Le gouvernement veut un 2e tube
Le gouvernement a annoncé mercredi vouloir construire un deuxième tube au tunnel routier du Gothard. Pour lui, il s'agit de la solution la plus judicieuse pour conserver cet axe majeur pendant la réfection du tunnel. Les coûts se monteraient à près de 2,8 milliards de francs.
Les appels pressants du canton du Tessin ont ainsi été entendus. Le gouvernement suggère de construire un second tube, «sans augmenter pour autant la capacité». En clair, jamais plus d’une voie ne sera exploitée par sens de circulation. L’article sur la protection des Alpes serait donc respecté.
Référendum possible
La limitation sera fixée dans la loi qui sera soumise au Parlement d’ici fin 2013. Le projet pourra ensuite faire l’objet d’un référendum. La votation aurait lieu en 2015.
A partir du feu vert, la réalisation du deuxième tube prendra environ sept ans. Ce délai suppose que le creusement s’effectue simultanément à l’aide de deux tunneliers à partir de Göschenen (Uri) et d’Airolo (Tessin).
La construction de cette deuxième galerie ne violerait pas l’article sur la protection des Alpes, puisque la capacité du trafic transalpin ne serait pas augmentée, a martelé devant la presse la ministre des Transports Doris Leuthard. Le système du compte-gouttes, assurant une distance minimale de 150 mètres entre les poids-lourds, serait maintenu.
Milieux automobiles satisfaits
L’Association suisse des transports routiers (ASTAG) salue la nouvelle stratégie du gouvernement dans le dossier de la réfection du tunnel. Dans l’intérêt de la sécurité, il est absolument indispensable de construire tout d’abord un 2e tube, estime-t-elle. L’ASTAG exige la réalisation rapide d’un 2e tube avec voie unique et sens de circulation séparé, et donc plus sûr.
Le Touring Club Suisse (TCS) note pour sa part que cette décision permettra de «garantir une liaison méridionale de la Suisse durant ces travaux». L’Automobile Club de Suisse (ACS) se dit quant à lui rassuré «que la liaison routière la plus importante avec le Tessin en doive pas être coupée pendant les 900 jours de fermeture complète requis pour l’assainissement».
Droite favorable…
Au niveau des partis politiques, les partis de droite saluent l’annonce du gouvernement. «Ce projet renforce la principale liaison routière nord-sud et augmente aussi massivement la sécurité sur ce tronçon grâce à deux tunnels monodirectionnels. Son principal avantage est d’améliorer la liaison du canton du Tessin avec le reste de la Suisse. Faute d’un tel ouvrage, le Tessin aurait probablement été isolé durant la durée des travaux d’assainissement du tunnel actuel», écrit notamment l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice).
Même son de cloche pour les milieux économiques. «Afin d’accroître la marge de manœuvre financière pour éliminer les importants goulets d’étranglement quotidiens dans les agglomérations, il importe de percer, de financer et d’exploiter un deuxième tube via un partenariat public-privé. C’est réalisable et économiquement sensé», note l’organisation faîtière economiesuisse.
… mais gauche opposée
En revanche, la gauche et les milieux écologistes regrettent la décision du gouvernement. «Le percement d’un 2e tunnel sous le Gothard va ainsi ruiner les efforts consentis jusqu’à présent dans le transfert des marchandises de la route au rail, voire même les réduire à néant», note ainsi le Parti socialiste dans un communiqué. Le PS «entend lutter de toutes ses forces contre un 2e tube inutile et susceptible d’accroître encore le volume du trafic.»
Pour le parti écologiste suisse, c’est le même constat. «Le deuxième tunnel est une catastrophe pour notre pays et ouvre grand la porte à une avalanche de camions d’un bout à l’autre de la Suisse. Les Verts s’opposeront par tous les moyens à cette construction, si nécessaire, au moyen d’un référendum», écrit-il.
Le tunnel autoroutier du Gothard, long de 16,9 kilomètres, a été inauguré le 5 septembre 1980.
Il relie Göschenen, dans le canton d’Uri, à Airolo, dans le canton du Tessin. Il s’agit du plus long tunnel routier de l’arc alpin.
Le tunnel du Gothard est composé d’un tube bidirectionnel et d’une galerie de sûreté parallèle. Il ne comporte pas de bandes d’arrêt d’urgence.
A l’époque, la construction du tunnel a coûté 686 millions de francs. Les coûts annuels d’entretien se montent à quelque 20 millions de francs, tandis que les coûts d’exploitation s’élèvent à environ 12 millions de francs.
En Suisse, le trafic transalpin s’écoule principalement sur quatre axes: le Grand St Bernard, le Simplon, le St Gothard et le San Bernardino.
Avec un trafic journalier moyen de 16’835 véhicules, le St Gothard représente le principal axe Nord-Sud de la Suisse. Environ 60% des véhicules qui traversent les Alpes suisses y transitent.
Tunnel du St Gothard: 6’306’300 véhicules en 2011
Tunnel du San Bernardino: 2’457’194 véhicules
Col du Simplon: 865’261 véhicules
Tunnel du Grand St Bernard: 677’148 véhicules
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