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Pour les experts, le délai d’indemnisation doit être prolongé

Marianne Steiner, victime d'internement administratif, a été emprisonnée un an parce qu'elle avait fugué. KEYSTONE/PETER KLAUNZER sda-ats

(Keystone-ATS) Les victimes d’internement forcé n’ont pas eu assez de temps pour déposer leur demande de réparation. La commission d’experts chargée du dossier plaide pour un prolongement du délai. Ce dernier courait jusqu’à fin mars 2018.

« J’ai été enfermée une année à la prison d’Hindelbank (BE) parce que j’avais fugué plusieurs fois », a raconté Marianne Steiner, lundi à Berne, devant les médias. Elle témoignait lors de la présentation des premiers travaux de la commission indépendante d’experts « Internement administratif » (CIE).

Victime d’internement administratif dans les années 1960-70, Marianne Steiner se souvient encore des bruits métalliques des portes de prison qui se ferment et des clés dans les serrures.

Enfermée dans une petite cellule, elle n’a presque pas eu de visites durant une année et le contenu des colis qu’elle recevait lui était presque intégralement retiré. Ce passé douloureux lui a longtemps collé à la peau et l’a même empêchée d’obtenir un emploi dans la police.

Rapport final en septembre

Les victimes d’internements administratifs avaient jusqu’au 31 mars 2018 pour déposer une demande d’indemnisation. La commission juge ce délai trop court. « Les victimes doivent trouver le courage de parler, avertir leurs proches de ce qu’elles ont vécu, mais aussi trouver des preuves de leur passé. Il s’agit d’un processus qui prend beaucoup de temps », a insisté l’historienne Anne-Françoise Praz, vice-présidente de la CIE.

En septembre, la commission rendra son rapport final. Elle adressera une recommandation au Conseil fédéral dans le but d’obtenir un délai supplémentaire. Ce problème a déjà éveillé l’attention du conseiller national Beat Jans (PS/BS). Dans une intervention parlementaire, il a demandé un prolongement jusqu’en 2022.

Ne plus stigmatiser les victimes

En 2014, le Conseil fédéral a mandaté la commission pour mener une étude scientifique sur les internements administratifs. Ces placements forcés ont eu lieu en Suisse jusqu’en 1981.

La commission d’experts a rendu publique la première partie de ses travaux. Cette année, dix publications et une exposition itinérante rendront hommage aux personnes internées de force.

Plusieurs dossiers didactiques réhabiliteront également les personnes placées de forces. Ce matériel pédagogique offre aux enseignants de l’école primaire au gymnase la possibilité de traiter la thématique de l’internement administratif avec les élèves.

La prise en compte des victimes a été centrale pour la commission lors de son étude. « Nous avons consulté régulièrement les personnes concernées. Nous ne voulions pas les stigmatiser une nouvelle fois, notamment avec l’utilisation de termes comme « fainéant » ou « fille de mauvaise vie », a expliqué Anne-Françoise Praz.

Jugés déviants

L’internement administratif désigne des mesures qui ont mené à une privation de liberté dans un établissement fermé. Les personnes emprisonnées n’avaient pas commis de délit, mais leur mode de vie ne correspondait pas aux attentes des autorités. Les travaux de la commission couvrent la période allant de 1930 à 1981.

L’internement administratif ne constitue qu’une partie du passé sombre de la Suisse. Des enfants et des adolescents ont aussi été placés dans des foyers ou ont dû travailler dans des fermes jusqu’en 1981. Beaucoup d’entre eux ont été maltraités et abusés sexuellement. Des personnes ont également été stérilisées de force pour des essais médicamenteux.

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