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L’OMC, pièce maîtresse de la Genève internationale

Keystone

En plein essor, comme la plupart des organisations internationales basées à Genève, l'Organisation Mondiale du Commerce doit agrandir ses locaux. Les autorités locales et fédérales défendent ce projet menacé par un possible referendum populaire.

«L’OMC est une pièce maitresse de la Genève internationale et son extension un projet important pour Genève, la Suisse et le monde. L’OMC contribue à la prospérité du monde et par la-même à la paix et à la stabilité.» Entourée du ministre cantonal Laurent Moutinot et de la municipale de la ville de Genève Sandrine Salerno, Micheline Calmy-Rey a plaidé lundi au Club suisse de la presse en faveur du projet d’extension combattu par les défenseurs genevois du patrimoine et l’extrême-gauche.

Aujourd’hui, l’OMC regroupe 153 Etats membres et emploie 700 personnes environ pour un budget annuel de 184 millions de francs. Or, dans un avenir proche, l’OMC devrait passer à 1100 places de travail. Et ce pour faire face à la trentaine d’Etats – dont la Russie – qui veulent adhérer à l’OMC et aux nombreuses procédures de règlement des différents commerciaux arbitrés et jugés par le gendarme du commerce international. Ce dernier est donc en pleine croissance, quelle que soit l’issue des négociations commerciales en cours (cycle de Doha).

Une extension contestée

Dans cette perspective, le patron de l’OMC Pascal Lamy a conclu l’année dernière un accord avec Berne permettant l’extension du bâtiment sur le site actuel au bord du lac Léman. Les travaux pourraient être terminé en 2012 pour un coût de 130 millions de francs financés par la Confédération (70 millions à fonds perdus et 60 millions selon un prêt sans intérêt remboursable en 50 ans).

Reste à lever les derniers obstacles. L’extrême-gauche locale, tout comme l’association Action Patrimoine Vivant promettent de lancer un referendum en cas de feu vert des parlements municipal et cantonal.

«Selon les opposants, ce projet massacrerait le parc avoisinant et priverait les Genevois d’un accès au lac. C’est faux. L’accès au lac sera en tout temps garanti, tout comme l’intégrité du parc, l’extension des locaux de l’OMC se faisant sur un espace occupé actuellement par un parking», assure Laurent Moutinot.

Un débat salutaire

«Le referendum, s’il a lieu, est aussi une chance de mener un débat public pour convaincre les Genevois de l’importance de l’OMC», plaide de son coté la ministre suisse des affaires étrangères.

Une perspective qui n’inquiète pas non plus Laurent Moutinot et Sandrine Salerno. Les responsables genevois assurent en effet qu’il n’y a plus de fossé entre les 40’000 personnes de la Genève internationale et la population locale.

«Genève est la ville internationale qui organise le plus de manifestations et de rencontres entre les internationaux et les locaux, comme me le disent les diplomates que je rencontre, assure Laurent Moutino. Que se soit à l’université ou dans les clubs de sports, tout le monde – internationaux et locaux – se mélange.»

Bon pour toute la Suisse

Micheline Calmy-Rey en profite pour rappeler que l’activité des organisations internationales basées à Genève génèrent 4,5 milliards, dont près de la moitié en salaires. Des retombées sonantes et trébuchantes qui profitent à l’ensemble du pays.

«Genève ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui s’il n’y avait pas les organisations internationales et si elle n’était pas ce lieu de dialogue connu dans le monde entier. Pour maintenir cet acquis, il faut développer une approche dynamique et répondre aux besoins quand c’est nécessaire», souligne la ministre des affaires étrangères

Et Micheline Calmy-Rey d’ajouter: «Notre rôle diplomatique est reconnu sur le plan international et nous sommes de plus en plus sollicités. En tant qu’Etat hôte des organisations internationales, la Suisse a une visibilité et un positionnement bien plus grand qu’un autre pays de même importance démographique et économique.»

Un carrefour face aux défis globaux

Reste à évaluer le rôle international de Genève à l’aune de la crise financière et économique, mais aussi climatique, énergétique et alimentaire. Des défis globaux qui ne peuvent être surmontés que par une réponse internationale.

Or, comme l’explique la ministre suisse, Genève accueille la plupart des agences internationales expertes dans ces questions (migrations, droits humains, environnement, santé, commerce). Des défis également relevés par un pôle universitaire spécialisé.

«Genève est donc un endroit central pour la communauté internationale et prend une importance croissante. Nous avons besoins d’un lieu qui permet aux différents acteurs (Etats, ONG, entreprises) de dialoguer entre eux», relève Micheline Calmy-Rey.

Et la ministre de pronostiquer: «L’activité diplomatique va s’intensifier dans tous les domaines. Ce qui se traduira par un plus grand nombre de rencontres et de conférences internationales.»

swissinfo, Frédéric Burnand à Genève

«La Genève internationale, c’est 22 organisations intergouvernementales qui couvrent la plupart des enjeux de première importance pour l’humanité, plus de 160 missions permantentes d’Etats, 250 ONG ayant un statut consultatifs auprès des Nations unies et une communauté de plus de 40’000 personnes.

Plus de 2000 conférences attirent chaque année environ 170’000 personnes. C’est aussi un pôle académique avec, entre autre, l’Institut de hautes études internationales et du développement.

Genève, centre de la gouvernance mondiale, devrait aussi s’affirmer comme un centre intellectuel où foisonnent les idées et les échanges sur les défis planétaires.»

Micheline Calmy-Rey, ministre suisse des affaires étrangères

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