L’initiative «Monnaie pleine» ne fait pas le plein
C’est mal parti pour la campagne en faveur de l’initiative «Monnaie pleine», qui sera votée le 10 juin. Cette proposition de réforme radicale du système monétaire suisse se heurte pour l’instant à une majorité de refus, selon le premier sondage gfs.bern/SSR. La nouvelle Loi sur les jeux d’argent, par contre, convainc une majorité d’électeurs.
L’initiative dite «Pour une monnaie à l’abri des crises: émission monétaire uniquement par la Banque nationale! (Monnaie pleineLien externe)» ne semble pas en mesure de convaincre l’électorat. A environ un mois et demi du scrutin, le premier sondage menée pat l’Institut gfs.bern pour le compte de la radio-télévision publique SSR donne un avantage de 14 points à ses opposants sur ses partisans. Seuls 35% des personnes interrogées comptent glisser un oui dans l’urne le 10 juin, contre 49% qui voteraient non. Le 16% restant est encore indécis.
Premier sondage sur les votations fédérales du 10 juin 2018, réalisé par l’Institut de recherches gfs.bernLien externe pour le compte de la SSRLien externe. Un échantillon représentatif de 1200 citoyennes et citoyens a été interrogé entre le 16 et le 26 avril. La marge d’erreur est de +/- 2,9%.
En théorie, les jeux en sont pas encore faits, puisque le degré de formation des opinions de l’électorat est encore plutôt bas. La proportion de ceux qui sont déjà absolument sûrs de leur choix n’est que de 53%. En d’autres termes, il y a encore une marge d’incertitude de 47%, qui pourrait théoriquement renverser la majorité.
Mais dans la pratique, il semble quasiment impossible pour les partisans de l’initiative de rattraper leur retard. Habituellement en effet, le soutien aux initiatives populaires diminue alors qu’approche la date du vote, tandis que l’opposition augmente.
Lancée par un groupe d’économistes, spécialistes de la finance et entrepreneurs et combattue par tous les partis politiques, l’initiative demande que la Banque nationale soit seule à pouvoir émettre de la monnaie, qu’elle soit physique ou scripturale. Pour l’instant, elle ne convainc l’électorat d’aucune formation politique, ni celui des sans parti ou celui qui dit ne pas avoir confiance dans le gouvernement.
Au niveau des régions linguistiques, le refus prévaut en Suisse alémanique, avec 33% de oui contre 54% de non et 13% d’indécis. En Suisse latine, par contre, l’initiative a plus de sympathisants que d’opposants: 42% de oui contre 27% de non (et 31% d’indécis) en Romandie, et 45% de oui, 36% de non et 19% d’indécis en Suisse italienne.
Casinos: les jeux ne sont pas encore faits
S’agissant de la nouvelle Loi sur les jeux d’argentLien externe, par contre, la partie s’annonce plus ouverte. Elaborée au Parlement et combattue par un référendum soutenu par pratiquement toutes les sections jeunes des partis représentés aux Chambres fédérales, la nouvelle législation serait approuvée par 52% des personnes sondées et refusée par 39%, tandis que 9% ne savent pas encore ce qu’elles vont voter.
Mais même avec cette majorité et cette avance confortable de 13 points, les partisans de la Loi ne peuvent pas encore crier victoire. Selon les chercheurs de gfs.bern, les promoteurs du référendum disposent d’une certaine marge pour inverser la tendance. Tout se jouera dans la campagne précédant la votation.
Bien qu’ils soient en tête dans toutes les régions du pays, les partisans de la nouvelle Loi sont nettement moins nombreux en Suisse alémanique (49%) qu’en Suisse romande (63%) et en Suisse italienne (62%). Les Alémaniques sont plus sceptiques face à cette réglementation qui permettrait aux seuls casinos suisses de proposer des jeux d’argent en ligne et qui bloquerait toutes les offres sur le web ne disposant pas d’une concession octroyée par la Confédération.
La controverse sur ce blocage de sites internet est moins sensible chez les Latins. Les chercheurs de gfs.bern observent néanmoins que cet argument sur la «censure d’internet» ne suffira pas à lui seul à faire gagner les opposants à la Loi. Ils devront s’appuyer également sur d’autre critiques, comme celle qui voudrait que l’on cherche à imposer une sorte de protectionnisme en faveur des intérêts des casinos suisses.
Ce dernier argument pourrait faire mouche avant tout dans les cercles libéraux. Le sondage révèle également un potentiel de refus chez les sans partis et ceux qui ne font pas confiance au gouvernement. Sans surprise, il y a aussi une plus grande opposition chez les jeunes, soit chez ceux d’où est parti le référendum.
(Traduction de l’italien: Marc-André Miserez)
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