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Les nuages se dissipent sur les relations turco-suisses

Pour Pascal Couchepin, les relations entre la Suisse et la Turquie s'améliorent. Keystone

Berne et Ankara ont célébré leur amitié retrouvée lors d'une visite de quatre jours en Turquie du président de la Confédération Pascal Couchepin. Les deux pays souhaitent avancer sur les sujets en suspens comme le barrage d'Ilisu et ont aplani les dossiers litigieux tels que celui des activités du PKK en Suisse.

Mardi, Pascal Couchepin a confié au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan que la «méfiance réciproque» entre les deux pays s’était «réduite et avait disparu» par rapport à la situation au moment de son arrivée au gouvernement en 1998. Mais «nous avons encore beaucoup de travail» sur plusieurs dossiers, a-t-il confié au terme de sa visite, la première d’un président de la Confédération dans ce pays.

Il a dit que Berne, qui a accordé des garanties à l’exportation à quatre sociétés impliquées dans le projet, souhaitait la construction du barrage d’Ilisu à condition que l’accord de base soit respecté. Berne, avec Berlin et Vienne, a demandé récemment à Ankara des mesures pour la protection de la population, de l’environnement et des bien culturels.

Gaz: Ankara prêt à collaborer

Pascal Couchepin a aussi soutenu à plusieurs reprises le projet de gazoduc souhaité par l’entreprise suisse Electricité du Laufenburg (EGL) entre la Grèce et l’Italie. La Turquie serait un pays de transit pour acheminer le gaz iranien ou azéri vers ce nouveau corridor. Elle s’est dit prête à collaborer sous certaines conditions.

Aussi bien le président turc Abdullah Gül que le Premier ministre se sont dits satisfaits des mesures prises par le gouvernement suisse à l’encontre du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) après une vague récente d’attentats en Suisse alémanique attribués à ce mouvement. Des collectes de fonds vont être interdites et la surveillance va être renforcée par les cantons.

Sur les massacres perpétrés contre le peuple arménien entre 1915 et 1917, Pascal Couchepin a estimé que les historiens et non les politiques devaient qualifier ces événements de génocide ou non. Une position à nouveau dénoncée mardi par l’Association Suisse-Arménie.

Cadeau symbolique

Durant la visite, qui a débuté vendredi soir, Pascal Couchepin et ses interlocuteurs auront multiplié les symboles et les déclarations de réconciliation. Mardi, les deux présidents ont célébré les 80 ans de l’ouverture de la représentation suisse à Ankara.

Symbole «moral et émotionnel» majeur pour Ankara, selon les termes d’Abdullah Gül, la table sur laquelle a été signé en 1923 le Traité de Lausanne qui a scellé les frontières modernes de la Turquie, a été remise à ce pays.

Pascal Couchepin a encore qualifié la Turquie de «partenaire stratégique clef» et Abdullah Gül a lui insisté sur une «nouvelle page» entre les deux pays.

Hommage rendu à Atatürk

Autre symbole, Pascal Couchepin avait rendu hommage lundi à Ankara et à Konya, dans le sud du pays, au «père des Turcs», Mustafa Kemal Atatürk. La Turquie commémorait le 70e anniversaire du décès du premier président de la République.

Le président de la Confédération avait passé le week-end en Cappadoce, berceau de la civilisation chrétienne en Turquie, et à Konya, où a été lancé au VIIIe siècle le soufisme, la branche mystique de l’Islam.

swissinfo et les agences

Les relations se multiplient à haut niveau entre la Suisse et la Turquie.

Avant la présente visite du président de la Confédération, la ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey s’était déjà récemment rendue en Turquie.

Et ce n’est pas terminé. La ministre de l’Economie Doris Leuthard doit s’y rendre cette année encore. La ministre de la Justice et Police Eveline Widmer-Schlumpf fera elle aussi bientôt une visite dans ce pays.

Entre 800’000 et 1’800’000 Arméniens ont été tués ou déportés par l’Empire ottoman lors de la Première Guerre mondiale.

D’un point de vue historique, le génocide arménien a été reconnu par 21 parlements nationaux (France, Etats-Unis, Russie, Italie, etc).

L’ONU l’a reconnu en 1985 à travers l’adoption du rapport d’une de ses commissions d’experts – la Sous-commission pour la prévention des discriminations et pour la protection des minorités. Le Parlement européen a reconnu le génocide en 1987.

Le gouvernement suisse ne parle pas explicitement de «génocide» mais d’«événements tragiques», de «déportations de masse» et de «massacres».

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