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Putsch manqué: prison à vie requise pour des journalistes

Le putsch manqué contre le président turc Recep Tayyip Erdogan (photo) a mené plus de 50'000 personnes en prison (archives) KEYSTONE/AP Presidency Press Service POOL sda-ats

(Keystone-ATS) Un procureur turc a réclamé lundi des peines de prison à vie pour trois journalistes, a rapporté l’agence étatique Anadolu. Ils sont jugés en lien avec le putsch manqué de juillet 2016.

Les frères Ahmet et Mehmet Altan, ainsi que la chroniqueuse Nazli Ilicak, sont notamment accusés d’avoir « tenté de renverser le gouvernement », « tenté de renverser l’ordre constitutionnel », et d’avoir « commis un crime au nom d’une organisation terroriste sans en être membre », précise Anadolu.

Le procureur a requis trois fois la prison à vie pour chacun d’entre eux lundi au cours d’une audience de leur procès, qui s’est ouvert en juin à Istanbul. Le tribunal a ordonné en fin de journée le maintien en détention des accusés malgré la demande de libération émise par leurs avocats, et a ajourné le procès au 12 février, selon l’agence privée Dogan.

En détention depuis 2016

Mme Ilicak, journaliste-écrivain de 73 ans qui a travaillé jusqu’en 2013 pour le grand quotidien pro-gouvernemental Sabah, avait été la première personnalité des médias de premier plan arrêtée après le coup d’État manqué. Elle est en détention depuis fin juillet 2016.

« Je considère FETO (l’acronyme utilisé par Ankara pour désigner l’organisation guléniste) comme une organisation terroriste. Je ne le savais pas avant le 15 juillet », a affirmé Mme Ilicak à la cour lundi, selon des propos rapportés par Dogan. « Je ne suis pas membre de FETO », a-t-elle ajouté.

Ahmet Altan, 67 ans, est un romancier et journaliste qui a travaillé pour les grands quotidiens Hürriyet et Milliyet, et a fondé le journal d’opposition Taraf. Son frère, Mehmet Altan, 64 ans, est un écrivain qui a rédigé plusieurs ouvrages sur la politique. Tous deux ont été arrêtés en septembre 2016.

Chape de plomb aussi sur Zaman

Les trois journalistes sont notamment accusés d’avoir fait l’apologie de la tentative de coup d’Etat à venir lors d’une émission diffusée la veille du coup de force sur une chaîne de télévision locale pro-Gülen, Can Erzincan.

Dans la même affaire, les procureurs ont demandé des peines d’emprisonnement à perpétuité pour l’ancien directeur du marketing du quotidien Zaman, Yakup Simsek, l’instructeur de l’académie de police Sükrü Tugrul Özsengül et le graphiste de Zaman Fevzi Yazici.

Plus de 50’000 arrestations

La tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016 a été imputée par Ankara au prédicateur Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis et qui dément toute implication.

Depuis, le gouvernement a lancé des purges sans précédent, visant au-delà des partisans présumés de M. Gülen, les milieux d’opposition et les médias. Plus de 50’000 personnes ont été arrêtées et plus de 140’000 ont été limogées ou suspendues dans le cadre de ces purges.

La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement de la liberté de la presse établi par Reporters Sans Frontières (RSF).

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