Pro et anti-nucléaires sont au coude à coude
Il n’est pas possible de prédire avec certitude le sort de l’initiative «Sortir du nucléaire», qui sera soumise au peuple le 27 novembre. Partisans et adversaires de ce texte qui demande un arrêt rapide des centrales nucléaires sont au coude à coude. Pour les sondeurs toutefois, un rejet reste «l’hypothèse la plus probable».
Ce 2e sondage réalisé par l’institut gfs.bern pour le compte de la Société suisse de radio-télédiffusion (SSR) indique que 48% des personnes interrogées sont favorables à l’initiative. La part des adversaires (46%) est à peine inférieure. Quant aux indécis, ils représentent encore 6% des sondés.
Mais si les forces en présence sont pratiquement les mêmes, la tendance générale montre que ce sont plutôt les adversaires du texte qui ont le vent en poupe. Ces derniers ont en effet progressé de 10 points depuis le premier sondage, publié vers la fin octobre. Dans le même temps, les partisans de l’initiative en ont perdu 9.
Les sondeurs soulignent qu’il s’agit d’une évolution tout à fait normale: la quasi-totalité des initiatives perdent du terrain au fur et à mesure que la campagne avance et finissent généralement par être refusées le jour du vote.
Une réaction de principe
Rappelons que cette initiative lancée par les Verts demande que les centrales nucléaires soient débranchées au maximum 45 ans après leur entrée en service. Concrètement, le dernier des cinq réacteurs nucléaires suisses serait débranché en 2029. Le principe de la sortie du nucléaire tel que proposé par le gouvernement et accepté par le Parlement prévoit pour sa part une mise hors service au plus tôt à l’horizon 2050.
Le sondage
Ce sondage a été réalisé par l’institut gfs.bernLien externe pour le compte de la Société suisse de radio et télédiffusion (SSRLien externe), dont swissinfo.ch fait partie.
Les sondeurs ont interrogé par téléphone un panel représentatif de 1400 personnes entre le 2 et le 9 novembre. La marge d’erreur est de +/- 2,7 points.
Pour des raisons liées à la protection des données, les enquêteurs n’ont pas accès aux coordonnées des Suisses établis à l’étranger.
L’opposition à l’initiative est forte dans les milieux de droite, en Suisse alémanique, dans les zones rurales et parmi les couches de la population n’ayant pas fait d’études supérieures. La sympathie que l’initiative suscite dans une Suisse urbaine, latine, bien formée et proche de la gauche pourrait donc être trompeuse. Le patron de l’institut gfs.bern Claude Longchamp invite donc les journalistes «à sortir de chez eux et à aller prendre le pouls du pays».
L’argument qui fait le plus mouche parmi les opposants est celui qui consiste à dire que l’arrêt prématuré des réacteurs obligerait la Suisse à acheter davantage de courant électrique à l’étranger, dont l’origine ne sera pas forcément «propre». Mais dans ce dossier émotionnel, l’argumentation n’est parfois même plus nécessaire. «Beaucoup de personnes refusent tout simplement l’initiative par principe, parce qu’elle provient des rangs écologistes», note Claude Longchamp.
Rester prudent
Malgré la tendance vers un refus, les sondeurs ne veulent pas livrer un pronostic définitif. «Deux choses ne sont pas habituelles. D’une part, les sympathisants du Parti démocrate-chrétien restent majoritairement favorables à cette initiative de gauche, malgré l’avis de la direction du Parti. D’autre part, le soutien au texte demeure important dans les minorités linguistiques. Compte tenu de ces deux facteurs, il convient de rester très prudent quant au résultat final», avertit Claude Longchamp.
Le politologue reste néanmoins d’avis qu’un camp du non qui continue de se renforcer pour finalement l’emporter le jour du scrutin reste le scénario «le plus réaliste».
Egalement diffusé mercredi, un sondage effectué auprès de 15’000 personnes par l’éditeur privé TamediaLien externe donne une avance bien plus importante pour les partisans de l’initiative. Il indique que 57% des sondés acceptent le texte alors que seulement 42% le rejettent. S’exprimant devant la presse, Claude Longchamp a indiqué qu’il ne lui appartenait pas de commenter un sondage concurrent.
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