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Les Suisses de l’étranger font un geste pour les étudiants

Nadja Leuenberger, ancienne étudiante Erasmus, a pris la parole samedi à Berne. Keystone

Les conséquences du vote du 9 février inquiètent beaucoup le Conseil des Suisses de l’étranger. Réuni samedi à Berne, il a accepté de signer une déclaration aux autorités suisses et européennes pour que les étudiants suisses ne soient pas discriminés.

Les Suisses de l’étranger sont concernés au premier chef par la libre circulation des personnes en Europe. Il semblait donc très vraisemblable qu’ils étaient plutôt défavorables à l’initiative de l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice), acceptée par le peuple suisse le 9 février dernier, et qui demande que la libre circulation des ressortissants de l’Union européenne en Suisse puisse être limitée.

Cette impression est corroborée par les faits. Dans les neuf cantons qui décomptent de manière séparée les voix des Suisses de l’étranger, on constate que les expatriés ont à chaque fois refusé l’initiative lors du vote du 9 février.

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Pour Jacques-Simon Eggly, président de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE), ce résultat n’est guère étonnant. «La libre circulation et ses effets bénéfiques pour la Suisse et pour eux-mêmes, ils peuvent les constater au quotidien. Il est normal que les Suisses de l’étranger votent, tendanciellement, de manière plus ouverte sur les questions de politique internationale et migratoire», a-t-il indiqué dans son rapport présidentiel.

Rester attentif

Lors du débat, plusieurs membres du Conseil ont fait part de leurs craintes par rapport aux conséquences du vote. «Le peuple a voté et nous ne voulons pas déclencher un débat politique. Mais il faut savoir dans quelle mesure les intérêts des Suisses de l’étranger seront affectés. Etant donné que nous représentons leurs intérêts, il convient de savoir comment doit agir l’OSE», a notamment déclaré un délégué.

«Pour notre organisation, il est important que les droits acquis ne soient pas remis en question, a indiqué Jacques-Simon Eggly. Mais concrètement, que va-t-il se passer lorsqu’un expatrié reviendra en Suisse avec sa famille qui n’a pas la nationalité helvétique? Seront-ils touchés par l’initiative? L’OSE restera très attentive face à tous ces dossiers.»

Le Conseil des Suisses de l’étranger a confirmé la nomination d’Ariane Rustichelli et Sarah Mastantuoni au poste de codirectrices de l’OSE.

Celles-ci avaient été désignées lors du Congrès de Davos en août dernier, et sont entrées en fonction le 1er janvier. Mais en raison de délais statutaires non respectés (délais trop courts pour envoyer les curriculums vitae), cette nomination devait être confirmée.

Le Conseil a élu Roger Sauvin (France) et Roberto Engeler (Italie) – déjà trésorier de l’OSE – au Comité.

L’ancien directeur Rudolf Wyder a été élu membre d’honneur.

Invité à s’exprimer devant l’assemblée, Henri Gétaz, chef de la Direction des affaires européennes du Département fédéral des affaires étrangères, s’est voulu rassurant. «Le vote du 9 février soulève beaucoup de questions. Mais il est important de rappeler que l’initiative doit être appliquée d’ici trois ans. Donc, jusqu’au 8 février 2017, rien ne change», a-t-il expliqué.

Une fois passé ce délai, les choses sont beaucoup moins claires. «On ne sait pas comment l’initiative sera appliquée, a-t-il dit. Pour le moment, tout est ouvert. Mais si nous limitons l’entrée des Européens en Suisse, il faut s’attendre à une réciprocité, ce qui aura des conséquences pour les Suisses de l’étranger.»

Soutien aux jeunes

Certains délégués ont cependant jugé que les effets du vote étaient d’ores et déjà très inquiétants, vu que Bruxelles a décidé de ne pas reconduire pour le moment la participation de la Suisse au programme de mobilité des étudiants (Erasmus) et à celui de la recherche (Horizon 2020).

«Les problèmes sont déjà aigus, a remarqué un délégué actif dans la recherche. La seule matière première de la Suisse, ce sont nos jeunes bien formés. Or les jeunes et la recherche sont les premiers à faire les frais du 9 février; je suis très inquiet.»

Membre du comité de l’OSE, Elisabeth Michel craint que les chercheurs étrangers ne viennent plus en Suisse. «Les jeunes planifient à plus long terme que trois ans. Donc, aujourd’hui déjà ils vont éviter la Suisse s’ils en ont l’occasion. Les problèmes sont probablement déjà là, sous forme latente. C’est ici que commence la catastrophe», a-t-elle déclaré.

Pour donner un signal clair en faveur de la jeunesse et de la recherche, le Conseil a accepté à une écrasante majorité, sur proposition d’une déléguée, de demander à l’OSE de signer une lettre ouverte du Conseil suisse des activités de jeunesse. Adressée à la fois aux autorités suisses et européennes, celle-ci demande que ce ne soient «pas les jeunes, écoliers, apprentis ou étudiants qui doivent endosser les conséquences de l’initiative contre l’immigration de masse».

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