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La Suisse prend les mêmes sanctions que l’UE contre la Russie

conférence de presse du Conseil fédéral sur la crise ukrainienne
Les conseillers fédéraux Ueli Maurer, Viola Amherd, le président de la Confédération Ignazio Cassis et Karin Keller Sutter (de gauche à droite), en conférence de presse sur la crise ukrainienne. Keystone / Peter Schneider

La Confédération reprend les sanctions européennes à l'encontre de la Russie, en réponse à l'intervention militaire en Ukraine. Le Conseil fédéral a décidé lundi de geler les avoirs du président russe Vladimir Poutine et de deux de ses ministres.

Les dons peuvent être effectués sur bonheur.chLien externe ou au numéro de compte postal 10-15000-6 avec mention «Crise en Ukraine».

Dans un premier temps, l’aide se concentrera sur l’accueil des réfugiés dans les pays voisins, notamment en Pologne. La Chaîne du Bonheur travaille en collaboration avec Caritas, la Croix-Rouge suisse, l’EPER, Helvetas, Medair, Médecins sans frontières et la fondation Terre des hommes. En fonction de l’évolution de la situation, la Chaîne du Bonheur prévoit d’étendre son soutien à des projets d’aide à l’intérieur de l’Ukraine. Les dons seront exclusivement utilisés pour l’aide humanitaire.

La Chaîne du Bonheur est une fondation privée. Née d’une émission de ce qui était alors la Radio Suisse Romande, elle est devenue le bras humanitaire de la radio-télévision suisse de service public SSR, à laquelle appartient aussi SWI swissinfo.ch.

Réuni en séance extraordinaire ce lundi, le gouvernement suisse a décidé de reprendre sans «la moindre exception» tout le paquet de sanctions édictées par l’Union européenne (UE) contre la Russie. Il s’agit essentiellement de sanctions financières ou touchant aux biens, a-t-il précisé dans son communiquéLien externe.

Le président russe Vladimir Poutine, son Premier ministre Mikhail Michoustine et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov font partie des personnes visées par les sanctions financières, qui prennent effet immédiatement, a déclaré le président de la Confédération Ignazio Cassis lors d’un point de presse.

La Confédération entend ainsi réagir aux graves violations du droit international public dont ces personnes se sont rendues responsables, a expliqué le gouvernement.

L’interdiction de faire des affaires avec la Crimée et Sébastopol, en vigueur depuis 2014, a été étendue aux zones des oblasts de Donetsk et de Louhansk, qui ne sont plus contrôlées par le gouvernement ukrainien. Le gouvernement interdit aussi l’exportation de biens à double usage, civil et militaire, vers la Russie.

Revoir la conférence de presse du Conseil fédéral:

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Restrictions d’entrée et fermeture de l’espace aérien

Le Conseil fédéral a par ailleurs prononcé des interdictions d’entrée à l’encontre de cinq personnalités russes ou ukrainiennes ayant des liens avec la Suisse et proches du président russe, a indiqué la ministre de justice et police Karin Keller-Sutter, sans donner leurs noms. Certains fonctionnaires ou entrepreneurs russes ne pourront plus obtenir de visa à des conditions facilitées, en raison de la suspension partielle de l’accord de 2009 visant à faciliter leur obtention.

L’espace aérien est fermé depuis lundi 15h00 à tous les vols en provenance de Russie et à tous les avions russes, a ajouté Ignazio Cassis, qui est aussi ministre des Affaires étrangères. Des exceptions sont prévues pour les vols humanitaires, médicaux ou diplomatiques.

«Il s’agit d’une mesure de grande ampleur prise par la Suisse», a relevé Ignazio Cassis, ajoutant que le Conseil fédéral «fait ce pas avec conviction, de manière réfléchie et sans équivoque».

La Suisse soutiendra l’exclusion de la Russie du système Swift

Les sanctions peuvent être mises en œuvre facilement, a souligné le ministre des finances Ueli Maurer. Les biens des personnes figurant sur les listes de l’UE sont immédiatement gelés. Elles ne pourront pas ouvrir de nouveaux comptes en Suisse.

L’ordonnance du Conseil fédéral sera révisée encore cette semaine, dès qu’on connaîtra les détails des mesures européennes, a précisé le conseiller fédéral. Mais la question ne se pose pas de savoir si la Confédération participera à l’exclusion de la Russie du système financier Swift. «La Suisse soutiendra la décision», a-t-il souligné.

La Confédération entend continuer à être une place financière transparente, a indiqué Ueli Maurer, en précisant que la Russie n’était pas la place la plus importante pour les investisseurs helvétiques. Il a précisé que la place financière suisse ne serait pas directement touchée par ces sanctions.

Le secteur des matières premières, très actif en Suisse, n’est pas concerné, l’UE n’ayant pas décidé de sanctions dans ce domaine, a indiqué Ueli Maurer. La loi permet à la Suisse de reprendre des sanctions européennes, mais pas de décider de sanctions propres, a-t-il expliqué.

La Suisse propose ses bons offices

En prenant cette décision, «un pas difficile», le Conseil fédéral a tenu compte du droit de la neutralité et de considérations relatives à la politique de paix, a expliqué Ignazio Cassis. Cette décision ne remet pas en cause la disposition de la Confédération à contribuer activement à la résolution du conflit par le biais de ses bons offices, a répété le conseiller fédéral à plusieurs reprises.

Mais cette attaque militaire sans précédent perpétrée par la Russie contre un État européen souverain a incité le gouvernement à modifier sa pratique en matière de sanctions. Faire le jeu de l’agresseur n’est pas compatible avec la neutralité, a développé le ministre des Affaires étrangères.

La sauvegarde de la paix et de la sécurité ainsi que le respect du droit international constituent des valeurs démocratiques que la Suisse partage et défend avec ses voisins européens, a insisté le ministre. Septante-cinq ans après la Deuxième Guerre mondiale, l’offensive russe sur le continent européen est une attaque contre la souveraineté, la démocratie, la société civile ou encore la liberté, a déclaré Ignazio Cassis. Cette attaque «est inacceptable, du point de vue du droit international, politique et moral».

Le Conseil national, la Chambre basse du Parlement, a observé une minute de silence lundi en ouverture de la session de printemps face à la guerre en Ukraine. «La neutralité, ce n’est pas se taire», a lancé la présidente du National, l’écologiste Irène Kälin.

Le plaisir de débuter cette session sans masque ni plexiglas est assombri par l’agression russe en Ukraine, a-t-elle dit. Les Chambres fédérales condamnent sans réserve cette intervention. «Nous avons une obligation morale de tout mettre en œuvre pour la démocratie, les droits humains, la liberté», a poursuivi la première citoyenne du pays.

Le National a condamné « fermement » l’agression russe, en présence de l’ambassadeur ukrainien en Suisse. Il a largement adopté une déclaration demandant au gouvernement de s’associer aux sanctions prises par l’UE, à laquelle seule une partie de l’UDC (droite conservatrice) s’est opposée.

Solidarité avec la population ukrainienne

Les Etats démocratiques qui respectent le droit international et les droits humains doivent pouvoir compter sur la Suisse, a-t-il encore poursuivi.

Le gouvernement a réitéré la solidarité de la Suisse avec l’Ukraine et sa population. Ces prochains jours, des produits de première nécessité, à destination de la population ukrainienne se trouvant en Ukraine et dans les pays voisins, seront acheminés à Varsovie, la capitale polonaise.

Les Ukrainien-nes pourront entrer sur sol helvétique sans visa et rester dans le pays pendant 90 jours, a poursuivi Karin Keller-Sutter. S’agissant de réfugiés fuyant une guerre, ils n’auront pas besoin de présenter un passeport.

Leur situation après les 90 jours en question reste encore à régler, a-t-elle continué. Une solution serait de leur accorder un statut S, créé après les conflits dans les Balkans. Encore jamais utilisé, un tel statut offre une protection provisoire à son détenteur en temps de crise aiguë quand le système est surchargé.

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