Les priorités du nouvel ambassadeur suisse aux États-Unis
Jacques Pitteloud est dès aujourd’hui le nouvel ambassadeur suisse à Washington. Il entend maintenir d’«excellentes relations» entre les deux pays et participer à la négociation d’un accord de libre-échange.
«C’est une période fascinante pour être à Washington, avec tous ces changements dans la politique américaine et l’influence de ces décisions sur le reste du monde, nous confie Jacques Pitteloud, le nouvel ambassadeur suisse aux États-Unis. Je pense que c’est une des affectations les plus intéressantes actuellement.»
Jacques Pitteloud, 56 ans et originaire du Valais, entre en fonction aujourd’hui. Il sera officiellement habilité le 16 septembre lors d’une cérémonie en présence du président américain Donald Trump. Il remplace Martin Dahinden, qui a pris sa retraite.
«Je pense que c’est une des affectations les plus intéressantes actuellement.»
Questionné sur sa position par rapport à l’administration Trump, Jacques Pitteloud répond que ce n’est pas son rôle de porter des jugements et «pour être honnête, nous traitons avec des pays, et non avec des gouvernements». Il ajoute: «Nous avons une très longue tradition d’amitié entre la Suisse et les États-Unis et je n’ai remarqué aucun changement avec la nouvelle administration.»
Lorsqu’on lui demande ce qu’il pense des tweets de Donald Trump, le nouvel ambassadeur affirme qu’il ira sans doute vérifier régulièrement le compte Twitter du président. «Je suis sûr que tous mes collègues à Washington et tous les ambassadeurs vont sans arrêt contrôler les tweets du président Trump, car c’est un moyen très direct pour mieux comprendre ce qu’il pense et ce qu’il dit.»
James Bond suisse
Jacques Pitteloud a été coordinateur du Service de renseignementLien externe de la Confédération entre 2000 et 2006. Un journaliste l’a même un jour qualifié de «James Bond suisse». Il quitte son poste de chef de la Direction des ressourcesLien externe au Département fédéral des Affaires étrangères pour l’ambassade de Washington. Il a également été ambassadeur de Suisse au Kenya entre 2010 et 2015, avec la responsabilité du Rwanda et de la Somalie.
Peu de temps après avoir été nommé au poste d’ambassadeur à Washington, Jacques Pitteloud a été blanchi par le Tribunal pénal fédéralLien externe. Deux hommes d’affaires kenyans l’accusaient de tentative de contrainte et abus d’autorité dans une affaire de corruption qui s’est déroulée lors de son mandat au Kenya. La Cour conclut que la démarche de Jacques Pitteloud était bel et bien légale, mais que le ton utilisé par l’ambassadeur était «extrêmement pressant et non exempt de sous-entendus»Lien externe.
Ces trois années de procédures judiciaires ont été «très pénibles», nous a confié le nouvel ambassadeur aux États-Unis. «Mais j’ai été bien soutenu par mon département, car il savait parfaitement ce que j’avais fait et il savait que j’avais agi en suivant les instructions.»
Libre-échange et bons offices
«C’est un long processus, mais qui s’annonce fascinant.»
«Négocier un accord de libre-échangeLien externe sera certainement en tête des priorités des deux pays dans le cadre de leurs relations bilatérales, informe Jacques Pitteloud. Je suis très confiant, car les deux parties sont très intéressées à élaborer le meilleur accord possible à la fois pour la Suisse et les États-Unis. Maintenant, ce sera très technique, très compliqué. C’est un long processus, mais qui s’annonce fascinant.»
Les États-Unis représentent le deuxième plus important partenaire commercial de la Suisse après l’Allemagne, mais il n’existe toujours aucun accord de libre-échange entre Berne et Washington. Une ébauche proposée en 2006 n’a finalement pas abouti, principalement en raison de l’opposition des agriculteurs suisses.
Au niveau de sa politique extérieure, la Suisse a un mandat de puissance protectriceLien externe depuis 1980 pour représenter les intérêts américains en Iran et elle a récemment signé un accord pour représenter les intérêts des États-Unis au VenezuelaLien externe. Jacques Pitteloud considère que la Suisse peut, dans le cadre de ces deux mandats, «continuer à jouer le rôle d’honnête intermédiaire, tenter de faire passer des messages et peut-être transmettre des messages qui ne peuvent pas transiter par les canaux officiels».
Est-ce que son expérience dans le Service de renseignement pourrait lui être utile? «Je ne suis pas ici en tant que représentant d’un service de renseignement, cela appartient définitivement au passé, répond Jacques Pitteloud. Toutefois, mon expérience pourrait aider.»
Traduction de l’anglais: Marie Vuilleumier
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