Le feu devrait passer au vert pour le tunnel routier du Gothard
Selon un sondage, les quatre objets soumis au peuple le 28 février bénéficient d’une majorité d’avis favorables. Mais seul le percement d’un second tunnel routier au Gothard semble être d’ores et déjà acquis. Le sort des autres objets – en particulier la mise en œuvre du renvoi des criminels étrangers – reste ouvert.
Réalisé pour le compte de la Société suisse de radio-télédiffusion (SSR), le sondage de l’institut gfs.bernLien externe montre que le projet de percement d’un second tunnel routier à travers le Gothard bénéficie d’un large soutien: 64% des personnes interrogées y sont favorables, 29% défavorables.
Ceux qui n’ont pas encore d’avis ne sont que 7%, «ce qui montre que la formation de l’opinion est déjà bien avancée», commente Martina Mousson, politologue et responsable de projet à l’institut.
A moins d’un dossier secret…
Le projet prévoit la construction d’un nouveau tube, afin de ne pas interrompre le trafic nord-sud et isoler le Tessin durant les travaux de réfection du tunnel actuel. Mais une fois les travaux achevés, pas question de doubler le trafic à travers les Alpes, promet le gouvernement. Une seule voie sera utilisée dans les deux galeries. Cette solution permettra d’éviter les croisements, ce qui améliorera la sécurité.
Les deux régions directement concernées par le projet y sont très favorables. On compte 76% de sondés prêts à voter pour le nouveau tube au Tessin et 66% en Suisse alémanique. Plus éloignée, la Suisse romande est un peu plus partagée, bien qu’on y trouve aussi une majorité (53%) favorable au projet.
Politiquement, c’est sans surprise que les partisans du projet deviennent de plus en plus nombreux au fur et à mesure que l’on se déplace vers la droite de l’échiquier politique, avec des extrêmes chez les écologistes (opposés à 70%) et la droite conservatrice (favorable à 80%).
Mis à part en Suisse romande, où 23% des sondés n’ont pas encore d’avis sur la question, les indécis sont rares en Suisse alémanique (3%) et au Tessin (7%). Dans de telles conditions, il y a peu de chances pour que le camp des opposants remonte la pente d’ici la fin février.
«Il faudrait un événement extrême pour inverser la tendance, du genre la publication d’un dossier secret de la ministre des Transports Doris Leuthard», plaisante Martina Mousson.
Bon départ, mais quelle arrivée?
Les choses s’annoncent également bien pour l’initiative «Contre la pénalisation du mariage». Lancée par le Parti démocrate-chrétien (PDC / centre-droit), celle-ci demande que les couples mariés ne soient plus désavantagés par rapport aux couples concubins en matière d’impôts et d’assurances sociales.
Ce sondage a été réalisé par l’institut gfs.bern pour le compte de la Société suisse de radio-télédiffusion (SSR), dont swissinfo.ch fait partie.
Les sondeurs ont interrogé par téléphone un panel représentatif de 1213 personnes entre le 11 et le 15 janvier.
Pour des raisons liées à la protection des données, les sondeurs n’ont pas accès aux coordonnées des Suisses établis à l’étranger.
La marge d’erreur est de +/- 2,9%.
Tous les indicateurs sont au vert. Selon le sondage, 67% des personnes interrogées sont favorables à l’initiative, 21% y sont défavorables et 12% sont encore sans avis. Par ailleurs, les sondés se déclarant proches d’un parti gouvernemental ainsi que les sondés qui ne sont pas liés à un parti y sont majoritairement favorables.
Même si l’expérience montre que le camp des partisans a presque toujours tendance à s’affaiblir au fil de la campagne, «c’est un très bon départ», commente Martina Mousson. Pour autant, l’équipe de l’institut gfs.bern estime que l’issue du vote «n’est pas claire».
Des initiatives similaires ont montré que les fins de parcours peuvent être difficiles. En 2013, une initiative demandant des rabais fiscaux pour les parents qui gardent eux-mêmes leurs enfants bénéficiait de 64% d’avis favorables lors du premier sondage, mais avait été refusée par 58,5% des voix. L’an dernier, l’initiative demandant la défiscalisation des allocations pour enfant avait été balayée par 75,4% des votants, alors que 52% des sondés la soutenaient.
Pas d’effet Cologne
C’est aussi l’incertitude en ce qui concerne l’initiative de l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) qui demande la mise en œuvre effective des renvois de criminels étrangers. Le sondage livre un résultat assez serré avec 51% de personnes favorables à l’initiative, 42% défavorables et 7% encore sans avis.
Les politologues s’attendent également à un résultat serré le jour du vote «avec un avantage de trois points au maximum d’un côté ou de l’autre», prédit le responsable de gfs.bern Claude Longchamp.
«Si la mobilisation augmente, ce sera clairement en faveur des partisans de l’initiative, précise-t-il. Hormis l’UDC, les grands partis rejettent l’initiative, mais la tendance minoritaire au sein des partis augmente avec la participation. L’acceptation de cette initiative dépend donc très fortement de la mobilisation.»
Pour l’heure, le taux de participation s’annonce conséquent, puisque 48% des sondés se déclarent «certains» et 38% «plutôt certains» de participer aux votations du 28 février.
En revanche, selon l’institut, les événements de Nouvel-An à la gare de Cologne, où des hommes d’origine étrangère ont commis une série d’agressions à caractère sexuel à l’égard de nombreuses femmes, n’ont pas eu d’impact sur les sondés. «Cela n’a pas vraiment d’effet, car les gens savent depuis longtemps ce qu’ils vont voter», commente Claude Longchamp.
Mécanisme défavorable à la gauche
Il n’y a guère de doutes en revanche sur le sort de l’initiative «Pas de spéculation sur les denrées alimentaires». Cette proposition de la jeunesse socialiste, qui demande que les instituts financiers actifs en Suisse ne puissent plus investir dans des outils financiers liés aux produits alimentaires, devrait être refusée.
Certes, les sondés favorables à l’initiative (48%) sont plus nombreux que ceux qui y sont opposés (39%). Mais comme pour la plupart des initiatives, le camp des partisans devrait fondre comme neige au soleil au fil de la campagne.
«C’est un mécanisme classique, rappelle Claude Longchamp. Les initiatives de la droite conservatrice peuvent parfois y échapper en raison de leur caractère protestataire, mais les propositions typiques de la gauche subissent de plein fouet cet effet, même si les adversaires ne sont pas très virulents.»
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