Le canton de Genève renonce à sa plate-forme de vote électronique
Le gouvernement genevois (Conseil d'Etat) ne va plus investir dans son système qui devait subir une révision, selon la RTS. Des raisons financières seraient à l'origine de la décision, non un problème de sécurité du vote électronique.
Rien à voir a priori avec le test de piratage réalisé il y a un mois. Des hackers, engagés pour vérifier la sécurité du vote électronique, étaient parvenus à manipuler le système genevois: ils avaient réussi à rediriger l’électeur potentiel vers un autre site.
Cette faille aurait pu être réparée. Mais Genève ne veut plus investir dans son projet. Il aurait dû dépenser plus de deux millions pour réviser son système et améliorer la sécurité.
Encore en place en 2019
La plate-forme genevoiseLien externe sera encore exploitée en 2019, pour les élections fédérales en particulier. Et dès l’année suivante, Genève devrait trouver une alternative pour permettre à ses citoyens de voter électroniquement, surtout ceux qui ne peuvent pas se déplacer facilement, comme les Suisses de l’étranger ou les personnes handicapées. A la dernière statistique, en septembre 2017, 60% d’entre eux ont choisi la voie électronique pour voter à Genève.
+Offensive de charme pour le vote électronique genevois (16’09’2016)
Système de la Poste
L’alternative sera probablement le système développé par la PosteLien externe, seul autre modèle utilisé actuellement en Suisse. Ce modèle sera lui aussi testé par l’équipe de pirates informatiques au début de l’année prochaine.
La Poste aura alors le monopole sur le vote électronique. La Suisse dépendrait d’un seul système, comme l’a expliqué Laurent Wehrli, conseiller national PLR (droite) et membre du comité de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSELien externe), sur les ondes de la RTSLien externe.
Le dépouillement en question
Mais pour Jean-Christophe Schwaab, ancien parlementaire socialiste vaudois, cette solution va «modifier le débat sur le vote électronique: on va moins parler de sécurité et de fiabilité, mais on va à présent parler de privatisation du dépouillement des scrutins.»
Confier le dépouillement des scrutins à une entreprise privée, «cela revient à confier les clés de la démocratie à une entreprise privée. Le dépouillement d’un scrutin est l’essence même de la démocratie, il ne doit pas être confié à une entreprise privée », a-t-il relevé durant le même entretien radiophoniqueLien externe.
Deux systèmes, dix cantons Deux systèmes de vote électronique sont actuellement utilisés en Suisse. «CHvote», développé par le canton de Genève, est également utilisé par les cantons de Bâle-Ville, Berne, Lucerne, Saint-Gall ,Argovie et Vaud. Neuchâtel, Fribourg et Thurgovie ont quant à eux adopté le système «Poste E-Voting». Ces 10 cantons offrent ce canal aux Suisses de l’étranger, mais seuls quatre d’entre eux le mettent à disposition d’une partie de l’électorat résidant dans le canton. Par le passé, neuf cantons utilisaient également le système du Consortium Vote électronique. Mais le gouvernement fédéral a interdit l’utilisation de ce système à la suite de la découverte de failles sécuritaires.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.