Les jeunes chômeurs passent à la moulinette
La Chambre basse du Parlement a donné un important tour de vis dans les prestations de l’assurance chômage. Les principales victimes seront les jeunes chômeurs, qui verront leurs indemnités fortement diminuées et seront contraints d’accepter n’importe quel emploi pour débuter dans la vie active.
La révision de l’assurance chômage a suscité des débats enflammés au Conseil national (Chambre basse) mardi et mercredi. Convaincue de la nécessité d’assainir les caisses de l’assurance, dont le trou atteint 5 milliards de francs et risque de se creuser l’an prochain, la droite a voté des coupes dans les prestations à hauteur de 703 millions de francs, contre 576 initialement prévus par le Conseil des Etats (Chambre haute).
Les chômeurs de moins de 30 ans sont les premiers concernés. S’ils ne veulent pas être pénalisés par l’assurance chômage, ils devront à l’avenir accepter un emploi même si celui-ci ne tient pas compte de leurs aptitudes ou de leur formation.
Jusqu’à 25 ans, les chômeurs qui n’ont pas d’enfant à charge ne recevront que 130 indemnités, quelle que soit leur durée de cotisation. Les personnes de 25 à 30 ans obtiendront 260 jours d’indemnités. Quant aux étudiants, ils ne toucheront plus que 90 indemnités au sortir de leurs études et devront attendre 260 jours avant d’y avoir droit.
Hausse des cotisations atténuée
Les chômeurs n’auront plus droit qu’à 260 jours d’indemnités au lieu de 400, le nombre qui prévalait jusqu’ici, s’ils ont cotisé seulement une année à l’assurance. La majorité bourgeoise a décidé que pour obtenir 400 indemnités de chômage, il faudra avoir cotisé durant au moins 18 mois, avoir au moins 30 ans ou des enfants à charge. Seuls les travailleurs de plus de 55 ans ou les invalides partiels auraient droit au maximum de 520 jours après deux ans de cotisations.
Après avoir sabré dans les prestations, le Conseil national a atténué la hausse des cotisations salariales. Les recettes escomptées, 230 millions, seront compensées par les économies prévues, d’après la droite. Les cotisations paritaires sur les salaires passeront de 2 à 2,2%, avec à la clé 486 millions de recettes.
La gauche a violemment fustigé cette révision de l’assurance chômage qui intervient en pleine période de crise. «Une des lois les plus scélérates de l’histoire contemporaine», a relevé le député socialiste jurassien Jean-Claude Rennwald. «La révision n’aide en rien les chômeurs, au contraire, elle péjore gravement leurs conditions», a ajouté Josef Zisyadis (La Gauche / Vaud). Il est très probable que les partis de gauche combattent cette révision par référendum.
Des chiffres record
Ce tour de vis dans l’assurance chômage intervient alors que les chiffres du chômage pour le mois de novembre, rendus publics mercredi, s’affichent une nouvelle fois à la hausse. L’augmentation est de 0,2 point par rapport à octobre, à 4,2%, soit le plus haut niveau depuis février 2004. Une hausse qui s’explique toutefois pour les trois quarts par des facteurs saisonniers, comme l’a relevé le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), plutôt satisfait de ces résultats.
Phénomène toujours préoccupant et au centre du débat parlementaire, le chômage des jeunes (de 15 à 24 ans) a connu une accalmie en novembre en s’accroissant moins que le moyenne. Mais sur un an, le nombre de jeunes chômeurs a grimpé de 63,9%, touchant désormais 29336 personnes.
swissinfo.ch et les agences
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