Procès de membres de bandes rivales de motards sous haute tension
(Keystone-ATS) La première journée du procès de membres de bandes rivales de motards lundi à Berne a été marquée par des incidents à l’extérieur du tribunal entre la police et des bikers. Les accusés doivent répondre de rixe et, pour deux d’entre eux, de tentatives d’homicide,
La police cantonale bernoise avait déployé un imposant dispositif à l’extérieur du tribunal pour prévenir tout incident entre les bandes rivales. Mais la situation a dégénéré entre une centaine de membres des Hells Angels et autant des Bandidos, clans reconnaissables à leur emblème sur les blousons, venus soutenir leurs camarades.
Pour éviter une confrontation directe entre les deux groupes, les policiers bernois en tenue anti-émeute ont dû faire usage de spray au poivre, de balles en caoutchouc et de lances à eau. Des chiens ont également été engagés pour tenir à distance les motards qui lançaient des pierres et des bouteilles.
Pour des raisons de sécurité, plusieurs rues jouxtant le bâtiment du tribunal régional Berne-Mittelland ont été fermées durant plusieurs heures. La circulation des transports publics a été passablement perturbée. La police n’avait pas connaissance de blessés. Il n’y a pas non plus eu d’interpellations.
Procès hors normes
Pendant ce temps, dans la salle d’audience, c’est un procès hors du commun qui s’est ouvert. Au total, 22 prévenus issus des deux clans doivent répondre de rixe et, pour deux d’entre eux, de tentatives d’homicide, éventuellement de lésions corporelles graves.
Dans la salle d’audience, les accusés du clan des Bandidos étaient assis d’un côté de la salle et ceux des Hells Angels et des Broncos de l’autre.
Tous les accusés auraient participé à une guerre des gangs en mai 2019 à Belp, dans le canton de Berne. Plusieurs personnes avaient été blessées lors de cet affrontement opposant des membres des Bandidos à ceux des Hells Angels qui avaient reçu pour l’occasion le soutien des Broncos. La police avait saisi plusieurs armes.
Suprématie régionale
Selon le Ministère public du canton de Berne, la rixe entre bikers a éclaté après que le club des Bandidos, qui n’était pas représenté officiellement en Suisse à l’époque, avait voulu ouvrir un local à Belp, un projet qui a fortement déplu aux Hells Angels.
Pour eux, l’ouverture d’un club par un autre groupe constituait une provocation. Selon le Ministère public, des membres des Hells Angels et des Broncos auraient décidé de mener une action d’intimidation et de perturber une réunion des Bandidos à Belp. Mais ceux-ci ont eu vent de cette descente et ont préparé leur riposte.
Mutisme lors des interrogatoires
Lors de son audition, l’un des deux accusés qui doit répondre de tentative de meurtre s’est contenté de déclarer qu’il ne confirmera ni ne démentira ce qu’il a affirmé lors de l’instruction. Le prévenu aurait été le responsable de la sécurité des Bandidos lors des événements de mai 2019 à Belp.
L’autre prévenu également poursuivi pour tentative d’homicide, éventuellement de lésions corporelles graves conteste avoir participé à cette rixe. Pour le reste, il n’a pas souhaité s’exprimer sur les incidents survenus il y a trois ans.
Si les deux prévenus ont donné volontairement et de façon polie des informations sur leur situation personnelle, ils n’ont en revanche guère été loquace sur les événements qui leur sont reprochés. Pour l’un des avocats, les prévenus obéissent à un code de conduite qui leur interdit de parler en public d’affaires internes au groupe ou de citer des noms.
Le Tribunal régional Berne-Mittelland rendra son verdict le 30 juin.