La violence ne résout rien
La presse suisse estime que toutes les conditions étaient réunies pour assister à une flambée de violence au Proche-Orient. Pour autant, aux yeux des commentateurs, l'offensive israélienne dans la bande de Gaza ne résoudra – une nouvelle fois – rien.
Dans leurs éditions de lundi, les journaux suisses ne se montrent guère surpris par l’attaque – pour l’heure aérienne et peut-être bientôt terrestre – de l’armée israélienne contre le mouvement islamiste radical Hamas. Pour les commentateurs, cet embrasement dans la bande de Gaza était écrit d’avance.
«Ce n’était qu’une question de temps», écrit l’Aargauer Zeitung. Le quotidien argovien rappelle qu’Israël avait déjà à plusieurs reprises annoncé qu’il y aurait une réaction militaire aux tirs de roquettes en provenance de Gaza.
Le quotidien 24 heures estime qu’à Gaza, le Hamas ne peut s’accommoder d’un cessez-le-feu qui laisse se poursuivre le blocus israélien et que du côté de l’Etat hébreu, la campagne électorale en cours ne plaide pas pour une riposte mesurée aux attaques du Hamas. Quant aux Etats-Unis, ils sont en pleine transition politique. «Toutes les conditions étaient donc réunies pour que l’année s’achève sur une nouvelle épreuve de force», conclut le journal vaudois.
Le Temps partage cette analyse. «Aujourd’hui, la conjonction d’un interrègne américain et d’une échéance électorale israélienne ne s’est pas seulement révélée explosive dans les rues dévastées de Gaza. Elle risque aussi de modeler en profondeur les années à venir», écrit le quotidien romand.
Une violence inutile
Les commentateurs restent sceptiques par rapport à l’intervention israélienne. A leurs yeux, cette intervention militaire ne peut en aucun cas résoudre des problèmes politiques.
Le commentateur de la Basler Zeitung résume bien l’opinion générale en parlant de «violence inutile». Et le quotidien bâlois de poser la question: «A quoi sert l’utilisation massive de moyens militaires dans un conflit qui ne peut être résolu que politiquement?».
Beaucoup de commentateurs tirent d’ailleurs un parallèle avec l’intervention israélienne au Liban en 2006. Cette opération de grande ampleur destinée à libérer deux soldats pris en otage s’était finalement soldée par «une défaite honteuse d’Israël», selon les mots de l’Aargauer Zeitung.
«Après 33 jours et la mort de 1200 Libanais, de 4 observateurs de l’ONU, de 44 civils israéliens et de 119 soldats israéliens, Israël n’avait pourtant pas atteint des objectifs militaires. Le Hezbollah n’a pas été désarmé, malgré une résolution de l’ONU, et reste aujourd’hui plus fort que jamais», rappelle ainsi Der Bund.
Israël ne peut que perdre
Pour beaucoup de commentateurs, le grand problème d’Israël, c’est qu’il n’a pas d’objectifs clairs. «Dans l’actuelle offensive contre la bande de Gaza, on ne perçoit pour le moment pas de plan réfléchi avec des perspectives à long terme», juge ainsi la Neue Zürcher Zeitung.
Pire: à terme, le déchaînement de la violence ne peut être que contre-productif pour Israël. «Loin d’affaiblir le Hamas, le coup de force israélien lui donnera de nouvelles armes, de nouveaux alliés, une force qui, à terme, n’en sera que décuplée pour tous les extrémistes», prédit Le Temps.
Pour le Tages Angeiger, «aussi impressionnante qu’elle soit, l’offensive militaire dans la bande de Gaza ne met pas en évidence les forces, mais les faiblesses d’Israël». Et Der Bund de conclure qu’avec cette opération, «Israël ne peut que perdre».
swissinfo, Olivier Pauchard
Le Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza a récemment mis fin à la trêve avec Israël est a recommencé à tirer des roquettes sur le sud d’Israël. Ces tirs ont jusqu’à présent provoqué la mort de deux civils.
Les Forces israéliennes de défense ont répliqué dès samedi par un bombardement aérien intensif. Ces attaques ont provoqué la mort d’au moins 307 Palestiniens, pour plus de la moitié des membres des forces de sécurité du Hamas.
Dimanche, Israël a déployé des blindés près de la frontière et a rappelé 6500 réservistes, ce qui pourrait annoncer une offensive terrestre.
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