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Hommage au dernier chef de la Révolution algérienne

A Alger, au siège du FFS, le parti qu'il a fondé, les hommages à Hocine Aït-Ahmed affluent. AFP

Près de 350 personnes ont rendu mardi 29 décembre à Lausanne un dernier hommage suisse à Hocine Aït-Ahmed, décédé mercredi dernier à 89 ans. Il sera rapatrié le 31 décembre en Algérie, pour être inhumé le lendemain dans son village natal d'Aït Yahia, avec des funérailles nationales et populaires. Le président Abdelaziz Bouteflika a décrété un deuil de huit jours.

Des neuf «fils de la Toussaint», comme on appelle les chefs historiques du FLN, qui ont déclenché la Guerre d’indépendance de l’Algérie le 1er novembre 1954, il était le dernier encore en vie. Né en 1926 en Kabylie, entré en résistance dès l’âge de 17 ans, il est arrêté par les Français en 1956, suite à l’arraisonnement de l’avion qui l’emmenait au Maroc, en compagnie notamment du futur président Ahmed Ben Bella.

Libéré à l’indépendance en 1962, il est élu à la première Assemblée nationale algérienne, mais ne tarde pas à entrer en conflit avec ses anciens frères d’armes, dont il dénonce le régime «socialo-mystificateur». En 1963, il lance le Front des forces socialistes (FFS) et des maquis armés en Kabylie. L’année suivante, il est arrêté et condamné à mort pour «menées contre-révolutionnaires», puis gracié. En 1966, il s’évade et vient se réfugier en Suisse, à Lausanne.

En décembre 1989, la Télévision suisse romande avait dressé son portrait.

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De son exil, il ne cessera de dénoncer les dérives du pouvoir algérien, mais aussi les atteintes aux droits de l’homme et à la démocratie partout dans le monde. En avril 1999, il se présenté à l’élection présidentielle algérienne, avec sept autres candidats, dont Abdelaziz Bouteflika, le poulain du pouvoir en place. La veille de la fermeture des bureaux de vote, il se joint aux six autres candidats pour annoncer son retrait en raison de «fraudes massives» en faveur de Bouteflika. Officiellement Aït-Ahmed avait obtenu 3,17% des voix.

«Un homme aussi grand que modeste»

Mardi dernier, au Centre funéraire de Montoie à Lausanne, celles et ceux qui l’ont connu durant ces années d’exil ont donc rendu hommage à ce «résistant inlassable, mais aussi héros ordinaire, un homme aussi grand que modeste», selon la formule de la philosophe Marie-Claire Caloz-Tschopp, qui a travaillé avec lui. «Notre deuil est aussi immense que l’héritage qu’il nous laisse», a-t-elle poursuivi, louant «l’intelligence aiguë et la civilité exquise» du militant des droits de l’homme qui s’est battu toute sa vie pour l’instauration de la démocratie et du multipartisme en Algérie.

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Le sens du compromis

Ce contenu a été publié sur Les années passées en Suisse ne sont peut-être pas étrangères au sens du compromis qu’avait développée Hocine Aït-Ahmed, selon son compatriote Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen

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L’historien Marc Perrenoud a retracé le parcours «admirable» de Hocine Aït-Ahmed, des montagnes de Kabylie jusqu’au bord du Léman. Il a rappelé qu’à une époque, certains considéraient Lausanne comme la base stratégique pour l’insurrection en Afrique du Nord, en accueillant non seulement des Algériens, mais aussi des Marocains et des Tunisiens.

Mêlant souvenirs intimes et rappels des combats politiques, la cérémonie a aussi connu des moments d’émotion. «C’était un amoureux des gens, un homme de cœur. Il avait foi en la justice, c’était son maître mot», a dit sa fille Bouchra. La mère du chanteur kabyle Matoub Lounès, assassiné en 1998, a chanté un chant liturgique pour la veillée des morts. Enfin, Idir 66 ans, un des chanteurs les plus célèbres d’Algérie, a clôturé avec sa guitare la cérémonie, abondamment filmée par de nombreux téléphones portables.

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