Prison à vie contre l’auteur de l’homicide de Cheyres (FR) en 2017
(Keystone-ATS) Le Tribunal pénal de l’arrondissement de la Broye a condamné à la prison à vie pour assassinat le prévenu de l’homicide d’une femme de 19 ans en novembre 2017 à Cheyres (FR). Il a suivi le réquisitoire du procureur général adjoint contre l’auteur âgé de 25 ans.
Le jugement, prononcé mercredi par la présidente du tribunal Sonia Bulliard Grosset, retient l’assassinat. Il comprend la préméditation et la commission d’actes sexuels sur la victime, comme en témoigne « l’envie de concrétiser » sur la base des échanges de messages antérieurs. « Le rendez-vous était un piège », a-t-elle confirmé.
La manière d’agir avec la victime apparaît particulièrement odieuse, a dit la présidente. « Vous l’avez frappée par-derrière, ligotée, trainée sur la plage, soumise à des sévices, puis laissée mourir d’hypothermie ». « Aucun scrupule, un acte de sang-froid et une absence d’égard envers la personne de la jeune femme », a-t-elle noté.
« La culpabilité est très lourde », a ajouté Sonia Bulliard Grosset, même si le mobile n’a pu être établi avec certitude. « Le jeune âge du coupable ne constitue pas une circonstance atténuante », a-t-elle précisé. « Votre comportement démontre le mépris le plus total et vous avez fait preuve de l’égoïsme le plus total. »
Ni remords ni dégoût
La présidente a déploré l’absence complète de sentiment de remords sincère envers la famille ou de dégoût. « Votre capacité pénale était complète », a-t-elle relevé, en lien avec le fait que le prévenu avait un travail, une intégration sociale, des facteurs qui se voyaient notamment au travers de sa propension « à faire la fête ».
Le procureur général adjoint Raphaël Bourquin avait requis lundi lors du procès la peine privative de liberté à vie, en dénonçant en particulier un « acte inhumain ». L’avocat de la famille avait appuyé le plaidoyer. Quant au défenseur de l’accusé, il avait demandé une peine moins sévère, en affirmant que le crime n’était pas prémédité.
Ce dernier a réagi en disant que son client fera appel pour contester les qualifications et la quotité. « La peine devrait être comprise entre 10 et 15 ans », a estimé l’avocat. Outre l’assassinat et les actes d’ordre sexuel commis sur une personne incapable de discernement, le verdict retient encore la pornographie dure.
Le procès de l’accusé, qui a avoué les faits dès son arrestation le 19 janvier 2018, s’est tenu devant un tribunal déplacé à Granges-Paccot pour cause de Covid. « Le jugement donne plus de poids aux éléments de l’enquête que les propos confus du prévenu lors des débats », a déclaré la présidente.
Relation ambiguë
L’accusé a attiré son amie d’enfance dans un guet-apens dans la nuit du 22 novembre 2017 au bord du lac de Neuchâtel. Il a insisté sur une histoire d’héritage, que la victime lui aurait dit pouvoir toucher de sa mère, qui en fait n’était pas morte. Son idée consistait à « mettre un coup de pression pour obtenir la vérité ».
Mais c’est la proposition d’un trafic de haschich qui l’a amené en fait à attirer sa victime à Cheyres. Suite à un différend, le jeune homme l’a non seulement frappée à la tête avec un maillet, mais lui a ensuite entravé poignets et jambes avec des serre-câbles. Après l’avoir laissé mourir, il avait donné le change deux mois durant.
L’accusé espérait que personne ne découvrirait sa victime, dont le corps en décomposition a été trouvé par des promeneurs le 17 janvier 2018. Il s’est décrit comme de plus en plus isolé en 2017, travaillant dans un restaurant voisin ainsi que fumant des joints et buvant du rhum et du whisky à foison.
Aux yeux de Raphaël Bourquin, c’est la relation ambiguë entre le prévenu et son amie, qui ont grandi tous deux au Lignon à Genève, qui est à l’origine du crime. « L’accusé en pinçait pour elle et a été éconduit devant le refus de ses avances. Pour elle, c’était de l’amitié », a affirmé le substitut du procureur.
Dernier train
Raphaël Bourquin a insisté sur le soin mis par le prévenu à concrétiser un plan, retrouvé dans une chambre, d’une saleté rare, qui n’indiquait pas le dernier train pour le retour. A ses yeux, perversité, égoïsme et cruauté qualifient un accusé « machiavélique » qui n’a « jamais craqué ».
L’accusé a nié avoir planifié son crime, avoir voulu déclarer sa flamme à la victime ainsi que les actes sexuels. Le procureur général adjoint a affirmé le contraire, sachant que la jeune femme a été retrouvée dans les roseaux sans pantalon, ni culotte et avec son soutien-gorge coupé net devant.
Le jeune homme est par ailleurs un fétichiste obsédé par les pieds féminins. La police a notamment recueilli sur son téléphone portable près de 700 images pédopornographiques mettant notamment en scène des fillettes.