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L’huile de palme indonésienne irrite les environnementalistes suisses

Plantation de palme.
Keystone / Rony Muharrman

L’accord de libre-échange entre la Suisse et l’Indonésie sera soumis à l’aval du peuple suisse lors des votations fédérales du 7 mars. Entre partisans et adversaires, la controverse porte essentiellement sur l’huile de palme.

Ce sera seulement la deuxième fois en 50 ans que les citoyens suisses auront le dernier mot sur un accord de libre-échange – la première fois, c’était pour l’accord avec la Communauté européenne, en 1972. Il s’agit cette fois de commercer sans entraves avec l’Indonésie. La Suisse est ainsi l’un des premiers pays d’Europe à rechercher des relations commerciales préférentielles avec la première économie d’Asie du Sud-Est.

L’accord de libre-échange entre la Suisse et l’Indonésie vise une réduction drastique des droits de douane pour l’industrie suisse d’exportation. Il devrait permettre aux entreprises suisses de réaliser des économies de l’ordre de 25 millions de francs par an.

En contrepartie, l’Indonésie pourra écouler ses produits industriels sans taxe sur le marché suisse et se verra accorder des concessions sur certains produits agricoles – notamment l’huile de palme, dont l’Indonésie est le premier producteur mondial.

L’accord comprend une série de normes et d’exigences de durabilité visant à protéger l’environnement et les droits de l’homme.

Les opposants ont émis des critiques fondamentales sur la mondialisation, le commerce excessif, la pollution, le consumérisme ainsi que sur l’exploitation et des violations des droits de l’homme à l’encontre de la population indigène en Indonésie.

Des inquiétudes ont également été exprimées au sujet de la destruction de la forêt tropicale en Asie du Sud-Est.

Certains agriculteurs suisses craignent également que les importations d’huile de palme ne menacent la production indigène de tournesol et de colza.

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Les partisans de l’accord de libre-échange font valoir qu’il offre des avantages potentiels aux entreprises suisses en Indonésie, qui se classe parmi les seize premières économies mondiales et qui a été au centre des efforts de la coopération et de l’aide au développement suisse.

Ils soulignent également la nécessité de normes juridiques pour que la Suisse puisse conserver son avantage concurrentiel par rapport à ses concurrents, notamment l’Union européenne.

Selon les partisans de l’accord de libre-échange, celui-ci comprend des garde-fous pour garantir le respect des normes environnementales et sociales.

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Entre 2012 et 2019, la Suisse a importé environ 32’000 tonnes d’huile de palme par an en provenance de différents pays.

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Selon le ministère de l’Économie, la demande d’huile de palme en Suisse est en baisse. De leur côté, les opposants affirment que l’accord pourrait stimuler des exportations excessives.

L’accord de libre-échange a été approuvé par le Parlement en décembre 2019. Mais il n’a pas encore pu être appliqué, une alliance de gauche emmenée par le viticulteur genevois Willy Cretegny ayant obtenu le référendum en récoltant plus de 61’000 signatures.

Dans le système de démocratie directe suisse, une décision du Parlement doit être soumise à un vote populaire si les adversaires parviennent à réunir au moins 50’000 signatures de citoyens dans les 100 jours qui suivent cette décision.  

L’opposition à l’accord de libre-échange avec l’Indonésie est composée d’adversaires à la mondialisation, de milieux politiques de gauche et d’organisations non gouvernementales. On trouve notamment parmi les opposants le Parti écologiste suisse, des sections jeunes ou cantonales d’autres partis, ainsi que plusieurs associations de petits agriculteurs et de défense de l’environnement.

Les autres principaux partis politiques, les milieux économiques et le gouvernement recommandent l’approbation de l’accord, tout comme la principale organisation agricole du pays.

(Traduction de l’anglais: Olivier Pauchard)

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