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Les défenseurs de la souveraineté alimentaire mordent la poussière

C’est un net refus, et d'ailleurs plus un «nein» qu’un «non». L’initiative pour la souveraineté alimentaire n’a trouvé grâce qu’auprès des citoyens de quatre cantons romands. Au niveau national, ils sont plus de 68% à la refuser.


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Début août, les Suisses étaient encore 78% à dire vouloir accepter l’initiative du syndicat paysan UniterreLien externe et de L’autre syndicatLien externe, dite «Pour la souveraineté alimentaireLien externe», qui entendait favoriser une agriculture locale, diversifiée et durable. Un mois plus tard, ils n’étaient plus que 49% et au final, le texte est balayé par 68,4% des votants, avec une participation assez faible, de 37%.

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Elle subit donc le même sort que l’autre initiative agricole, dite «Pour des aliments équitablesLien externe», lancée par les Verts, avec même un score plus sévère. Seuls quatre cantons, tous romands l’ont acceptée: Genève, Vaud, Neuchâtel et le Jura.

Pour Johann Schneider-Ammann, ministre de l’Economie, ce non équivaut à un oui clair à la politique agricole de la Suisse. «Les citoyennes et citoyens ont maintenu leur confiance dans le Conseil fédéral et le Parlement. Le maintien d’un marché ouvert offre des opportunités au marché suisse et le maintien des paiements directs aux paysans n’est pas remis en question».

«Campagne mensongère»

Dans le camp des perdants, Pierre-André Tombez, président de l’Alliance pour la souveraineté alimentaire, estime qu’«on a assisté à une campagne mensongère orchestrée à coups de millions». Pour lui, l’initiative avait cinq ans d’avance.

Fernand Cuche, ancien secrétaire d’Uniterre, ancien député fédéral vert et membre du gouvernement neuchâtelois, a quitté sa relative retraite politique pour ce scrutin. Revenant sur le très bon démarrage des deux initiatives dans les sondages, il y voit «un élan, au niveau national, pour changer quelque chose en matière de politique agricole», comme il l’a dit sur les ondes de la RTS.

Pesticides, engrais de synthèse, densification, productivisme: on cherche depuis le début des années 90 à sortir de cette impasse avec une agriculture durable, poursuit Fernand Cuche. Il demande maintenant aux opposants la manière dont ils vont s’y prendre pour revaloriser l’acte de produire, c’est-à-dire mieux payer les paysans – à moitié entrepreneurs et à moitié partenaires de la Confédération.

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«L’agriculture ne produit pas que des produits alimentaires», rappelle de son côté Jacques Bourgeois, directeur de l’Union suisse des paysans (USP – qui avait laissée la liberté de vote). «Elle veille à protéger les ressources naturelles comme le bien-être des animaux. Il s’agit donc d’une question de société et l’axe de la durabilité doit être renforcé».

«Il s’agit pour cela de dégager un revenu décent de la vente de ses produits, d’où l’importance que nous ayons une meilleure valeur ajoutée et une répartition équitable de celle-ci. Je pense aussi que l’on devra se tourner vers un commerce plus équitable en Suisse», explique Jacques Bourgeois.

«Trop loin»

Les deux initiatives agricoles allaient beaucoup trop loin, estime la députée Isabelle Moret (PLR/droite), membre du comité interpartis 2x non. «A priori prometteuses, elles véhiculaient des idées fausses. Elles auraient en réalité fait beaucoup de tort au monde paysan en le plaçant littéralement sous une tutelle étatique».

Pour l’UDC (droite conservatrice) Manfred Bühler également, les deux textes allaient trop loin. «En acceptant l’année dernière l’article constitutionnel sur la sécurité alimentaire, un article déjà plus soft, plus équilibré, plus suisse, la population a montré qu’elle voulait aller dans cette direction, mais pas à pas».

UDC lui aussi, le député et agriculteur André Page estime que «la victoire, c’était l’an dernier avec l’initiative de l’USP sur la sécurité alimentaire». Le Fribourgeois ne s’est jamais battu contre l’initiative d’Uniterre, «parce que ce sont des amis», mais il a toujours été clair sur le texte des Verts: «on ne peut pas aller dans cette direction, car les produits en Suisse sont déjà d’une excellente qualité».

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Avec huit initiatives touchant l’agriculture qui sont dans le pipeline depuis 2016 (les Suisses ont déjà voté sur trois), le débat quitte l’agriculture pour se centrer sur l’alimentaire, estime Jérémie Forney, professeur à l’institut d’ethnologie de l’Université de Neuchâtel. «Ce n’est plus seulement l’affaire des paysans et de l’Etat, mais celle des consommateurs, des citoyens»

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