L’aide humanitaire démarre dans le Caucase
Alors qu'un cessez-le-feu fragile se maintient entre troupes russes et géorgiennes, le CICR et la coopération suisse tentent de déployer leur aide en faveur des victimes du conflit.
A Genève jeudi, l’ambassadeur de Géorgie auprès de l’ONU a dénoncé les entraves mises à l’action des humanitaires.
«Nous voulons souligner que les représentants des organisations internationales et des organisations humanitaires n’ont pas pu avoir accès aux territoires contrôlés par les forces armées russes, ce qui renforce encore les doutes sur les buts réels poursuivis par les Russes en Géorgie.»
De son coté, la Commission européenne a déclaré ce jeudi: «La fin des hostilités annoncée (mercredi) par Moscou n’a pas encore débouché sur une amélioration de l’accès pour le personnel d’aide humanitaire.» Et d’appeler toutes les parties à permettre «un accès sûr et libre» pour les équipes internationales d’aide humanitaire.
Mais la situation semble se débloquer. Jeudi après-midi, le Comité international de la Croix rouge a annoncé avoir obtenu le feu vert des autorités russes, géorgiennes et d’Ossétie du Sud pour se rendre dans cette province sécessionniste au cœur des combats de ces derniers jours entre Russes et Géorgiens.
Les premiers pas de l’aide
Présente dans la région depuis 1993, l’agence suisse de coopération (DDC) assure, elle, pouvoir travailler dans les zones où se trouvent la plupart des réfugiés et des déplacés, à savoir l’Ossétie du Nord et la région de Tbilissi, la capitale géorgienne.
«Nous pouvons travailler avec les deux parties au conflit», souligne Andreas Stauffer, porte-parole de la DDC. Avant de préciser: «La situation est très difficile pour ces personnes qui fuient les zones de combat, d’autant que la région se remet à peine de la guerre civile de 1992.»
Selon le porte-parole, environ 12’000 réfugiés se trouvent actuellement en Ossétie du Nord et 10’000 en Géorgie dans la région de Tbilissi. «Mais le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) estime que le nombre de personnes fuyant les zones de combat pourrait atteindre 60 à 80’000», souligne Andreas Stauffer.
Le porte-parole relève l’existence d’un autre camp à l’ouest de Géorgie où sont réfugiés des Abkhazes, suites aux combats livrés dans la vallée de Kodori. «Nous allons y envoyer un de nos experts pour assister le HCR dans ses opérations», précise encore Andreas Stauffer.
Pour l’heure, 5 coopérants suisses sont engagés dans ces actions humanitaires et la DDC a débloqué pour le moment 270’000 francs pour l’aide d’urgence.
«L’eau constitue la première urgence. Mais il faut également de la nourriture, des médicaments, des tentes et des lits», précise le porte-parole de la DDC.
Pont aérien
Du matériel qui devrait prochainement arriver, si la situation se stabilise. Le CICR a déjà établi un pont aérien depuis son centre logistique à Amman (Jordanie) vers Tbilissi avec un premier chargement de 35 tonnes de secours (couvertures, jerrycans, bâches, seaux et articles d’hygiène). «Il sera acheminé dans les meilleurs délais. Les prochains chargements comprendront du riz et des colis alimentaires», précise le CICR.
«Nous avons déjà pu porter assistance à 1’400 personnes dans 10 centres de la région de Tbilissi. Nous avons aussi mobilisé 17 médecins du CICR pour aider les médecins locaux à soigner les blessés», précise Maia Kardava, porte-parole du CICR à Tbilissi.
Quant aux accusations de part et d’autre d’exactions à l’encontre des civils, la coopération suisse tout comme le CICR refusent de se prononcer. «Il y a des allégations de violation du droit international humanitaire. Mais à ce stade, le CICR ne commente pas la situation. Notre priorité va aux déplacés et aux blessés de guerre», affirme Maia Kardav.
Sans être en mesure de fournir une évaluation fiable, le CICR précise avoir vu quelque 1000 blessés dans les hôpitaux géorgiens.
swissinfo, Frédéric Burnand à Genève
La DDC a commencé par des interventions humanitaires dans le Caucase du Sud en 1993. Son programme s’étend aujourd’hui aux trois pays: Géorgie, Arménie et Azerbaïdjan et couvre également la coopération technique.
La DDC soutient les populations qui ont été affectées par les conflits territoriaux, renforce les capacités des états à répondre aux catastrophes naturelles, appuie les familles rurales dans le développement de leurs entreprises agricoles et contribue au dialogue politique par rapport à certaines réformes considérées comme particulièrement importantes.
Les conflits territoriaux des années 1990 (Nagorno-Karabakh, Abkhazie, Ossétie du Sud) ont engendré plus d’un million de réfugiés et de personnes déplacées (10% de la population totale).
La DDC concentre ses interventions dans les zones qui sont le plus affectées par cette situation. La DDC est également présente dans la république russe d’Ossétie du Nord.
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