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La liberté d’un Suisse en Libye valait 9000 francs

Mercredi, c'est à nouveau Jean-Philippe Jeannerat, porte-parole des Affaires étrangères, qui s'est adressé à la presse. Keystone

Deux fois 10'000 dinars libyens (soit 18'000 francs suisses): c'est le montant de la caution pour les deux Helvètes emprisonnés à Tripoli. Et même si Berne se refuse à tout commentaire à ce sujet, swissinfo sait que l'Algérie, l'Egypte et la France ont joué un rôle dans le dénouement de cette crise.

C’est le dégel entre la Suisse et la Libye. Mardi soir, on apprenait la libération sous caution des deux Suisses emprisonnés et, mercredi, on sait à combien s’élevait cette caution.

Ce sont les entreprises pour lesquelles ils travaillent qui ont payé ces montants via des avocats locaux, précise Jean-Philippe Jeannerat, porte-parole du ministère des Affaires étrangères (DFAE).

Les deux hommes d’affaires sont en bonne santé et peuvent se déplacer librement. Toutefois, ils ne peuvent pas quitter le pays. L’un d’entre eux est au service du groupe technologique helvético-suédois ABB, qui s’est réjoui de sa libération. On ne connaît pas le nom de la société pour laquelle travaille le second.

Interrogé sur les risques encourus par les deux inculpés, Jean-Philippe Jeannerat ne s’est pas avancé, se contentant de relever que la libération sous caution peut peut-être signifier que les chefs d’inculpation ne sont pas extrêmement lourds. L’instruction est notamment menée pour infraction aux dispositions d’entrée et de séjour sur le territoire.

Le DFAE n’a pas eu connaissance d’autre cas touchant des Suisses. La situation des entreprises suisses actives en Libye est en cours d’éclaircissement.

Dans ce dossier, le DFAE privilégie la voie bilatérale. Jean-Philippe Jeannerat rappelle cependant qu’il n’a jamais dit que la Suisse aurait décliné des offres de tiers pour une médiation. Elles ont été reçues avec gratitude.

Un petit coup de pouce

Or, swissinfo a appris de sources diplomatiques dans une capitale du Maghreb que les présidents algérien Abdelaziz Bouteflika et français Nicolas Sarkozy ont téléphoné au Colonel Kadhafi pour l’inciter à éviter l’escalade et à chercher une issue politique à la crise.

Selon les mêmes sources, le président égyptien Hosni Moubarak a confié à l’un de ses proches collaborateurs la mission de «calmer la colère des responsables libyens et les encourager à chercher la voie du dialogue avec Berne dans cette affaire».

Ainsi, l’ambassadeur égyptien en Libye a joué un rôle dans cette démarche ainsi qu’Ahmed Qaddaf Eddam, ambassadeur libyen en Egypte, qui se trouve actuellement à Tripoli.

A ce propos, Jean-Philippe Jeannerat déclare que le DFAE «garde sa discrétion et ne fournit ni informations ni commentaires sur les hypothèses ou les spéculations en relation avec les offres de bons offices».

Sortie de crise ?

S’il ne parle pas de sortie de crise, le porte-parole a le sentiment que les deux pays ont fait beaucoup de travail ces derniers jours et que ce travail «commence à donner des résultats».

Un autre signe de détente est venu de la Libye, qui laisse ouverts les robinets de pétrole. Mardi, un pétrolier a été chargé avec 80’000 tonnes de brut à destination de la Suisse. Il a pris la direction de Gênes en Italie. Ce pétrole doit être traité dans la raffinerie Tamoil de Collombey en Valais.

La compagnie nationale libyenne avait pourtant annoncé jeudi dernier qu’elle cessait ses livraisons de brut à la Suisse. Les autorités helvétiques n’ont cependant reçu aucune notification d’embargo. Et de fait, les livraisons n’ont jamais cessé

Affaire classée ?

S’agissant de la procédure ouverte en Suisse contre Hannibal Kadhafi et son épouse, le juge d’instruction genevois Michel-Alexandre Graber, a expliqué mercredi que la plupart des infractions présumées du couple ne peuvent être poursuivies que sur plainte. En cas de retrait de la plainte, un classement serait alors possible.

Les domestiques du couple Kadhafi, qui ont porté plainte contre leurs employeurs pour maltraitance, n’envisagent pas pour l’instant de retirer leur plainte, mais «ils ne sont pas totalement fermés à cette éventualité», selon leur avocat, Me François Membrez.

Il précise que ses clients, un Marocain et une Tunisienne, sont toujours à Genève. Selon lui, la mère du premier a été emprisonnée en Libye et son frère se cache encore.

swissinfo et les agences

15 juillet: Hannibal Kadhafi et sa femme Aline, enceinte de neuf mois, sont arrêtés à l’hôtel Wilson à Genève. Ils sont soupçonnés d’avoir maltraité leurs domestiques, une Tunisienne et un Marocain, ce qu’ils nient.

17 juillet: Après deux nuits en détention préventive, le couple est inculpé de lésions corporelles simples, menaces et contraintes, mais remis en liberté contre une caution de 500’000 francs. Il regagne la Libye.

19 juillet: Deux ressortissants suisses sont arrêtés en Libye, sous prétexte d’infractions à la législation sur l’immigration et le séjour.

22 juillet: La ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey téléphone à son homologue libyen pour protester.

23 juillet: Tripoli menace la Suisse de stopper ses livraisons de pétrole brut. Berne envoie une délégation diplomatique en Libye et déconseille aux citoyens suisses de se rendre dans ce pays.

25 juillet: La délégation est de retour en Suisse après avoir rencontré des hauts responsables. La France et l’Italie proposent une médiation.

26 juillet: La Libye exige des excuses de la Suisse pour l’arrestation des Kadhafi et l’interruption des poursuites à leur encontre. La Suisse refuse.

28 juillet: Le ministère des Affaires étrangères annonce que Berne et Tripoli négocient directement sans recourir à une médiation tierce.

29 juillet: Les deux Suisses inculpés en Libye sont libérés sous caution.

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