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La BCE va racheter des emprunts pour plus de mille milliards

La politique monétaire ne fait pas tout, a rappelé Mario Draghi, enjoignant les gouvernements à agir contre la crise de l'euro. Keystone

La Banque centrale européenne (BCE) annonce jeudi qu’elle va racheter chaque mois pour 60 milliards d’euros d’emprunts publics et privés, dès mars et jusqu’en septembre 2016. Ceci dans le cadre d’un programme d’assouplissement quantitatif, destiné à relancer la croissance et lutter contre la déflation.

Mais la politique monétaire n’est pas tout. Mario Draghi, président de la BCE a enjoint les gouvernements de la zone euro et la Commission européenne à agir pour soutenir l’économie.

«Il faut que les gouvernements et la Commission agissent, a dit M. Draghi, juste après l’annonce de ce programme d’achats massifs très attendu. La politique monétaire peut créer les bases pour la croissance, mais pour que la croissance s’affermisse il faut de l’investissement», et c’est aux politiques d’en favoriser les conditions, a-t-il estimé.

S’exprimant au Forum de Davos juste avant l’annonce de la décision de la BCE, la chancelière allemande Angela Merkel a dit que celle-ci ne devait pas «faire dévier du chemin des réformes» les pays européens.

Le rachat de dettes publiques, un des aspects de l’assouplissement quantitatif, est perçu comme l’arme ultime d’une banque centrale pour relancer l’économie. Depuis de longs mois, l’Allemagne a multiplié les prises de position contre une telle éventualité, au motif que cela encouragerait les pays à se reposer sur la banque centrale sans mener des réformes structurelles de leurs économies.

Le but de la banque centrale est de relancer la croissance dans la zone euro et de lui éviter une situation de déflation. L’inflation est devenue négative en décembre, avec un taux de -0,2%, bien éloigné de l’objectif de la BCE qui est d’un petit peu moins de 2%.

Ces rachats d’actifs vont s’apparenter à des injections de liquidités dans le système financier de l’Union monétaire, mais auront aussi pour effet collatéral de diluer la valeur de la monnaie unique.

L’euro repart à la baisse

L’euro est d’ailleurs reparti à la baisse face au dollar jeudi après l’annonce de la BCE. Peu après 15h à Paris, la monnaie unique est tombée 1,1483 dollar, alors qu’elle évoluait quelques instants avant l’annonce autour de 1,1620 dollar et qu’elle valait 1,1607 dollar mercredi soir.

Quant au franc, s’il est resté d’abord relativement stable, il s’est cependant apprécié quelque peu par la suite. Vers 15h20, un euro se négociait à 0,985 franc, un niveau proche du plus bas historique de la devise européenne.

De quoi renforcer le franc

En Suisse, le programme de la BCE aura pour effet de renforcer le franc. Les experts helvétiques estiment néanmoins que la zone euro donne ainsi un signal favorable, qui devrait profiter à long terme à l’économie du pays et à ses exportations.

«C’est plutôt une bonne surprise par rapport aux attentes du marché», a déclaré jeudi à l’ats Angelo Ranaldo, professeur de finance et de risque systémique à l’Université de Saint-Gall. L’expert prévoit une baisse des taux d’intérêt sur les obligations des Etats de l’Union monétaire. Donc un euro affaibli par rapport au franc, du moins à court terme.

A plus long terme, ce scénario est le meilleur pour la Suisse, estime le Tessinois. Car il signifie plus de demande pour les produits et services helvétiques mais aussi un système bancaire européen en meilleure forme. D’où une moindre pression sur la valeur refuge helvétique.

Croissance en berne

«On va au-devant d’une période pénible pour l’économie suisse, nuance Andreas Höfert, chef économiste global d’UBS. Il avait déjà abaissé de 1,8% à 0,5% ses prévisions de croissance pour la Suisse cette année après l’abolition par la BNS du taux plancher. Suite aux annonces de l’institut de Francfort, il maintient ce pronostic. L’inflation, elle, devrait tomber de +0,3% à -0,6% en 2015.

Les mesures annoncées par Mario Draghi sont à double tranchant. Certes, elles raffermissent la devise helvétique. Mais à long terme, elles seront bénéfiques pour l’économie européenne, et donc aussi pour la Suisse.

Contactée, la BNS quant à elle ne s’exprime pas sur les décisions de la BCE.

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