n’ont pas attiré la foule des grands jours dimanche. Avec un peu plus de 47%, la participation aux scrutins fédéraux s’est inscrite dans la moyenne helvétique.

Comme d’habitude, les électeurs de Schaffhouse, astreints au vote obligatoire, ont été les plus assidus avec 68,2% de votants. Ils sont suivis par les Genevois (57%), appelés à se prononcer sur la traversée de la rade.

Les citoyens de Glaris se sont sentis les moins concernés de Suisse. Seuls un citoyen sur trois a voté.

source: ATS

Baisser les coûts? 

Selon les promoteurs de l’initiative «Pour une caisse publique d’assurance-maladieLien externe», le passage à un système de caisse unique aurait permis un potentiel total d’économies de 10%. Plus précisément, les auteurs estimaient qu’il aurait été ainsi possible d’économiser à trois niveaux: en éliminant les coûts de publicité, en supprimant les coûts liés au changement de caisse et en renforçant la qualité des soins. 

Pour les opposantsLien externe au changement de système – le gouvernement et la majorité de droite du Parlement – c’était une fausse solution. A leurs yeux, c’est justement la concurrence entre les caisses qui permet de limiter un peu la hausse des primes. Par ailleurs, un système de caisse unique aurait induit des problèmes, comme la fin de la liberté de choix du médecin ou encore une administration centralisée et pesante.

Réactions contrastées

Le comité interpartis «Non à la caisse unique» – qui rassemble les partis de droite – est ravi du résultat. En exprimant une nouvelle fois son refus, «le peuple suisse montre son attachement à la liberté de choix, à l’autodétermination et à la responsabilité individuelle de chaque assuré», note le comité. 

Ce dernier enfonce encore un peu le clou à l’intention de la gauche. «Le modèle contraignant de caisse unique a été pour la troisième fois refusé et la gauche doit enfin en prendre acte. Ses objectifs véritables étant de toute manière l’étatisation du système de santé et l’instauration d’une prime liée au revenu», a-t-il noté. 

Du côté de la gauche, justement, le son de cloche est tout autre. Pour l’Union syndicale suisseLien externe, par exemple, «on a manqué une occasion de mettre un terme aux coûts de publicité et de marketing inutiles, ainsi qu’à la chasse absurde aux ‘bons risques’». 

Au Parti socialisteLien externe, on constate que l’initiative a recueilli quelque 250’000 voix de plus qu’il y a 7 ans. «C’est un signal fort qui ne peut être ignoré par les caisses comme par les partis de droite qui veillent à leurs intérêts». Le PS entrevoit d’ores et déjà la possibilité de lancer une nouvelle initiative si des améliorations ne sont pas constatées pour les assurés.

Devant la presse, le ministre en charge de la Santé Alain Berset, s’est pour sa part déclaré très satisfait du résultat du vote. Pour le socialiste, le refus d’une caisse maladie unique confirme le soutien de la population à sa politique de réformes.

Il faut encadrer la concurrence pour qu’elle se concentre sur la qualité et l’innovation, et non sur la chasse aux bons risques, selon le ministre. Et de rappeler sa volonté d’améliorer sans cesse le système de santé. Il faudra notamment s’attaquer à nouveau à un projet visant une meilleure coordination des soins.

Caisse romande?

Quant à la création de caisses publiques cantonales, il a renvoyé la balle aux cantons concernés. A eux de prendre les devants. Tout en soulignant qu’une telle démarche était techniquement possible, Alain Berset a rappelé la difficulté de trouver une majorité au Parlement et d’affronter un éventuel référendum.

Le bon score de l’initiative dans les cantons romands relance en effet chez certains de ses partisans l’idée de caisses maladies cantonales ou même d’une caisse unique à l’échelle romande. «Avec un projet bien ficelé, l’union des cantons qui acceptent aujourd’hui pourrait relancer le débat», a notamment affirmé le député socialiste Stéphane Rossini sur les ondes de la télévision romande.

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Socialiste lui aussi, le ministre vaudois de la Santé Pierre-Yves Maillard ne croit cependant guère à la création d’une caisse cantonale ou romande. «Cela impliquerait une modification de la Loi fédérale et cela n’a aucune chance de succès», a-t-il déclaré à l’Agence télégraphique suisse (ATS).

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