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Hollande plus conciliant que Sarkozy avec la Suisse?

Sauf surprise de taille, François Hollande et Nicolas Sarkozy devraient se retrouver en finale le 6 mai prochain. Reuters

Les candidats à la présidentielle française n’ont pas épargné la Suisse pendant la campagne, notamment dans le domaine fiscal. Les socialistes suisses, eux, espèrent que Hollande, s’il est élu, apaisera les tensions bilatérales. Comme Mitterrand en 1983.

L’élection présidentielle française, dont le premier tour a lieu dimanche, changera-t-elle les relations de Paris avec la Suisse ? Les propos tenus par les différents candidats pendant la campagne n’augurent rien de bon.

En novembre dernier, le président Nicolas Sarkozy critiquait les «déficiences» de la Suisse en matière de coopération fiscale et la plaçait au même rang que les paradis fiscaux d’Amérique centrale. En mars, il propose de taxer les exilés fiscaux, ce qui nécessiterait de renégocier la convention de double imposition franco-suisse.

Le socialiste François Hollande, favori des sondages, souhaite aussi revoir cette convention jugée pas assez stricte et préconise d’appliquer aux exilés fiscaux l’impôt sur les grandes fortunes (ISF). Quant au candidat du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon, il fait de la Suisse le «coffre-fort de tous les voyous de la terre».

Silence à Berne. «On ne commente jamais les propos de candidats politiques, répond le Département des finances. La chose serait différente s’il s’agissait d’élus appliquant un programme précis.»

Financement suisse

Pourquoi de telles attaques? Rappelons qu’en 2007, l’équipe du candidat Sarkozy n’avait éprouvé aucun scrupule à récolter en Suisse de l’argent pour la campagne présidentielle. L’un des conseillers de Sarkozy, Manuel Aeschlimann, affichait ses origines bernoises et la candidate socialiste Ségolène Royal prônait la «démocratie participative» et s’intéressait au système helvétique.  

La crise de 2008-2009 change la donne. Paris intensifie alors la lutte contre l’évasion fiscale. La Suisse et son secret bancaire sont mis à l’index. Les relations se tendent. «Nicolas Sarkozy a probablement un problème avec nous», s’étonne la présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey en novembre 2011, après les déclarations de son homologue français voulant mettre la Suisse «au ban de la communauté internationale.

Au-delà de la crise fiscale, Sarkozy néglige les relations bilatérales. Durant son mandat, les traditionnelles rencontres annuelles entre chefs d’Etat n’ont lieu que deux fois.

Hollande «moins imprévisible»

«Sarkozy a prononcé des paroles très dures à l’égard de la Confédération et procédé par coups de menton, pas toujours suivis d’effet», remarque le conseiller aux Etats neuchâtelois Didier Berberat. Sur ce plan, «une présidence Hollande ne peut pas être pire, poursuit le sénateur helvétique. Le candidat socialiste me paraît plus posé que l’imprévisible Sarkozy. Il faudra que Berne prenne rapidement contact avec l’Elysée et le nouveau gouvernement, afin de nouer des relations plus fortes.»

Dimanche dernier, Didier Berberat a serré la main de François Hollande. «On a parlé quelques minutes après son meeting de Vincennes. On a convenu d’approfondir les liens entre nos deux partis.» Faut-il prendre au sérieux les «menaces» des candidats à l’égard de la Suisse ? «Ces propos sont plutôt à usage interne qu’externe», estime Berberat.

Hollande prônant une présidence moins hyperactive que Sarkozy, la composition de son gouvernement aura, s’il est élu, une certaine influence sur les relations bilatérales. Or, dans son équipe, on compte autant de détracteurs de la Suisse et de son secret bancaire – Vincent Peillon et Arnaud Montebourg – que d’ «helvétophiles» réels ou supposés: Manuel Valls, suisse par sa mère, ou le conciliant Laurent Fabius.

Un agacement qui date

A Berne, on attend la fin de cette période électorale. «Si Sarkozy l’emporte, il n’est pas impossible qu’il se montre intéressé par l’accord Rubik, note-t-on dans les milieux diplomatiques suisses». Rubik: cet accord conclu avec le Royaume-Uni et l’Allemagne qui introduit un impôt libératoire sur les avoirs des ressortissants de ces pays tout en préservant leur anonymat. «Si d’autres Etats choisissent Rubik, il n’est pas exclu que Hollande, s’il est élu, s’y rallie aussi», ajoute-t-on à Berne.

Les relations franco-suisses ont rarement été idylliques, rappelle toutefois l’historien Alain-Jacques Tornare. «N’oublions pas que l’agacement français face à la fuite des capitaux vers la Suisse ne date pas d’hier, ni même de l’arrivée au pouvoir de Mitterrand. Dans les années 1960 déjà, la chute du nouveau franc français provoque un exode fiscal vers la Suisse. De Gaulle s’en irritera.»

En 1983, l’exode des capitaux n’empêche pas Mitterrand de répondre à l’invitation de la Suisse. C’est la première visite d’Etat d’un président français depuis 1910. Des «retrouvailles» qui permettent alors d’apaiser les tensions bilatérales et d’organiser des rencontres quasi-annuelles au niveau le plus élevé.

C’est cet esprit de dialogue amical et exigeant que les socialistes suisses espèrent rétablir, si François Hollande gagne la présidentielle.

Le parquet de Paris a menacé d’engager des poursuites judiciaires en cas de diffusion dimanche d’estimation de résultats ou de sondages à la sortie des urnes avant 20h.


Les possibilités de publication prématurée de résultats sont démultipliées par l’importance prise par les réseaux sociaux, Twitter ou Facebook. Lors des précédentes présidentielles en 2002 et 2007, les journaux suisses ou belges avaient publié les estimations de résultats avant 20h, provoquant un afflux d’internautes venus de France.

Ils ont promis de le faire à nouveau, à partir de 18h30. Le procureur de Paris rappelle que la publication de sondages est interdite à compter de vendredi à minuit et le jour du scrutin, par voie de presse, sur internet et sur les réseaux sociaux. L’infraction est punie d’une amende maximale de 75’000 euros. Nicolas Sarkozy a déclaré jeudi matin, sur Europe 1, qu’il n’était pas choqué par la possibilité que les estimations de résultats soient publiées avant 20h, et accessibles par Internet, à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle.

source: AFP

François Hollande apparaît toujours légèrement en tête des intentions de vote à deux jours du premier tour de la présidentielle française. Plusieurs sondages accordent jusqu’à 3,5 points d’avance pour le candidat socialiste sur son adversaire sortant, Nicolas Sarkozy.

François Hollande et Nicolas Sarkozy distancent toujours largement les autres candidats. La présidente du Front national Marine Le Pen obtient de 14 à 17% des intentions de vote, alors que Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, est crédité de 12 à 14,5%. Le centriste François Bayrou arrive en cinquième place avec 10%.

Au second tour, les sondages continuent de donner François Hollande largement gagnant dans l’hypothèse d’une confrontation avec Nicolas Sarkozy.

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