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«La dernière chance de François Hollande»

François Hollande et Manuel Valls ont opté pour la fermeté face aux voix discordantes qui se sont faites entendre au sein du gouvernement français. AFP

Pour sauver son quinquennat, François Hollande n’avait pas le choix: il lui fallait agir face au trublion Arnaud Montebourg et un changement d’équipe s’imposait. La tâche du nouveau gouvernement français s’annonce cependant délicate si ce n’est désespérée, estime la presse helvétique.

«Le mandat de François Mitterrand avait connu le tournant de la rigueur, celui de François Hollande tourne lui à la farce. (…) Avec son scénario décousu, ses improvisations et surtout son absence de propos, la pièce que nous jouent les socialistes français depuis 2011 fait un four historique.» A l’instar du Courrier, un quotidien de gauche édité à Genève, la presse romande se montre particulièrement sévère à l’heure de commenter la plus grave crise politique que connaît le grand-frère français depuis l’élection de François Hollande à la tête de l’Etat. 

«Ce n’est pas tous les jours qu’un ministre de l’Economie piétine la politique économique de son propre gouvernement»

En Suisse alémanique, on observe également avec une certaine circonspection les soubresauts et mœurs de la politique hexagonale. «Ce n’est pas tous les jours qu’un ministre de l’Economie piétine la politique économique de son propre gouvernement et pense ensuite qu’il pourra rester tranquillement accroché à son fauteuil. Mais en France, on s’était tellement habitué aux pitreries de l’égocentrique Arnaud Montebourg que la décision inhabituellement ferme de l’Elysée a surpris tout le pays», écrit la Neue Zürcher Zeitung (NZZ), proche des milieux économiques.

Face à la fronde du bouillant ministre de l’Economie Arnaud Montebourg, le président socialiste, pressé par le chef du gouvernement Manuel Valls, a choisi la fermeté. «Longtemps larvée, la crise désormais ouverte au cœur du pouvoir est un entrelacs complexe: cassure idéologique, affrontement d’ego exacerbés, stratégies personnelles. Loin, très loin est en effet le temps où un ministre ‘fermait sa gueule’ ou démissionnait», analyse La Liberté de Fribourg.

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La «dernière chance» de Hollande

Pour le Quotidien jurassien, l’obstination de François Hollande, qui «maintient le cap contre vents et marées», a inévitablement provoqué des fissures dans son équipe gouvernementale et dans sa majorité parlementaire. «A la crise économique s’ajoute une crise politique», relève le journal de Delémont.

L’éditorialiste du Temps estime pour sa part que la France peut dire merci à Arnaud Montebourg: «En provoquant la dissolution du gouvernement auquel il appartenait, le tribun de la Bresse oblige l’exécutif à une clarification qui n’a que trop tardé sur les moyens de redresser la deuxième économie européenne».

Le Tages-Anzeiger et le Bund soulignent qu’il s’agit là de l’ultime opportunité pour le chef de l’Etat français de sortir son quinquennat du marasme. «L’occasion de réformer ce pays récalcitrant aux réformes et de briser ses rigidités n’a peut-être jamais été aussi bonne qu’aujourd’hui car le président n’a plus rien à perdre. (…) C’est la dernière chance qui s’offre à François Hollande pour marquer son empreinte politique et arracher son action à la banalité», écrivent les deux journaux dans un éditorial commun.

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«Redresser le bateau ivre»

La plupart des éditorialistes doutent cependant des chances de succès du nouveau gouvernement Valls, qui sera présenté ce mardi. «François Hollande n’avait pas vraiment le choix s’il veut sauver son quinquennat. Car il fallait impérativement redresser le bateau ivre qu’était devenu son gouvernement pour continuer d’espérer. Mais la tâche du nouveau gouvernement qui doit être présenté aujourd’hui reste désespérée», avance L’Express de Neuchâtel.

Même son de cloche dans la Basler Zeitung: «François Hollande tente de restaurer son autorité avec un remaniement improvisé. Mais ce sera difficile, car il est trop évident que cette crise gouvernementale est le symptôme d’une faiblesse qui a été diagnostiquée bien avant ce week-end.»

La Liberté imagine surtout la consternation qui règne aujourd’hui à Berlin ou Bruxelles. «A l’heure même où l’UE doit se choisir une nouvelle équipe dirigeante, la France s’enfonce un peu plus dans son rôle de ‘nouvel homme malade’ de l’Europe. Les affligeants indicateurs économiques du pays (chômage, croissance, déficits publics) le confirment de mois en mois, sans espoir de redressement à court ou moyen terme.»

«Cure de libéralisme» vs «keynésianisme grossier»

Le Courrier se désole quant à lui de la «cure de libéralisme» infligée par Manuel Valls et du tournant ouvertement social-libéral pris par François Hollande avec l’éviction de ses ministres représentant la ligne gauche du PS (Arnaud Montebourg, Aurélie Filipetti et Benoît Hamon):

«Le seul exécutif ‘social-démocrate’ de poids du continent s’aligne au millimètre sur la position allemande!»

«Les entreprises de France ont beau être les plus généreuses d’Europe avec leurs actionnaires, l’Etat mettra des dizaines de milliards d’euros de sa poche pour les soutenir. A l’heure où le marasme de la zone euro devient le plus évident réquisitoire contre la politique déflationniste imposée par l’UE, le seul exécutif ‘social-démocrate’ de poids du continent s’aligne au millimètre sur la position allemande! En rappelant cette dérangeante vérité à une semaine d’un Sommet européen extraordinaire, Arnaud Montebourg ne pouvait que faire exploser le gouvernement.»

Condamnant le «keynésianisme grossier que prônent Arnaud Montebourg et ses alliés», Le Temps détaille au contraire les recettes libérales qui doivent selon lui permettre de sortir la France de cette situation délicate: «Desserrer le corset réglementaire qui empêche le marché du travail de fonctionner, baisser les impôts des entreprises pour leur permettre d’investir (ce que le gouvernement a commencé à faire, au grand scandale de la «vraie gauche»), réduire les prélèvements qui amputent les salaires. Le tout passant forcément par la réduction des dépenses publiques et l’allégement de l’administration la plus éléphantesque d’Europe».

Toute la question est désormais de savoir si une majorité de socialistes est prête à soutenir un nouveau cours qui s’assumerait comme social-libéral, relève encore Le Temps

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