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La SSR sur le gril des politiques

Roger de Weck: «L’affaiblissement du journalisme porte atteinte à la démocratie, un système politique qui repose sur des citoyens informés.» Daniel Winkler/13 Photo

Avant les débats sur l’audio-visuel public au Parlement lors de la session de printemps, le directeur de la SSR fait valoir ses arguments.

Dès le 14 mars, les discussions promettent d’être animées à la Chambre du peuple avec le débat sur le rôle et le périmètre des médias de service public.

Un rapportLien externe commandé par le gouvernement recommande en gros de s’en tenir au modèle existant. La Chambre des cantons le soutien. Mais le gouvernement a fait face à plus d’opposition à celle du peuple. Elle a reporté la discussion et demandé des renseignements supplémentaires. La Société suisse de radio-télédiffusionLien externe (SSR), organisme à but non lucratif financé principalement par une redevance, est la cible d’attaques d’une bonne partie des partis de droite et de certains éditeurs privés.

Ils soutiennent que la SSR, qui exploite 28 chaînes de radio et de télévision dans les quatre langues nationales de la Suisse (allemand, français, italien, romanche), ainsi que plusieurs plates-formes en ligne, y compris swissinfo.ch, constitue un monopole aux dépens des médias privés. Les critiques, surtout en Suisse alémanique, prétendent également que les émissions politiques de la SSR sont délaissées ou trop proches des positions défendues par le gouvernement.

Fin de la redevance?

Dans le sillage des hostilités contre la SSR, un comité composé de membres de la section des jeunes de l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) et du Parti libéral radical (PLR / droite) a lancé avec succès une initiative populaire appelant à la fin de système de financement par la redevance audio-visuelle. Déposée en décembre 2015, avec plus de 112’000 signatures valables, cette initiative est actuellement débattue par le Parlement. 

Première Chambre à traiter l’objet, le Conseil des Etats l’a sèchement refusée. Bien que soulignant que ce refus ne signifiait pas un chèque en blanc pour la SSR, les sénateurs ont jugé que l’application de cette initiative n’aurait que des effets négatifs sur la qualité et la pluralité de l’offre médiatique dans des différentes régions de Suisse, alors qu’elle est indispensable pour la cohésion nationale et la démocratie. Le dossier sera examiné par le Conseil national lors de sa prochaine session d’été. L’initiative y recevra un peu plus de soutien, mais il est hautement improbable qu’elle soit acceptée. 

Dans un entretienLien externe approfondi publié le mois dernier par le journal dominical NZZ am Sonntag, le directeur général sortant de la SSR, Roger de Weck, plaide pour une information transparente et impartiale pour les citoyens, le respect des minorités, le rôle crucial des médias publics pour la cohésion de la Suisse et la promotion de la culture.

Il déplore le fait que ces valeurs issues du siècle des Lumières perdent du terrain dans le monde occidental et que le financement d’un journalisme de qualité est toujours plus ardu: «L’affaiblissement du journalisme porte atteinte à la démocratie, un système politique qui repose sur des citoyens informés.»

Cohésion

Roger de Weck souligne l’importance de la SSR dans la cohésion d’un pays avec différentes langues, cultures et traditions. Contre ceux qui jugent la redevance trop élevée, il rétorque que les recettes provenant de la majorité de langue allemande permet le financement des programmes dans les autres langues nationales: «Les trois minorités linguistiques seraient désavantagées sans ce système de partage des recettes de la SSR. C’est une condition préalable à la stabilité de notre pays et à son succès économique.»

Roger de Weck rejette aussi les critiques selon lesquelles les médias privés peuvent remplir le mandat d’un fournisseur de service public, tout en indiquant que la SSR pourrait être disposée à discuter d’un modèle de limitation de ses revenus par la publicité télévisée.

La Suisse dispose d’un bon système de médias publics, selon Roger de Weck, et le risque de devenir un porte-parole du gouvernement et des politiciens est minime par rapport à d’autres pays européens.

Il met en garde contre des partis politiques non spécifiés qui essaient d’utiliser la SSR pour leurs propres fins: «Ceux qui cherchent ainsi à gagner l’influence politique minent le rôle des médias comme quatrième pouvoir dans une démocratie.»

Traduit de l’anglais par Frédéric Burnand

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