«On rend le système plus rapide, direct et efficace»
La nouvelle Loi fédérale sur le renseignement soulève des craintes en matière de protection de la sphère privée. Pour Alexandre Vautravers, spécialiste des questions de sécurité, ce texte en passe d’être accepté par le Parlement représente une amélioration indispensable pour le travail de renseignement.
Pour ses opposants, principalement à gauche de l’échiquier politique, la nouvelle Loi sur le renseignement fait ressurgir le spectre d’une surveillance généralisée des citoyens. Professeur associé à l’Université WebsterLien externe de Genève et rédacteur en chef de la Revue militaire suisseLien externe, Alexandre Vautravers voit la nouvelle loi sous un jour nettement moins sombre.
swissinfo.ch: Quelles sont pour vous les principales améliorations apportées par cette loi?
Alexandre Vautravers: Elle apporte des éclaircissements sur un certain nombre d’outils à disposition des services de renseignement, en particulier les moyens d’investigation. Jusqu’à aujourd’hui, ceux-ci n’étaient disponibles qu’en théorie, car il fallait un certain nombre de procédures très complexes d’autorisation par voie administrative ou juridique. Avec cette nouvelle loi, on rend le système plus rapide, direct et efficace.
D’autre part, on autorise désormais un certain nombre d’investigations ou d’outils pour mener des enquêtes qui étaient auparavant explicitement interdits.Plus
Des «espions» suisses mieux armés. Et bien encadrés
swissinfo.ch: Donnez-nous un exemple concret…
A. V. : Jusqu’à aujourd’hui, il est pratiquement impossible d’utiliser un nom d’emprunt pour mener une enquête. Vous pouvez imaginer ce que cela signifie… On n’a qu’une vie, des proches qui peuvent être inquiétés et placés dans une situation très difficile. Donc, évidemment, on réfléchit à deux fois avant d’entreprendre certaines démarches si son identité et sa vie privée peuvent être dévoilées. Je pense que c’est un progrès immense et décisif.
swissinfo.ch: Les services de renseignement sont presque toujours et partout critiqués. Pourquoi?
A. V. : Chaque service fait face aux mêmes critiques et sensibilités. Vous pouvez constater que lorsqu’il y a un problème, les autres Etats ne vont généralement pas enfoncer le clou, car tout le monde est conscient que cela peut arriver partout. Je ne connais pas un seul pays démocratique où il n’y a pas eu un débat de fond sur les services de renseignement, ce qui est plutôt sain.
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