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Nuit américaine chez les démocrates de Genève

Les participants déposent leur signature sur un poster affichant le célèbre "yes, we can". swissinfo.ch

Comme à Bâle et à Zurich, les partisans américains de Barack Obama en Suisse ont organisé à Genève une grande «party» pour les élections présidentielles. Compte rendu au fil d'une soirée historique.

23 heures. Tout comme les électeurs devant les locaux de vote aux Etats-Unis, les participants à l’ «Election night party » organisée par les «Democrats abroad Switzerland » font la queue le long du Richemond, l’un des grands hôtels de Genève.

Plus de 700 personnes sont attendues pour suivre l’annonce des résultats tels que les transmet la chaîne CNN et peut-être célébrer la victoire du charismatique candidat afro-américain.

«Nous avons organisé cette fête pour remercier tous ceux qui se sont engagés en Suisse romande en faveur de Barack Obama. Depuis une année au moins, ils ont accompli un travail formidable. Il n’y a jamais eu une mobilisation aussi forte ici pour une élection présidentielle», explique Caitlin Kraft Buchman, présidente des « democrats abroad » (démocrates de l’étranger) pour la Suisse.

Dépasser les clivages

Selon l’organisatrice de la fête, une centaine de personnes se sont mobilisées à plein temps ou presque en Suisse pour inciter les résidants américains à voter en faveur du candidat démocrate. Aux Etats-Unis, comme dans le reste du monde, Barack Obama a su organiser et galvaniser ses troupes.

C’est aussi la première fois que les démocrates organisent à Genève une soirée spéciale pour les présidentielles. Les élections précédentes faisaient, elles, uniquement l’objet d’une soirée bipartisane organisée par l’«American international club of Geneva».

24 heures. Invité par les démocrates de Suisse, le député Carlo Sommaruga est heureux de participer à cette soirée de tous les espoirs. «Si tant de gens suivent ces élections de par le monde, c’est que tout le monde veut tourner la page des années Bush», assure le parlementaire socialiste.

Le Genevois souligne également l’image et le message incarnés par Barack Obama: «Il transcende tous les clivages aux Etats-Unis, mais également bien au-delà.»

1 heure. La nuit avance. La tension monte. Arrivent les premières estimations. L’Indiana, le Vermont et l’Ohio iraient à Obama. Le Kentucky, la Virginie ou la Floride pencheraient pour McCain.

L’espoir grandit

L’hôtel Richemond vibre une 1ère fois, suite à l’annonce des estimations à la sorties des urnes pour la Pennsylvanie et ses 21 grands électeurs. Un «swing state» qui virerait au bleu, la couleur des démocrates.

«C’est très bon», s’exclame Charles Bokman, un Américano-Suisse installé à Genève depuis une dizaine d’années. Directeur chez PricewaterhouseCoopers, Charles Bokman lance à moitié sérieux: «Je déchire mon passeport, si McCain devient président. Cette élection est une bataille entre l’ignorance et la responsabilité civile.»

4 heures. Les participants sont toujours nombreux, portés par la vague bleue qui couvre un nombre croissant d’Etats. Parmi eux, des Africains qui ne veulent pas rater cette nuit exceptionnelle. «Obama est un messager de paix. Je suis très content qu’il vienne en partie d’Afrique, un continent miné par le colonialisme et les guerres», lance Adjete, un Togolais travaillant dans les télécoms et vivant en France voisine.

«Obama nous montre qu’on peut changer les choses avec des nouvelles idées, poursuit Adjete. Même sa manière de récolter de l’argent est originale, puisqu’il est le premier candidat à se passer de l’argent public.»

Un enthousiasme que ne partage pas entièrement Tchongo venu avec ses amis Joël et Nashe participer à la party démocrate. «S’il est élu, le candidat métis défendra les intérêts de son pays, pas ceux de l’Afrique», remarque le Rwandais.

Obama, un immense espoir

Mais les trois amis sont néanmoins convaincus qu’ils se réveilleront mercredi dans un monde nouveau. Et Nash d’espérer: «Obama nous montre que tout est possible en s’engageant et en se rassemblant.»

5 heures. Sur la foi des projections, CNN annonce l’élection de Barack Obama au poste de Président des Etats-Unis. Explosion de joie et danses des derniers participants à la fête démocrate. Susanne Walker exulte. «Après les scrutins de 2000 et de 2004, j’avais très peur d’un échec ou d’un coup tordu. Je suis fière de mon pays, mais pas ces derniers temps», reconnait cette militante des droits de l’homme, à Genève depuis dix ans.

«J’espère qu’Obama pourra rétablir le respect envers les Etats-Unis pour de bonnes raisons, à savoir la défense des droits de l’homme et de la démocratie. Et ce, même s’il s’est prononcé pour la peine de mort», ajoute cette militante active dans la campagne internationale contre les bombes à sous-munitions, une lutte engagée ces jours à Genève.

Autour d’elle, la foule écoute, applaudit ou siffle John McCain reconnaissant sa défaite.

swissinfo, Frédéric Burnand à Genève

Selon l’Office fédéral de la statistique, près de 18’000 citoyens américains résident en Suisse.

Dans les faits, ils sont plus nombreux. L’hebdomadaire économique Bilan avance le chiffre de 70’000 en comptant les binationaux. Le quotidien Le Temps les chiffre à 30’000. Nombre de ces résidants ne s’inscrivent pas auprès de leur ambassade et ne restent en Suisse que pour une courte durée.

5000 à 6000 Américains habitent l’arc lémanique, dont 4500 à Genève. Les autres vivent principalement à Zurich et à Bâle.

Nombre de ces résidants travaillent pour les entreprises multinationales installées en Suisse. Les autres se retrouvent dans les organisations internationales, les fédérations sportives et les ONG, la plupart étant situées le long de l’arc lémanique.

Les écoles polytechniques fédérales de Lausanne et Zurich attirent également les scientifiques américains, qu’ils soient chercheurs, enseignants ou étudiants.

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