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Israël critique la visite de Micheline Calmy-Rey en Iran

Micheline Calmy-Rey lors de sa rencontre du début de semaine avec le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Keystone

Le contrat gazier signé en présence de la ministre des Affaires étrangères fait toujours des vagues. Le gouvernement israélien a convoqué l'ambassadeur de Suisse à Tel- Aviv pour lui exprimer son courroux.

Les Etats-Unis réitèrent aussi leur critiques après une première réaction mardi de l’ambassadeur américain à Berne.

«Nous ne pensons pas que ce soit le bon moment pour investir en Iran, non seulement dans les secteurs pétrolier et gazier mais dans l’ensemble de l’économie», a déclaré mercredi à Washington Tom Casey, porte-parole du Département d’Etat américain.

Cité par l’agence de presse AFP, Tom Casey a indiqué que les Etats-Unis allaient examiner les détails de l’accord pour vérifier s’il ne viole pas des lois américaines.

L’«Iran Sanctions Act» autorise Washington à prendre des mesures contre les entreprises étrangères investissant dans le secteur des hydrocarbures de ce pays. L’Iran est dans la ligne de mire des Occidentaux, Etats-Unis en tête, en raison de son programme nucléaire.

Pour rappel, l’entreprise zurichoise Electricité de Laufenbourg (EGL) a conclu lundi avec les autorités iraniennes un important contrat de fourniture de gaz. La ministre des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey était présente lors de la cérémonie à Téhéran.

Ce contrat permettra d’acheminer du gaz iranien en Italie via le gazoduc Trans-Adriatic Pipeline (TAP, 520 km), que l’entreprise zurichoise compte construire d’ici 2011. Les livraisons pourront atteindre 5,5 milliards de mètres cubes dès 2012.

«Un acte inamical à l’égard d’Israël»

Peu après la signature, l’ambassade américaine en Suisse avait déjà jugé que la signature du contrat envoyait un «faux message», au moment où Téhéran «continue de défier les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU lui enjoignant de suspendre les activités d’enrichissement d’uranium».

Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à exprimer leur mécontentement. Le ministère israélien des affaires étrangères a convoqué mercredi le nouvel ambassadeur de Suisse en poste à Tel-Aviv.

Lors de cet entretien, le directeur général adjoint du ministère pour l’Europe occidentale, Rafi Barak, a déclaré à Walter Haffner que l’Etat hébreu considérait la visite de la conseillère fédérale à Téhéran comme «un acte inamical à l’égard d’Israël», selon un communiqué de l’ambassade d’Israël à Berne.

«L’Iran poursuit son programme nucléaire, offre un soutien financier aux organisations radicales, soutient le terrorisme, foule aux pieds les droits de l’homme et nie le droit à l’existence» d’Israël, relève l’ambassade israélienne dans son communiqué.

Les attentes d’Israël face à la Suisse

Pour l’Etat hébreu, «la communauté internationale – la Suisse y compris – est consciente du danger qui émane de l’Iran». Israël attend de la Suisse qu’elle soutienne les efforts internationaux dans ce domaine.

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) n’a pas souhaité faire de commentaire au communiqué de l’ambassade d’Israël pour l’instant.

S’exprimant à son retour de Téhéran, Micheline Calmy-Rey avait défendu mardi la légitimité du contrat signé par EGL, estimant que cet accord ne viole ni les sanctions de l’ONU ni les mesures prises par Washington contre la République islamique. Elle a assuré qu’elle ne voyait pas en quoi ce contrat «donne un faux signal» à Téhéran.

Face aux critiques américaines, la ministre des affaires étrangères avait affirmé que la Suisse n’avait pas besoin d’autorisation pour assurer son indépendance énergétique.

swissinfo et les agences

La Suisse, comme le reste du monde, consomme toujours plus de gaz naturel (doublement entre 1980 et 2006 à l’échelle mondiale). Le gaz représente 12% des besoins énergétiques helvétiques. Les ménages utilisent 40% du total, l’industrie 33%, les services et les transports 27%.

La Suisse se fournit exclusivement à l’étranger. Elle est reliée par douze points d’entrée au réseau de gazoducs européen, qui s’étend sur 190’000 km de la Baltique à la Méditerranée et de l’Atlantique à la Sibérie. Alternative: le gaz est de plus en plus souvent transporté sous forme liquide par des navires appelés méthaniers.

Des contrats à long terme de 20 à 25 ans couvrent les trois quarts des besoins de la Suisse. L’Office fédéral de l’énergie estime que 95% du gaz consommé à l’interne vient des Pays-Bas, de la Russie, de la Norvège, de l’Allemagne et de l’Algérie.

Concernant le dossier nucléaire iranien, la cheffe de la
diplomatie helvétique Micheline Calmy-Rey a redit mardi que la Suisse défend une solution diplomatique et est prête à s’engager en ce sens.

Elle a également rappelé que la rhétorique mettant en cause le droit à l’existence d’Israël est inadmissible pour la Suisse. Tout comme le sont, sur le plan des droits de l’homme, la lapidation, les mutilations ou les sentences de mort contre des mineurs.

La Suisse représente les Etats-Unis en Iran depuis la rupture en 1980 des relations diplomatiques entre Washington et Téhéran.

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