Des perspectives suisses en 10 langues

Rétrospective Will Eisner au Cartoonmuseum à Bâle

Will Eisner est le créateur de "The Spirit". Le Cartoonmuseum à Bâle consacre une rétrospective à l'artiste américain, la première en Suisse (archives). KEYSTONE/EPA EFE/ALBERTO ESTEVEZ. sda-ats

(Keystone-ATS) Le Cartoonmuseum à Bâle consacre une rétrospective à Will Eisner (1917-2005). Le dessinateur américain est considéré comme un des pères fondateurs de la bande dessinée moderne et comme l' »inventeur » du roman graphique.

C’est la première fois qu’une rétrospective est consacrée à Will Eisner en Suisse et dans l’espace germanophone, a indiqué jeudi Anette Gehrig, directrice et conservatrice du Cartoonmuseum. L’exposition est visible de samedi jusqu’au 18 juin.

Will Eisner, fils de parents juifs immigrés d’Autriche et de Roumanie, est né et a grandi dans la pauvreté à Brooklyn et dans le Bronx, à New York. Il a débuté dans la bande dessinée au milieu des années 1930. En 1939, il a créé la série « The Spirit » qui détourne les codes de super-héros. « The Spirit » est un chasseur de criminels qui préserve son anonymat grâce à un masque sur ses yeux. C’est un succès. La série a été publiée jusqu’en 1952.

Graphisme et écriture « révolutionnaires »

« The Spirit » était pour Will Eisner une façon d’étudier les causes de la criminalité et des problèmes de société, explique Alexander Braun, commissaire de l’exposition. Sa façon de raconter les histoires était alors « révolutionnaire » pour la bande dessinée, aussi bien au niveau du graphisme que de l’écriture.

En 1978, il publie son premier roman graphique (« graphic novel » en anglais), une bande dessinée de 196 pages intitulée « Un contrat avec Dieu et d’autres histoires d’immeubles locatifs à New York ». Seize autres romans graphiques suivront jusqu’à sa mort en janvier 2005 après un quadruple pontage du coeur.

« Le Complot »

Le dernier roman graphique de Will Eisner est « Le Complot – L’histoire secrète des Protocoles des Sages de Sion ». Préfacé par Umberto Eco dans l’édition française, il raconte l’histoire de ce faux document présenté comme authentique qui a ressurgi tout au long du 20e siècle à chaque poussée d’antisémitisme.

Beaucoup d’albums de Will Eisner sont autobiographiques. Ils racontent son enfance et son adolescence dans le Bronx ou ses souvenirs de guerre.

Depuis 1988, les « Oscars » de l’industrie de la bande dessinée aux Etats-Unis portent le nom de « Will Eisner Comic Industry Awards ». Bien que n’étant pas pratiquant, l’artiste s’est engagé toute sa vie contre l’antisémitisme. En 2002, il a reçu le « Lifetime Achievement Award » de la National Foundation for Jewish Culture.

Dessins, livres et photographies

La rétrospective au Cartoonmuseum présente une centaine de dessins originaux de Will Eisner, des livres, des photographies et d’autres documents retraçant l’ensemble de la carrière de l’artiste américain. Ils proviennent de la succession de Will Eisner, de collections privées en Europe et aux Etats-Unis et d’archives.

Pendant toute la durée de la rétrospective, le collectif d’artistes genevois Hécatombe est en résidence au Cartoonmuseum. Aude Barrio, Antoine Fischer, Yannis La Macchia, Barbara Meuli et Thomas Perrodin ont carte blanche pour transformer une salle du musée « en un bouillonnant mélange de laboratoire participatif, de spectacle et d’exposition ».

Les plus appréciés

Les plus discutés

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision