Rencontre inédite pour Charlie Hebdo face au public à Strasbourg
(Keystone-ATS) Toujours debout, capable de verve et d’autodérision, la rédaction de Charlie Hebdo a pris la parole à Strasbourg samedi, lors d’une rencontre avec le public, inédite depuis l’attentat de 2015. Sous haute sécurité, elle a réaffirmé le rôle de la presse satirique.
« Peut-on dessiner Mahomet? Au pays du bretzel, oui! »: avec ce dessin, effectué en direct, où le turban du prophète se transforme en bretzel, la dessinatrice Coco est restée fidèle aux fondamentaux de l’hebdomadaire, mis à la sauce alsacienne. Pour cette première prise de parole collective en public depuis l’attentat, une vingtaine de membres de la rédaction de Charlie Hebdo avait fait le déplacement à Strasbourg.
Tandis que les journalistes de la rédaction débattaient sur la scène de l’Opéra national du Rhin, devant des centaines de spectateurs, lecteurs fidèles ou simples curieux, les dessinateurs faisaient chauffer leurs feutres dans les coulisses et leurs dessins, projetés sur la scène, provoquaient presque à coup sûr l’hilarité de la salle.
Vivant, jeune et renouvelé
Pourtant, entre pied de nez et autodérision, de nombreux dessins faisaient référence au bain de sang du 7 janvier 2015, qui a décimé la rédaction, comme ce gros bonhomme cagoulé, bardé d’explosifs, demandant: « Vous êtes toujours Charlie à Strasbourg? ».
Pour assister à cette rencontre ultra-sécurisée, les spectateurs avaient dû se soumettre à des palpations et fouilles des sacs approfondies. De nombreux fourgons de CRS stationnaient près de l’opéra et la rédaction de « Charlie » bénéficiait d’une protection policière tout au long de son passage à Strasbourg.
Malgré ce contexte pesant, « comme vous pouvez le voir, Charlie est vivant, ce n’est quand même pas négligeable, avec une équipe jeune et renouvelée, qui a plein de projets », a dit en ouverture le directeur Riss, accueilli par des applaudissements nourris. Cabu, Charb, Honoré… A la fin des tables rondes, le modérateur a égrené les noms des 12 victimes de l’attentat du 7 janvier, avant de longs applaudissements du public, debout. La table ronde a été suivie par une séance de dédicaces des journalistes et dessinateurs.