Ce que financent les États-Unis à l’OMS
Les États-Unis ont temporairement suspendu leur financement à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), basée à Genève, mettant en cause sa gestion de la pandémie du SRAS-Cov-2 et l’influence prise par Pékin dans cette crise sanitaire. Voici un aperçu de ses contributions les plus récentes à l'agence sanitaire des Nations Unies.
Le 14 avril, le président Donald Trump a annoncé le gel des contributions des États-Unis à l’OMS, le temps d’évaluer la réponse de l’organisation à la pandémie. Cet examen devrait prendre 60 à 90 jours, a-t-il déclaré. Les réactions n’ont pas tardé, le président des Etats-Unis se mettant la communauté internationale à dos, de Paris à Berlin en passant par Moscou et, bien entendu, Pékin, relève l’agence de presse AFP. Pour Brett Schaefer, du think tank conservateur américain Heritage Foundation, le tollé mondial «nuit au message américain» au moment où, pourtant, de plus en plus de pays commençaient à s’agacer ouvertement de l’attitude de Pékin.
Or, explique Brett Schaefer à l’AFP, l’annonce tonitruante de Donald Trump «détourne l’attention de cette question et place le projecteur sur la question du financement américain», avec un effet de loupe d’autant plus déformant que Washington a, en fait, déjà versé l’essentiel de sa contribution annuelle à l’OMS et que l’impact effectif sera donc «peu significatif».
S’il devenait permanent, l’arrêt de ce financement laisserait un énorme trou dans les finances de l’OMS. Les États-Unis sont le plus grand donateur de l’agenceLien externe de santé des Nations unies, contribuant à hauteur de 15% environ de son budget de 5,6 milliards de dollars (5,4 milliards de francs suisses) pour les années 2018-2019.
Polio, tuberculose et autres maladies
L’OMS est financée par un mélange de contributions obligatoires – les pays paient des cotisations pour être membre de l’OMS – et de financements volontaires, soit environ 80% du budget total. Un peu plus d’un quart des contributions des États-Unis pour 2018-2019, soit 237 millions de dollars, font partie du financement obligatoire. Le montant qu’un État membre doit payer est calculé sur une échelle mobile en fonction de la richesse et de la population du pays.
Pour 2018-2019, les États-Unis ont également versé 656 millions de dollars de financement volontaire, destinés à des programmes ou à des pays spécifiques.
Ces dernières années, les contributions obligatoires de Washington à l’agence de santé ont diminué et les contributions volontaires provenant de diverses sources, publiques et privées, ont représenté plus des trois quarts du financement de l’OMS.
Voici un aperçu des dix principaux donateurs de l’OMS pour les années 2018-2019.
Les programmes d’éradication de la poliomyélite de l’OMS ont reçu la plus grande part des fonds américains affectés pour 2018-2019 (158 millions de dollars, soit près de 30% de l’ensemble de son financement volontaire pendant cette période).
Les activités liées à la lutte contre la poliomyélite au Nigeria, au Pakistan, en Somalie, en République démocratique du Congo, en Afghanistan, au Soudan du Sud, au Kenya et en Éthiopie ont reçu la part du lion.
Au cours de cette période, les États-Unis ont consacré 100 millions de dollars aux activités de l’OMS pour les programmesLien externe de santé communautaire, les soins de santé primaires, les services d’ambulance et les hôpitaux et autres établissements de soins, principalement en Irak, au Yémen, au Soudan, en Syrie et en Afghanistan.
Ils ont également accordé 44 millions de dollars aux opérations de l’OMSLien externe en matière de vaccins et de maladies évitables dans le monde. Cela en aidant les pays à mettre en œuvre des plans de vaccination pour éliminer et contrôler des maladies telles que la rougeole, la rubéole et l’hépatite B. 33 millions de dollars supplémentaires ont été consacrés à la lutte contre la tuberculoseLien externe.
Les contributionsLien externe de la Suisse
Pour 2018-2019, la Suisse a versé à l’organisation 38,8 millions de dollars, soit 10,9 millions de dollars de contributions obligatoires et 27,9 millions de dollars de contributions volontaires. Sur ce montant, 4,4 millions de dollars ont été consacrés à la recherche sur les maladies tropicales, 3,1 millions de dollars à la recherche sur la reproduction humaine et 2,2 millions de dollars aux politiques et stratégies nationales de santé.
«Nous attendons le retour de l’OMS sur les conséquences de la décision de suspension des contributions des États-Unis. Dans le cadre des organes de gouvernance, la Suisse échange étroitement avec différents États. Le financement durable de l’organisation est, entre autres, discuté», précise le ministère suisse des affaires étrangères (DFAE).
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Adaptation de l’anglais par Frédéric Burnand
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