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Un nouveau pas vers l’abandon du nucléaire

Tout comme les autres centrales nucléaires suisses, Beznau fermera ses portes d'ici 2034. Keystone

La sortie de la Suisse du nucléaire à long terme n’est pas remise en cause. Du moins pas fondamentalement ni maintenant. Après la Chambre basse, la Chambre haute en a elle aussi approuvé mercredi le principe. En revanche, le flou demeure quant à la transition énergétique.

Dans trois semaines, la Suisse élit un nouveau parlement. Cela a eu pour conséquence que le débat sur le nucléaire a duré plusieurs heures et qu’il a été marqué par l’affrontement entre partis. Ce n’est pas habituel dans une Chambre où, normalement, les thèmes, même importants, complexes et disputés, sont traités de manière rapide et factuelle.

«Nous sommes tous soumis à une névrose préélectorale», a d’ailleurs remarqué le sénateur démocrate-chrétien (PDC / centre droit) Filippo Lombardi.

La sortie du nucléaire est une question d’une extrême importance. Les sénateurs ont certes débattu d’une motion allant dans ce sens. Mais la route est encore longue et tortueuse.

Une dilution encore possible

 «Ce que nous avons accepté ne sera pas la dernière version sur laquelle nous nous entretiendrons», a d’ailleurs averti le sénateur démocrate du centre (UDC / droite conservatrice) This Jenny, se référant aux débats parlementaires à venir.

Pour l’heure, il est clair qu’il n’existe pas de consensus politique disant qu’aucune centrale ne devra jamais plus être construite et que les centrales existantes devront être supprimées du réseau une fois que leur autorisation d’exploiter sera arrivée à échéance.

La prochaine étape interviendra lorsque le gouvernement présentera son projet de modification de la loi sur l’énergie nucléaire. Il reviendra alors au Parlement se confirmer cette sortie du nucléaire et de la concrétiser. En théorie, la décision politique d’aujourd’hui pourrait donc être remise en cause ou, tout du moins, diluée.

Un arrière-fond de marchandage

Depuis des décennies, le monde politique est divisé sur la question du nucléaire. Et les débats à la Chambre haute n’ont fait que le confirmer.

Avant ces débats, la droite conservatrice et la droite libérale souhaitent majoritairement conserver la technologie nucléaire. La gauche et les Verts militent pour leur part depuis toujours pour un abandon. Entre les deux, le Parti démocrate-chrétien était partagé.

Ces dernières semaines, la question centrale, objet de tous les marchandages pour parvenir à une solution susceptible de rallier une majorité, était de savoir si une interdiction d’autorisation s’appliquerait aux réacteurs de la génération actuelle ou à l’ensemble de la technologie nucléaire.

A la dernière minute, la commission préparatoire a décidé que toutes les technologies seraient concernées par la sortie du nucléaire. Mais elle a en même temps ajouté un paragraphe autorisant la poursuite de la recherche nucléaire, ce qui, de fait, exclut une interdiction totale de cette technologie. C’est grâce à ce compromis que les instances dirigeantes du PDC ont réussi à convaincre leurs sénateurs à approuver la sortie du nucléaire adoptée mercredi.

Une voie «ambitieuse et difficile»

Qu’il devienne effectif ou non, le projet d’abandon du nucléaire pose de toute façon la question de l’avenir énergétique de la Suisse. Et pour l’heure, les débats au Parlement ne permettent pas d’entrevoir des solutions concrètes.

Devant les sénateurs, Doris Leuthard a reconnu que la voie menant à ce tournant énergétique était «ambitieuse et difficile». Mais la ministre de l’Energie a également souligné que ce changement représente une chance pour le pays et son économie.

«Toutes les formes d’énergie ne sont pas encore concurrentielles, a-t-elle poursuivi. Mais ceci va changer. L’énergie nucléaire n’est pas un modèle d’avenir, même de l’avis des autorités énergétiques internationales.»

Le dossier retourne maintenant à la Chambre basse.

Après la Chambre du peuple, la Chambre des cantons a décidé, par 30 voix contre 8, de ne plus accorder d’autorisations pour la construction de nouvelles centrales nucléaires.

Les sénateurs se sont en revanche exprimés contre une «interdiction de la technologie nucléaire», dans le but de ne pas empêcher la recherche dans ce secteur. Le dossier retourne à la Chambre du peuple.

Sur la base de la décision du parlement, les centrales atomiques existantes seront désactivées quand elle auront atteint un cycle de vie de 50 ans et ne seront pas remplacées. La dernière installation devrait ainsi fermer ses portes en 2034.

En Suisse, près de 40% de l’électricité produite est d’origine nucléaire. Elle provient des cinq centrales atomiques de Beznau I et II, Mühleberg, Gösgen et Leibstadt, qui produisent annuellement 26 milliards de kilowattheures (kWh).

(Traduction de l’allemand: Olivier Pauchard)

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