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La Suisse poursuit son intégration européenne

Les partisans du rapprochement avec l’Union européenne l’ont finalement remporté Keystone

En acceptant, même timidement, une participation aux traités de Schengen/Dublin, la Suisse poursuit son intégration à l’Union européenne (UE).

L’Union démocratique du centre (UDC / droite dure) subit une nouvelle défaite. Mais elle pourrait prendre sa revanche cet automne avec le vote sur la libre circulation des personnes.

Les dernières semaines ont été éprouvantes pour les partisans d’un rapprochement avec l’UE. Donné d’abord largement favori, le camp du «oui» aux traités de Schengen/Dublin s’est réduit comme peau de chagrin au fil des semaines.

Il faut dire que les opposants n’ont pas lésiné sur les moyens pour faire passer leur message, misant sur une campagne très émotionnelle qui promettait une hausse de la criminalité et une perte des emplois en cas de «oui».

Les opposants ont même profité d’un soutien inattendu: celui de pays membres de l’UE. Les refus français et néerlandais à la Constitution européenne ont été du plus mauvais effet et ont mis en lumière une UE doutant d’elle-même.

Un résultat timide

Dimanche, c’est donc assez timidement que les Suisses ont approuvé ces accords. Une fois de plus, les partisans du rapprochement avec l’UE l’ont finalement remporté grâce à une alliance entre la Suisse romande et les zones urbaines de Suisse alémanique.

Autre facteur, les votes français et néerlandais sont arrivés trop tard pour influencer le scrutin en Suisse. En raison du vote anticipé par correspondance, de nombreux citoyens s’étaient déjà prononcés sur la question.

Il est vrai que sur le fond, les accords de Schengen et de Dublin ne devraient pas changer radicalement la vie des Suisses. Il s’agit avant tout d’accords techniques en matière de politique de sécurité et d’accueil des réfugiés.

Revers pour la droite dure

Le résultat de dimanche marque un nouveau revers pour l’UDC. En décembre 1992, pratiquement seul contre tous, ce parti avait réussi à faire capoter l’entrée de la Suisse dans l’Espace économique européen (EEE), ce qui avait lancé sa fulgurante ascension sur la scène politique suisse.

L’UDC est depuis lors championne d’une certaine idée de la neutralité suisse, une neutralité qui consiste à rester en marge des grandes institutions internationales.

Force est cependant de constater que l’UDC multiplie les échecs. Le parti s’est en effet opposé sans succès à l’acceptation des Bilatérales I puis II avec l’UE, à l’adhésion à l’ONU et à l’envoi de soldats suisses armés à l’étranger.

Rendez-vous capital en septembre

La droite dure n’a pourtant certainement pas dit son dernier mot. En effet, les citoyens doivent se prononcer en septembre prochain sur l’extension de la libre circulation des personnes aux dix nouveaux pays membres de l’UE.

Or cette extension fait peur. En France la crainte des délocalisations et de l’afflux de main-d’œuvre sous-payée – le désormais fameux syndrome du «plombier polonais» – ont pris une part non négligeable dans le refus de la Constitution européenne.

En Suisse aussi, les pays de l’Est font peur, d’autant que la situation économique reste morose. L’UCD pourra donc jouer sur du velours, surtout qu’elle n’est pas la seule à s’inquiéter de l’extension de la libre circulation. L’extrême gauche et une partie des syndicats expriment également des doutes.

Un refus de l’extension pourrait apporter un coup sérieux au rapprochement avec l’UE. Le vote du 25 septembre sera donc capital.

Le scrutin de Schengen/Dublin faisait un peu office de test avant la votation sur l’extension de la libre circulation. Passé sans enthousiasme, ce test devrait davantage inquiéter que rassurer les partisans d’un rapprochement avec l’UE.

swissinfo, Olivier Pauchard

Les accords de Schengen/Dublin ont été acceptés par 54,6% des citoyens
14 cantons et demi-cantons sur 26 les ont refusés
Le prochain vote concernant l’UE aura lieu le 25 septembre
Il s’agira de se prononcer sur l’extension de la libre circulation des personnes aux dix nouveaux pays membres de l’UE
La Suisse ne pourra pas participer aux accords Schengen/Dublin avant 2008

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