Les Suisses s’apprêtent à refuser un nouveau frein à l’immigration
Une majorité claire des citoyens helvétiques a l’intention de refuser l’initiative dite pour une immigration modérée et d’accepter l’instauration d’un congé paternité ainsi que l’achat de nouveaux avions de combat, révèle le second sondage en vue de la votation populaire du 27 septembre. Le sort de la loi sur la chasse et des déductions fiscales pour les enfants est plus incertain.
Les fronts se durcissent à une dizaine de jours du scrutin populaire du 27 septembre. L’initiative de l’Union démocratique du centre (UDC, droite conservatrice) pour une immigration modéréeLien externe ne semble pas parvenir à convaincre les citoyens. 63% ont l’intention de glisser un «non» dans les urnes, indique la seconde enquête Trend de l’Institut gfs.bernLien externe. Les deux camps se sont consolidés durant la campagne et seuls les électeurs de l’UDC soutiennent l’initiative.
L’enquête révèle une grande disparité entre les régions linguistiques: la Suisse romande a l’intention de voter «non» à 71% à l’initiative de limitation, la Suisse alémanique à 61%, alors que la Suisse italienne est partagée. «Nous voici donc face à une barrière non pas de rösti mais de polenta quant aux intentions de vote sur l’initiative de limitation, car un ‘si’ de la Suisse italophone relève tout à fait du possible», affirme gfs.bern.
Le scénario surprise de la votation du 9 février 2014, lors de laquelle les Suisses avaient accepté à une infime minorité l’initiative de l’UDC dite «contre l’immigration de masse», ne devrait donc a priori pas se répéter dans moins de deux semaines dans les urnes.
Soutien au principe de congé paternité
L’introduction de deux semaines de congé paternitéLien externe convainc 61% des personnes interrogées. La proportion d’intentions favorables et défavorables est restée très stable durant la campagne. Les électeurs de tous les grands partis soutiennent le projet, sauf ceux de l’UDC.
Toutes les régions linguistiques sont favorables au congé paternité, mais des différences s’observent: la Suisse romande le soutient à 77%, la Suisse alémanique à 58% et la Suisse italienne à 57%. Au Tessin, le camp du «non» s’est renforcé depuis le lancement de la campagne alors que les fronts sont restés stables dans les deux autres régions linguistiques. Le soutien au congé paternité est également plus marqué chez les jeunes.
Peu de tensions autour des avions de combat
Le refus populaire de 2014 sur l’achat de Gripen ne semble pas se répéter. 56% des citoyens interrogés envisagent de voter «oui» à l’acquisition de nouveaux avions de combatLien externe. Les électeurs des partis de gauche s’opposent alors que ceux des partis de droite sont favorables. Seul l’électorat des Verts libéraux semble très divisé sur cette question.
Là aussi, des différences notables entre les régions linguistiques s’observent: si le Tessin et la Suisse alémanique disent clairement «oui», la Romandie penche légèrement du côté du «non». Les hommes ont plus nettement tendance à soutenir cet achat d’avion de combat que les femmes.
Cette seconde enquête est un instantané des intentions de vote. La comparaison des résultats avec la précédente enquête permet de dégager des tendances. Le sondage a été effectué par l’Institut de recherche gfs.bern, pour le compte de la Société suisse de radiodiffusion (SSR) dont fait partie swissinfo.ch. Il a été réalisé entre le 2 et le 10 septembre auprès de 17’909 titulaires du droit de vote. La marge d’erreur statistique est de +/- 2,7 pour cent.
Vers une scission ville-campagne sur la question de la chasse
L’issue du scrutin sur la révision de la loi sur la chasseLien externe est incertaine. 46% des individus interrogés affirment vouloir voter «oui» et 48% «non», alors que 6% se disent encore indécis. Le camp des opposants s’est toutefois renforcé durant la campagne et a gagné 12 points de pourcentage. «Il faut s’attendre à une certaine dynamique jusqu’à la fin», note gfs.bern.
Les électeurs de gauche et des Verts libéraux sont nettement contre, alors que les électeurs de droite sont pour. Les femmes et les jeunes ont davantage l’intention de voter «non». Le refus est particulièrement marqué dans les grandes agglomérations, alors que le «oui» domine dans les campagnes.
Les déductions fiscales en recul
Finalement, l’augmentation des déductions fiscalesLien externe pour les enfants a perdu des plumes lors de la campagne. Si le «oui» l’emportait il y a un peu plus d’un mois, c’est maintenant le «non» qui a pris le dessus à 52%.
Les électeurs des partis de gauche et de l’UDC se disent clairement opposés au projet. Une tendance au «oui» se dessine dans les cantons latins, alors que la Suisse alémanique s’oppose à ces nouvelles déductions. «La décision doit être classée comme ouverte même s’il existe actuellement des avantages considérables pour le camp des opposants», conclut gfs.bern.
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