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Pour une suspension de l’aide au Sri Lanka

Colombo, une capitale sous haute surveillance. Keystone

Les Tamouls de Suisse demandent que l'aide internationale au Sri Lanka soit coupée. Après la récente rupture du cessez-le feu sur l'île de l'océan Indien, ils craignent que cet argent ne serve à financer la guerre

La Suisse, qui a joué par le passé un rôle important entre les parties conflits, a investi 10 millions de francs en 2007 dans des projets de développement au Sri Lanka.

Survenue mercredi, la rupture officielle de la trêve de six ans entre les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) et le gouvernement sri lankais fait craindre le pire au Forum Tamouls Suisse.

L’association a peur que la population civile soit livrée à l’armée sri-lankaise une fois que les observateurs internationaux se seront retirés. Le fait que Colombo ait dénoncé le cessez-le-feu indique «que le gouvernement projette une guerre voire même un génocide», écrit le Forum dans un communiqué.

Colombo a de son côté déclaré vouloir «anéantir» les LTTE. L’armée sri-lankaise a déjà lancé une offensive dans les territoires tamouls à l’Est et au Nord de l’île. Samedi, elle a indiqué avoir tué 38 séparatistes tamouls lors de nouveaux combats.

Les Tigres tamouls s’en prennent aussi à la population civile sri-lankaise. Mercredi, ils se sont par exemple rendus responsables d’un attentat qui a fait 27 morts.

Helvetas pas d’accord

Le Sri Lanka, qui compte quelque 20 millions d’habitants, est «complètement» dépendant de l’aide internationale, souligne le Forum Tamouls Suisse. C’est pourquoi il serait facile, selon l’association, de faire pression sur le gouvernement en supprimant l’aide internationale.

L’Union européenne (UE) et les Etats-Unis ont déjà menacé de couper leur aide. Le Japon est quant à lui sur la retenue. Aucune réaction ne s’est fait entendre du côté de la Chine.

En Suisse, la question fait débat. L’organisation d’aide au développement suisse Helvetas, qui est présente au Sri Lanka depuis 1978, se prononce quant à elle contre une suspension des fonds internationaux.

«Si l’aide humanitaire est coupée, ce sont ceux qui souffrent déjà le plus qui en pâtiront, et non les dirigeants des parties prenantes du conflit», explique le porte-parole d’Helvetas Andreas Friolet. Selon lui, l’argent doit servir à renforcer la société civile pour qu’elle puisse obtenir un solution politique.

La Suisse reste engagée

La Confédération est elle aussi engagée au Sri Lanka. En 2007, la Suisse a investi 10 millions de francs dans des projets de développement. Ni le gouvernement sri-lankais ni les autorités des territoires occupés par les Tigres n’ont bénéficié de cet argent.

Quant à Anton Ponrajah du «Center for just Peace and Democracy», dont le siège est en Suisse, il estime nécessaire de coordonner la suspension de l’aide internationale. Le Japon, l’UE, la Chine et les Etats-Unis sont les plus importants donateurs pour le Sri Lanka, indique-t-il.

«Cela ne sert à rien qu’un donateur se retire si d’autres viennent prendre sa place», argumente-t-il. Colombo aurait augmenté son budget militaire de 45% pour 2008, affirme Anton Ponrajah.

Médiation indispensable

Le Forum Tamouls Suisse critique également le silence de la communauté internationale, dont la Suisse, face au conflit. Au début de la trêve en 2002, la communauté internationale s’est fortement engagée. «Mais avec le temps, l’intérêt s’est affaibli», regrette Anton Ponrajah.

Il estime que le conflit ne pourra être résolu sans une intervention étrangère, les parties prenantes n’ayant «pas la force de trouver une solution d’elles-mêmes».

swissinfo et les agences

Le gouvernement du Sri Lanka, dominé par la majorité cinghalaise bouddhiste, et les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), hindouistes, sont en conflit depuis les années 1970.

Un fragile cessez-le-feu avait péniblement été scellé en février 2002, sous l’égide de la Norvège. Berne a soutenu activement ce processus de paix.

Mais en réalité, le cessez-le-feu a volé en éclats depuis l’élection, fin 2005, du président Mahinda Rajapakse, un nationaliste partisan de la manière forte contre ceux qu’il qualifie de «terroristes».

De leur côté, les Tigres demandent toujours la création d’un Etat séparé pour la minorité tamoule. Le gouvernement refuse la partition du pays, mais se dit prêt à offrir l’autonomie aux Tamouls.

Ce conflit a fait entre 60’000 et 70’000 victimes.

Plus de 35’000 Sri Lankais, majoritairement tamouls, vivent en Suisse.

La guerre civile qui déchire l’île se traduit par une forte hausse des demandeurs d’asile sri-lankais en Suisse.

Jusqu’à fin novembre 2007, 570 ressortissants de ce pays ont déposé une demande, contre 328 pour l’ensemble de 2006.

L’Office fédéral des migrations (ODM) constate que le nombre des requérants d’asile sri-lankais augmente régulièrement depuis près de deux ans.

La plupart d’entre eux sont des tamouls originaires du nord ou de l’est de l’île.

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