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Les relations toujours plus étroites entre la Chine et la Suisse

Cassis en Chine
Le ministre suisse des affaires étrangères Ignazio Cassis serre la main du conseiller d'Etat et ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi, après leur conférence de presse commune à Pékin, le 3 avril 2018. Keystone


A Pékin, le ministre suisse des affaires étrangères a confirmé à Pékin le soutien de la Suisse aux projets pharaoniques de nouvelles routes de la Soie prévus par la Chine. Ignazio Cassis a inauguré le premier dialogue stratégique entre la Suisse et la Chine. Berne se distingue ainsi des pays d’Europe de l’Ouest.

« Les relations entre la Suisse et la Chine sont à leur plus haut niveau historique», a estimé le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) lors d’un point de presse à l’issue de sa visite de deux jours en Chine. Une plateforme stratégique a été mise en place pour renforcer les relations entre les deux pays, selon un communiquéLien externe du DFAE.

Cette plateforme se réunira tous les deux ans, en marge du Forum économique mondial (WEF) de Davos. Des représentants politiques et économiques des deux pays y prendront part.

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Faisant référence à l’établissement en 2016 de ce partenariat stratégique, le ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi a déclaré que la Chine est prête à stimuler sa coopération en matière d’innovation avec la Suisse dans la nouvelle ère pour réaliser le consensus important atteint par les deux chefs d’Etat (Johan Schneider-Amann et Xi Jinping) en 2016, selon l’agence XinhuaLien externe.

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L’accord de libre-échange que la Suisse a signé avec la Chine en 2014 a aussi été au centre des discussions. La Suisse a exprimé sa volonté de soutenir l’initiative « Belt and Road », cette nouvelle « route de la soie » qui doit dynamiser le commerce entre l’Asie et l’Europe. Ignazio Cassis a insisté sur le fait que ce mégaprojet devait respecter des standards de qualité sociaux et environnementaux ainsi que de bonne gouvernance. Cette initiative prévoit de relier la Chine à l’Europe occidentale par différents tracés à travers le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Arctique. Il s’agit d’un projet pharaonique de routes, de lignes ferroviaires, de voies maritimes et d’installations énergétiques.

«La Suisse a déclaré son intérêt pour ce projet», confirme Ignazio Cassis dans une interview pour l’émission radiophonique Forum de la RTSLien externe. «Berne n’a pas encore dit exactement dans quelle mesure et à quelles conditions – c’est une discussion qui a lieu actuellement au Conseil fédéral (gouvernement) – mais j’ai réitéré le soutien de la Suisse au fait de vouloir jouer un rôle.»

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Le nouveau ministre des affaires étrangères précise qu’il est impératif pour le gouvernement de définir des standards élevés en matière de protection environnementale, sociale, de bonne gouvernance ou de lutte contre la corruption, notamment : « Donc il s’agit de voir si on dit la même chose. Et si oui, qui va contrôler tout cela. »

Garanties écrites via un mémorandum

Ignazio Cassis assure que ses interlocuteurs «sont absolument ouverts à considérer et définir des standards élevés par rapport à ces valeurs », même si ces standards doivent s’adapter aux attentes dans chaque pays. « On ne va certainement pas définir des standards suisses dans un pays en voie de développement, ce serait absurde », précise le ministre PLR. Ce dernier précise que tout cela figurera par écrit dans un mémorandum avec Pékin, dont une première version pourrait être prête l’été prochain.

La Suisse est l’un des rares pays occidentaux à adopter une telle position. Car le projet suscite la méfiance de plusieurs gouvernements, qui redoutent une initiative unilatérale de Pékin: des investissements massifs fait par les Chinois et bénéficiant avant tout aux Chinois. Un récent rapportLien externe du Global Public Policy Institute (GPPi), un think tank basé à Berlin y voit même une menace en terme de respect des droits de l’homme : « L’augmentation rapide des efforts d’influence politique de la Chine en Europe et la promotion de ses idéaux autoritaires constituent un défi de taille pour la démocratie libérale ainsi que pour les valeurs et les intérêts de l’Europe. »

L’Union européenne se méfie des investissements chinois

L’automne dernier, l’Union européenne a adopté un mécanisme pour passer en revue les investissements de la Chine. En février dernier, la chancelière allemande Angela Merkel a mis en garde contre l’influence croissante de la Chine dans l’arrière-cour européenne, alors que le président français Emmanuel Macron a appelé de son côté à une Europe forte et unie pour contrebalancer le pouvoir grandissant de Pékin.

Dans ce contexte, la Suisse tranche par sa position affichée d’ouverture. Car la Confédération semble déterminée à se placer aux avant-postes, même si les détails et les conditions de la coopération avec Pékin doivent encore être discutés.

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« Nous avons joué un rôle de pionnier avec la Chine, estime Ignazio Cassis. Nous sommes le seul pays continental à avoir un accord de libre-échange, donc nous avons une relation privilégiée et nous entendons garder ce privilège puisque c’est un avantage compétitif que nous avons justement face à l’Allemagne et à la France. »

Ce soutien affiché est un signal très positif pour les autorités chinoises, qui vendent non seulement un projet économique mais aussi un vrai concept de « soft-power »: c’est un moyen pour la Chine de véhiculer ses valeurs.

Les nouvelles routes de la Soie, symbole du modèle chinois

Le président chinois Xi Jinping veut vendre son modèle de développement comme une alternative à celui des démocraties occidentales. Et cette stratégie passe notamment par son grand projet de nouvelles routes de la Soie. Il tient à montrer la compatibilité du système chinois – basé sur un Etat fort, autoritaire, centralisé – avec le système global.

Dans ce contexte, le soutien de la Suisse – démocratie par excellence – serait une vraie victoire d’étape pour la Chine. Reste à voir maintenant sous quelles conditions Berne confirmera son engagement.

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