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Le marché des initiatives s’envole: 7,50 francs pour une signature

AKW Goesgen
L'arrêt de la centrale nucléaire de Gösgen est prévu pour 2039 et, pour le moment, il n'est pas possible de la remplacer par une nouvelle construction. Keystone / Gaetan Bally

L’initiative «Stop au blackout» veut faire sauter l’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires en Suisse. Les responsables mettent la main à la poche pour obtenir les signatures nécessaires.

L’énergie nucléaire est chère. Politiquement aussi apparemment: l’émission de la télévision alémanique (SRF) Rundschau a reçu une facture qui montre que les lobbyistes du nucléaire du Club Energie SuisseLien externe ont payé 75’390 francs en décembre 2022 pour 10’000 signatures. Ces signatures ont été fournies par l’association INCOP SuisseLien externe, dont le siège est à Lausanne.

Selon son site internet, INCOP «soutient des actions en faveur de la démocratie directe». Pour ce faire, l’association collecte des signatures pour des initiatives et des référendums — quel que soit le camp politique. Toutefois, l’engagement d’INCOP n’est pas gratuit.

Des prix qui explosent

Marc Wilmes dirige une agence d’authentification des signatures. Il observe avec inquiétude la commercialisation des droits populaires. «Il y a des trucs; on triche; le nombre de signatures non valables explose», dit-il.

Les prix aussi explosent. En automne 2022, INCOP demandait encore 3 francs par signature, comme le montre une offre que Rundschau a pu consulter. Mais «Stop au blackout» paie désormais plus du double, comme le révèlent les recherches de SRF Rundschau et de Tamedia.

Le lobby du nucléaire achète-t-il une initiative? Derrière «Stop au Blackout» se trouve le Club Energie Suisse, dont les responsables ont annulé une interview qu’ils avaient d’abord acceptée. Le Club explique par écrit: «Nous travaillons avec différentes organisations dans le cadre de la collecte de signatures. Nous ne donnons aucune information sur les détails financiers et contractuels».

Pourquoi la collecte est-elle si chère? Le président d’INCOP, Franck Tessemo, affirme que «le prix [des signatures] varie en fonction de la difficulté du sujet, mais aussi en fonction de la météo et de la vitesse». Il ne souhaite pas donner plus de précisions sur les coûts de «Stop au blackout».

INCOP sous le feu des critiques

Par le passé, INCOP a été critiquée à plusieurs reprises. Des personnes chargées de la collecte auraient obtenu des signatures en présentant des informations complètement fausses. Genève et Neuchâtel ont entre-temps interdit la collecte rémunérée.

Franck Tessemo indique qu’on ne sait pas exactement si ce sont effectivement ses collecteurs qui avaient transmis de fausses informations ou s’il s’agissait de bénévoles. Quoi qu’il en soit, des mesures ont été prises et les personnes qui procèdent à la récolte de signatures sont désormais formées, indique le directeur d’INCOP.

Lors de notre visite, un formateur d’INCOP affirme que l’initiative «Stop au blackout» ne vise pas à permettre la construction de nouvelles centrales nucléaires, mais en premier lieu à encourager le débat sur les énergies alternatives. Il pense en outre que derrière l’initiative se trouve SuisseEnergieLien externe — qui est le nom de la plateforme de la Confédération sur les économies d’énergie. Un collecteur de signature dans la rue affirme la même chose.

En réalité, ce n’est pas la Confédération qui est derrière l’initiative, mais le Club Energie Suisse, dont l’objectif déclaré selon sa page d’accueil est de «veiller à la sécurité de l’approvisionnement et à la protection du climat par une production d’électricité nucléaire neutre pour le climat». Dans le texte de l’initiative, il n’y a toutefois pas un mot sur l’énergie nucléaire. On y litLien externe simplement: «Toute forme de production d’électricité respectueuse du climat est autorisée».

Les auteurs de l’initiative expliquent qu’il n’est pas judicieux de mentionner une technologie particulière dans la Constitution. «C’est pourquoi le texte ne contient pas le mot ‘énergie nucléaire’». Mais même ainsi, le texte est «formulé de manière claire, concise et compréhensible et sera compris». L’énergie nucléaire est-elle vraiment respectueuse de l’environnement? La question divise la société depuis des décennies.

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Traduit de l’allemand par Olivier Pauchard

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