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Sauver le climat? Pas chez moi

Rédaction Swissinfo

La COP24 de Katowice clôturera une année qui a montré que le changement climatique s'intensifie plus que jamais, beaucoup plus vite que nos efforts pour le contenir. Alors que la Pologne exige que nous fassions tout notre possible pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, le Parlement suisse semble vouloir faire le contraire.

Cette année a été marquée par de multiples records de chaleur et d’événements climatiques extrêmes. Limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C est essentiel si nous voulons minimiser les conséquences désastreuses du changement climatique. Faire face à cette crise est un défi global. 

Pour cela, des objectifs mondiaux ont été fixés dans l’Accord de Paris en 2015. Nous savons ce que nous voulons, il faut maintenant savoir comment nous allons y parvenir. C’est au niveau national que chaque pays doit mettre en place des mesures concrètes afin d’atteindre cet objectif commun. Mais à ce jour, rares sont les pays ayant annoncé des objectifs de réduction ambitieux, et la Suisse ne fait pas exception à la règle. En tant que pays avec des moyens considérables, la Suisse pourrait se placer en leader d’un changement mondial, mais le parlement semble vouloir en décider autrement.

*Fondée en 2015, Swith Youth for ClimateLien externe est une organisation à but non lucratif et politiquement neutre. Son objectif principal est de donner une voix aux jeunes dans le débat politique sur le changement climatique. L’organisation fait partie de la délégation suisse à la COP24 à Katowice.

La voie peu ambitieuse du Parlement suisse

Alors que les négociations se déroulent au niveau international, la Suisse révise sa loi sur le CO2. Cette loi vise à fixer les objectifs nationaux de réduction des émissions de CO2 et c’est elle qui dictera la politique climatique de la Suisse durant ces prochaines années qui seront cruciales. 

Au lieu de prendre une voie ambitieuse, celle qui permettra d’être compatible avec les objectifs internationaux, les articles votés pour l’instant par le Conseil National indiquent, au contraire, un affaiblissement de cette loi. La majorité de nos parlementaires ont ainsi voté en faveur de la suppression  de l’objectif minimum de réduction des émissions sur notre territoire, alors même que la Suisse a été cette année particulièrement touchée par leurs effets.

Réduire les émissions surtout à l’étranger

Ici à la COP24, chaque jour, le public reçoit un journal relatant les points marquants de l’actualité climatique internationale. Ce matin à Katowice, un article était consacré à la Suisse et aux résultats intermédiaires des votations sur sa loi sur le CO2.

Alors qu’Alain Berset annonçait lundi à l’ouverture de cette 24ème Conférence internationale sur le climat qu’il est essentiel que chaque pays fasse son maximum pour réduire ses émissions, le Parlement suisse a décidé de ne se fixer aucun objectif de réduction interne. Il considère que ses réductions pourraient s’effectuer uniquement en dehors de son territoire – en achetant des certificats de réduction d’émission.

La Suisse à le devoir, comme chaque pays, de prendre ses responsabilités en matière de lutte contre le changement climatique. A ce titre elle ne peut se dédouaner de ses responsabilités en externalisant ses actions climatiques. Cela devrait être fait uniquement après avoir fait le maximum à l’intérieur de nos frontières. 

Des décisions qui «décrédibilisent la délégation»

Cet affaiblissement des efforts fournis en Suisse résonne également au niveau international et au sein des négociations en cours à Katowice. Depuis plusieurs années, la délégation suisse est écoutée et respectée comme une délégation poussant à plus de cohérence, de transparence et de rigueur dans les processus. Au même moment, les parlementaires suisses vont à l’encontre de leur engagement international et décrédibilisent la délégation sur place et le discours de son Président d’il y a quelques jours.

Les parlementaires suisses doivent réaliser que leurs décisions prises ces jours auront un impact sur le futur de tous, et particulièrement celui des jeunes. Mais ces décisions ont également un impact sur les négociations internationales et sur l’image de la Suisse. Nous, les jeunes de Suisse, voulons que notre pays respecte ses engagements et mette en place une politique climatique ambitieuse comprenant des mesures importantes sur son territoire et pas uniquement à l’étranger. Nous comptons sur les parlementaires pour représenter la volonté et les intérêts de la société civile et de la jeunesse. Ils ont encore la possibilité de nous permettre d’avoir un futur décent. Parlementaires, sachez que nous vous observons et que nous comptons sur vous.

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