La Suisse pourrait bannir la publicité du tabac
L’initiative pour une interdiction de la publicité du tabac pourrait bel et bien être acceptée, selon le deuxième sondage de la SSR en vue des votations du 13 février. En revanche, le paquet d'aide aux médias est en mauvaise posture à dix jours de la votation.
Malgré la progression du camp du non, l’initiative populaire contre la publicité du tabac séduit toujours une large majorité des Suisses. Le texte demande l’interdiction, pour les produits du tabac, de «toute forme de publicité qui atteint les enfants et les jeunes».
63% des personnes interrogées soutiennent le projet des milieux de la prévention, alors que 35% s’y opposent, révèle le deuxième sondage réalisé par l’institut gfs.bern pour le compte de la Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR, dont fait partie swissinfo.ch).
Le taux d’approbation de l’initiative a diminué de 10 points de pourcentage au cours de la campagne. Les adversaires du texte ont certes réussi à marquer des points à droite de l’échiquier politique, mais l’argumentaire des promotrices et des promoteurs de l’initiative continue à faire mouche. Si la vente de cigarettes est interdite aux personnes mineures, il est logique d’interdire également la publicité qui les cible, estime la majorité des personnes sondées.
Pour la seconde enquête démographique en vue de la votation fédérale du 13 février 2022, l’Institut gfs.bern a interrogé, entre le 19 et le 26 janvier, 7 660 personnes ayant le droit de vote, sélectionnées de manière représentative et réparties dans toutes les régions linguistiques de Suisse. La marge d’erreur statistique est comprise entre +/-2,8 points de pourcentage.
En revanche, le contre-projet indirect élaboré par le gouvernement et le Parlement, qui présente peu de nouveautés, ne parvient pas à convaincre. Seuls 36% ont l’impression qu’il suffirait à protéger les jeunes du tabagisme.
Le non à l’aide aux médias progresse
Le paquet d’aides financières en faveur des médias risque de ne pas passer l’écueil des urnes. Le projet des autorités prévoit d’allouer une enveloppe de 150 millions de francs supplémentaires par an aux journaux, radios, télévisions privées et médias en ligne.
Selon le deuxième sondage de la SSR, 49% des Suisses comptent rejeter le train de mesures, alors que 46% le soutiennent et 5% sont encore indécis.
Le camp du non a gagné un peu de terrain au cours de la campagne, alors que le soutien aux arguments en faveur du paquet d’aide a diminué. Les adversaires de la loi convainquent lorsqu’ils argumentent que ce n’est pas le rôle de l’État de protéger un secteur économique contre les bouleversements du marché. Dans le camp du oui, une majorité des personnes estiment que le train de mesures fortifie la démocratie suisse en promouvant une activité journalistique indépendante jusque dans les régions.
L’aide aux médias polarise fortement l’opinion publique. La gauche est pour, la droite est contre. Les votes des électrices et électeurs du centre et des personnes qui n’ont pas de parti vont être déterminants, relèvent les politologues de gfs.bern. Ils estiment que l’issue du vote reste ouverte et que les derniers jours de la campagne seront décisifs.
Le droit de timbre pourrait rester
Les Suisses semblent ne pas vouloir alléger la taxation des grandes entreprises basées en Suisse, comme le souhaitent le gouvernement et le Parlement. Au fil de la campagne, les adversaires de la suppression du droit de timbre sur le capital propre, perçu lorsqu’une entreprise veut lever des fonds en émettant des titres, sont parvenus à conserver leur légère avance.
53% des personnes sondées voteraient contre la modification de la loi fédérale sur les droits de timbre, alors que 39% y seraient favorables.
Le sujet polarise aussi l’opinion. La droite est largement en faveur de la suppression d’un impôt qui touche les grandes entreprises. À gauche, l’opposition est nette et s’est encore renforcée au cours de la campagne. En outre, les arguments en faveur du non font mouche. Les deux tiers des votant-es estiment que les grands groupes et les sociétés financières n’ont pas besoin que leur fardeau fiscal s’allège.
Un rejet du projet des autorités est le scénario le plus probable, selon gfs.bern. «Le projet est perçu comme injuste et ce type d’argumentation a déjà fait rejeter d’autres projets d’imposition des entreprises, dont par exemple la Réforme de l’imposition des entreprises III», lit-on dans le rapport de l’institut de sondage.
Pas de frein à l’expérimentation animale
Les Suisses devraient se prononcer pour la quatrième fois contre l’interdiction de l’expérimentation animale. À l’aune du deuxième sondage en vue des votations du 13 février, le sort de l’initiative est scellé.
68% des personnes interrogées comptent rejeter le texte et 26% seulement ont l’intention de l’accepter. Le camp du non a progressé de 20 points de pourcentage en un mois.
De gauche à droite de l’échiquier politique, on rejette le texte qui veut bannir toute expérimentation sur les humains et les animaux, ainsi que l’importation de produits qui impliquent le recours à ce type d’expériences.
Une majorité des Suisses estiment que le cadre légal actuel permet déjà de réduire les expériences sur les animaux au strict minimum nécessaire à la recherche. Ils craignent aussi qu’une interdiction de ce type d’expérimentation contraigne les chercheuses et les chercheurs à aller travailler à l’étranger.
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