La Suisse veut réduire ses émissions de 50% d’ici 2030
La ministre de l'environnement Doris Leuthard a annoncé vendredi les objectifs de la Suisse en matière de protection du climat. D'ici 2030, le pays veut réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50% par rapport à 1990.
En décembre 2015, un nouvel accord climatique international doit être conclu lors de la Conférence de Paris. D’ici là, tous les Etats membres de la Convention de l’ONU sur les changements climatiquesLien externe devront avoir annoncé leur engagement pour l’après 2020.
Ceux de la Suisse, que la ministre qualifie d’«ambitieux, mais réalistes» avaient été approuvés par le gouvernement en novembre dernier déjà.
La Suisse est responsable de 0,1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Du fait de la structure de son économie, elle a un niveau d’émission bas, soit 6,4 tonnes par an par habitant. C’est pourquoi le gouvernement a fixé à 30% au moins la part de réduction qui devra intervenir sur territoire helvétique. Le reste pourra être réalisé par le biais de projets à l’étranger.
«Des entreprises helvétiques polluent dans d’autres pays et la Suisse importe des produits qui ont été fabriqués à l’étranger et qui ont émis des CO2 dans ces pays-là», a rappelé Doris Leuthard.
Cette solution permet aussi de répartir les mesures nationales sur une période plus longue et de tenir compte des capacités de l’économie.
Renforcer ce qui existe déjà
Grâce aux mesures prises jusqu’ici, la Suisse émet déjà aujourd’hui moins de gaz à effet de serre qu’en 1990. Sa loi sur le CO2 prescrit une baisse des émissions de 20% jusqu’en 2020 par le biais de mesures nationales.
Cette loi sera encore modifiée. Le projet est attendu en consultation pour la mi-2016. Pour le reste, l’essentiel des propositions présentées par Doris Leuthard vise le renforcement des mesures existantes.
Plusieurs instruments seront mis à contribution: taxe sur le CO2, baisse des émissions des voitures neuves, obligation pour les importateurs de carburants de compenser une partie du CO2 émis par les transports, programmes d’isolation des bâtiments en vue d’optimiser l’efficacité énergétique.
Avec cet objectif de -50%, la Suisse s’inscrit dans la fourchette définie par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIECLien externe), qui va de 40 à 70%.
«Complètement insuffisant»
Première réaction à cette annonce: celle de l’Alliance climatiqueLien externe. Pour ce groupement d’une cinquantaine d’organisations écologistes et de coopération au développement, les propositions de la Suisses sont «complètement insuffisantes».
«C’est aux pays nantis de faire plus, alors que les personnes qui souffrent du changement climatique se trouvent aujourd’hui dans les pays en développement», écrit l’organisation
En outre, elle a calculé que l’objectif de 30% au moins à l’intérieur du pays jusqu’en 2030 «signifie qu’à partir de 2020 la Suisse ne va réduire ses émissions que de 1% par an», alors que 3% au moins seraient nécessaires.
«Ainsi la Suisse freine ses efforts de protection du climat et elle se fait aussi clairement dépasser par l’UE ou même par les Etats-Unis, qui prévoient une diminution de 2% par an», constate Patrick Hofstetter, coordinateur de l’Alliance climatique et expert climatique du WWF Suisse.
Pour le parti écologiste également, la Suisse doit montrer l’exemple. Les Verts demandent que le pays diminue d’au moins 75% ses émissions d’ici 2030. L’économie profiterait ainsi d’objectifs climatiques ambitieux. Car la protection du climat est génératrice d’emplois et permet de renforcer l’économie locale, plaident les Verts.
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