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La Suisse doit améliorer la sécurité nucléaire

Mühleberg, ouverte en 1972, est la plus ancienne des centrales suisses. Ex-press

Le rapport sur la sécurité nucléaire en Suisse pointe du doigt des lacunes qui, même si elles ne sont pas immédiatement dangereuses, ont de quoi nourrir les inquiétudes. Et la presse de ce vendredi ne manque pas de le souligner.

Demandé après Fukushima, le rapport l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) est tombé jeudi. S’il ne préconise pas l’arrêt des centrales les plus anciennes – que demandent les Verts et la gauche -, il relève que les cinq sites présentent des points faibles.

Comme on pouvait s’y attendre, ce sont Mühleberg et Beznau qui accusent le plus de faiblesses. Dans les deux cas, le système de refroidissement de la piscine des assemblages combustibles est «insuffisamment protégé contre les séismes et les inondations». Et les mesures d’urgence permettant de rétablir le refroidissement dans un tel cas sont «incomplètes».

Les centrales plus récentes de Leibstadt et de Gösgen connaissent, elles, seulement des problèmes d’indication du niveau et de la température de la piscine de stockage. Les exploitants ont jusqu’au 31 août pour présenter des mesures d’amélioration.

Risques politiques

En attendant, le rapport est largement présenté dans la presse suisse de vendredi, et commenté surtout en Suisse alémanique.

Pour la Neue Zürcher Zeitung, un des enseignements à en tirer est que «l’énergie nucléaire suppose un risque résiduel, qui doit être diminué, mais qui ne peut pas être totalement éliminé. Il appartient donc à la politique de décider si ce risque est acceptable».

Mais les dernières semaines ont laissé planer le doute sur la capacité du parlement et des partis à empoigner ces problèmes, dont certains, comme les adaptations à faire sur les centrales, sont purement techniques. Pour le quotidien zurichois. «maintenant que les autorités de sécurité ont défini les risques techniques, c’est à Doris Leuthard, ministre de l’énergie, de reconnaître les risques politiques et de prendre les choses en main».

Rassurant ou inquiétant ?

Le rapport de l’ IFSN «ne fait pas mystère de ses intentions: rassurer les Suisses après l’accident de Fukushima», note 24 heures. Or, le but n’est pas vraiment atteint. En effet, on aurait à le lire «la désagréable impression que les experts ont mélangé constat scientifique et conclusions politiques».

Or des experts, «on attend d’abord l’impartialité et la rigueur. A trop vouloir rassurer, le rapport ne peut que nourrir les suspicions. Et il n’a pas calmé le débat», relève le quotidien lémanique.

Pour le Tages Anzeiger, «on pourrait dire, dans une perspective froidement technologique, que Fukushima va améliorer la sécurité des installations nucléaires suisses». Et ces améliorations sont indispensables, car maintenir le parc nucléaire en état le plus longtemps possible sera «déterminant pour l’avenir de la politique énergétique».

«Même les adversaires du nucléaire ne peuvent pas exiger sérieusement que l’on arrête tout le plus vite possible, poursuit le quotidien zurichois. Au contraire, celui qui veut vraiment sortir du nucléaire doit être intéressé à ce que le courant atomique continue à couler encore assez longtemps. Ce n’est qu’ainsi que pourront se former les majorités politiques nécessaires pour faire passer les alternatives».

Et dans combien de temps ce but ambitieux pourrait-il être atteint ? Pour le Tages Anzeiger, c’est à l’évidence une question de «décennies».

Tout de suite !

Beaucoup plus radical, Le Blick souligne que les lacunes de sécurité pointées du doigt par le rapport portent sur les systèmes de refroidissement, ceux-là précisément qui sont la cause principale de la catastrophe de Fukushima. Nous sommes ainsi «assis sur une bombe, qui peut exploser n’importe quand».

Pour le quotidien de boulevard, il faut donc immédiatement débrancher les centrales à risques, jusqu’à ce qu’elles remplissent les critères de sécurité. «Et si elles ne sont pas en mesure de le faire, alors, qu’elles restent arrêtées».

A plus long terme, pour le Blick, les choses sont claires: «nous ne pourrons jamais être en sécurité avec l’énergie nucléaire. La prochaine catastrophe est assurée. Il est temps d’en sortir».

Les Verts, anti-nucléaires de la première heure, vont lancer une initiative populaire pour bannir cette forme d’énergie.

Les Verts libéraux demandent une taxe sur les énergies non renouvelables.

Les socialistes font campagne pour booster les énergies respectueuses de l’environnement.

Les démocrates-chrétiens demandent une révision de la politique énergétique et sont pour l’arrêt de la planification de nouvelles centrales.

Les libéraux-radicaux ont d’abord refusé de reconsidérer leur politique énergétique, mais semblent prêts à le faire maintenant.

L’UDC (droite conservatrice) considère que le Japon n’est pas la Suisse et qu’il n’y a pas de raison de revoir notre politique énergétique.

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