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Les Suisses mettent un frein à l’immigration

En Suisse, les avis sont très partagés sur l'immigration. Reuters

Les citoyens suisses ont accepté dimanche une initiative populaire demandant la possibilité d'imposer des quotas à l'immigration. La décision est tombée à l'issue d'un vote particulièrement serré.

L’initiative est acceptée, puisqu’elle est parvenu à obtenir la majorité à la fois des cantons et du peuple.

Au niveau des cantons, le résultat est très clair. La proposition a été accepté par 17 cantons et refusée par 9. On trouve dans le camps du refus la totalité des cantons romands, ainsi que les cantons alémaniques de Zoug, Bâle-Ville et Zurich.

Les résultats sont en revanche beaucoup plus serrés au niveau de nombre de voix. L’initiative a été acceptée par… 50,3% des votants. Seulement 19’516 voix séparent les deux camps.

A noter que le taux de participation est particulièrement élevé avec environ 56%. Il s’agit du plus haut taux de participation depuis cinq ans et du cinquième plus haut depuis le vote sur le droit de vote des femmes, en 1971.

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Double tâche

L’initiative de l’UDC est relativement vague. Elle demande simplement l’établissement de plafonds et de contingents annuels pour les étrangers en fonction des intérêts économiques globaux de la Suisse et dans le principe du respect de la préférence nationale.

Reste maintenant à appliquer ces demandes dans les faits. Devant la presse, la ministre de Justice et Police Simonetta Sommaruga a indiqué que le gouvernement se mettra rapidement au travail et soumettra un projet de mise en œuvre au Parlement «dans les meilleurs délais».

Mais outre ces aspects pratiques, il revient aussi au gouvernement de préserver de bonnes relations avec l’Union européenne. Egalement présent à la conférence de presse, le ministre des Affaires étrangères et président de la Confédération Didier Burkhalter a indiqué que le gouvernement examinera, au cours des prochaines semaines, «comment refonder les relations de la Suisse avec l’UE». Il a toutefois précisé que l’accord sur la libre circulation des personnes et les autres accords bilatéraux continuent de s’appliquer jusqu’à l’entrée en vigueur d’une nouveau cadre juridique.

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Les étrangers en Suisse

Ce contenu a été publié sur Les visages de quelques uns de ces étrangers de Suisse. (Toutes les photos Keystone)

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Inquiétude sur les accords bilatéraux

La plupart des partis, à droite comme à gauche, s’inquiètent de la réaction de l’UE. Ils demandent donc au gouvernement de tout faire pour renouer le dialogue avec Bruxelles. «Il doit chercher le dialogue avec l’UE et entamer les négociations. Il faut trouver une solution qui s’inscrit dans le cadre de la nouvelle disposition constitutionnelle et permet à la Suisse d’endiguer l’immigration sans mettre en péril la voie bilatérale», écrit par exemple le Parti démocrate-chrétien (PDC / centre-droit).

Même son de cloche pour Martin Landolt. «Le gouvernement doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour qu’un terme ne soit pas mis aujourd’hui à la voie bilatérale. Une isolation de la Suisse au cœur de l’Europe serait fatale», déclare le président du Parti bourgeois démocratique (PDB / droite). Pour le Parti socialiste, il faut «agir au lieu de se lamenter». Le parti souligne au passage qu’avec cette décision «la Suisse a choisi une voie des plus incertaines. Le chemin de l’ouverture, qui a conduit la Suisse au succès depuis maintenant dix ans, trouve ainsi un fin abrupte».

Une éventuelle fin des accords bilatéraux inquiète naturellement aussi les milieux économiques. «ll faut maintenant tout mettre en œuvre pour éviter que le risque d’une rupture des accords bilatéraux ne se réalise. L’incertitude qui règne désormais dans les rapports avec les partenaires commerciaux les plus importants de la Suisse pourrait sensiblement freiner le développement économique en Suisse», indique notamment swissmem, l’organe faîtier de l’industrie des machines. Côté syndical, c’est le même discours: «La disparition des accords bilatéraux aurait des conséquences funestes pour les industries d’exportation suisses. Des dizaines de milliers d’emplois seraient menacés», note l’Union syndicale suisse.

En fait, seule l’UDC ne s’inquiète pas outre mesure de la réaction de Bruxelles. Sur les ondes de la télévision romande, le député Oskar Freysinger a estimé qu’il y a peu de chances que l’UE mette fin aux accords bilatéraux, car il faudrait que tous ses Etats-membres soient unanimes sur la question. «Or plusieurs pays, dont la Grande-Bretagne et la Belgique, s’inquiètent aussi de l’immigration», a-t-il rappelé.

«Souffrance sociale»

La gauche juge que la droite a une grande part de responsabilité dans le résultat de dimanche. «C’est la défaite de tous ceux qui n’ont pas voulu voir qu’il y avait une vraie souffrance sociale en Suisse», a déclaré Christian Levrat, président du Parti socialiste, à la télévision.

Le PS invite donc la population à signer un appel à l’intention du gouvernement. «J’invite le Conseil fédéral, l’économie et les partis de droite à mener urgemment des réformes intérieures, afin que les fruits de la croissance soient répartis équitablement et que nos ressources et paysages soient protégés», lit-on notamment dans cet appel.

Un vœu pieux? Peut-être pas. «Les organisations économiques ont compris qu’il est nécessaire de mieux utiliser le potentiel des travailleurs en Suisse, en particulier les jeunes, les femmes et les personnes d’âge mûr», écrit de son côté economiesuisse, l’organe faîtier de l’économie nationale.

Avortement et infrastructures ferroviaires

Les citoyens se prononçaient dimanche sur une autre initiative populaire intitulée «Financer l’avortement est une affaire privée». Lancée par les milieux anti-avortement, elle demandait que l’interruption volontaire de grossesse ne soit plus remboursée par l’assurance maladie de base.

Cet objet est très clairement refusé: par tous les cantons à l’exception d’Appenzell Rhodes-Intérieures et par 69,8% des citoyens.

Enfin, le peuple se prononçait sur le projet «Financement et aménagement de l’infrastructure ferroviaire». Le but est de créer un fonds de 6,4 milliards de francs destiné à maintenir et développer le réseau ferroviaire. Parmi les grands partis, seule l’Union démocratique du centre s’opposait au projet.

Là aussi les résultats sont clairs: ce projet a été accepté par tous les cantons sauf Schwytz et par plus de 62% de la population.

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